Il aura fallu 3 000 heures de travail, 2 000 verres trempés de différents formats, 820 cartouches de mastic hybride, et 4 tonnes de sable pour mettre à nu les structures avant l’application de 300 kg de peinture. Tout cela pour restaurer la halle, les verrières et les serres centenaires du château Lanessan du domaine Bouteiller, à Cussac-Fort-Médoc, dont le parc avait été achevé en 1883.
Financé par Penfolds et sa maison-mère Treasury Wine Estate, producteur de vin australien qui avait promis d’importants investissements lors de sa prise de participation majoritaire dans le domaine en 2022 – la famille Bouteiller, propriétaire depuis 9 générations, ayant conservé une part minoritaire –, ce chantier d’ampleur de préservation du patrimoine a été confié à la Métallerie bordelaise.

La petite serre et la verrière du château Lanessan dont les verres ont été déposés. © D. R.

La verrière et le jardin d’hiver du château Lanessan après leur restauration par la Métallerie bordelaise. © D. R.
« Projet passionnant »
Située à Latresne, elle est à l’origine de la structure du Sapin Verre, œuvre artistique qui trône sur la place Pey-Berland, à Bordeaux, durant les fêtes de Noël. « Nous avons terminé cette rénovation minutieuse en fin d’année, après plusieurs mois de chantier. Un projet passionnant qui a nécessité 600 heures de démontage et 2 400 heures de réparation, préparation et remontage », précise Guillaume Percheron, cogérant de la Métallerie bordelaise, qu’il a fondée en 2021 avec Fabien Coste.
Le projet a nécessité 600 heures de démontage et 2 400 heures de réparation, préparation et remontage
Éléments d’origine
Après avoir démastiqué à la main l’ensemble des vitrages, relevé les différents formats de verres pour les numériser afin de découper les nouveaux éléments, démonté les parties mobiles et procédé aux réparations des ossatures, les artisans ont sablé l’ensemble des structures sur site.
En effet, « les portes, fenêtres et ouvrants de la serre et du jardin d’hiver ont été conservés, ainsi que les serrures d’origine, démontées puis remises en état de fonctionnement, patinées et vernies », détaille Guillaume Percheron. L’ensemble des pièces en acier, notamment les rivets datant de la construction, ont été remplacées par des éléments en inox ou aluminium.

La halle du château Lanessan avant restauration. © D. R.

La halle du château Lanessan après restauration par la Métallerie bordelaise. © D. R.
Règles de l’art
Enfin, les carreaux de verres trempés (140 vitrages sérigraphiés pour la halle métallique de 30 mètres de long ; 100 vitrages pour la petite verrière ; 1 300 volumes de verre de 149 références différentes pour la grande serre ; et 1 400 volumes de verre de 210 références pour le jardin d’hiver) ont été réinstallés sur les structures, avec du mastic hybride « permettant un allègement de charge par rapport au mastic à la craie utilisé lors de la réalisation de l’ouvrage, et une tenue durable dans le temps », poursuit-il.
« Nous sommes fiers d’avoir relevé ce beau défi en apportant notre contribution à la préservation du patrimoine local. Grâce à notre patience et à notre expertise technique, nous avons pu effectuer une remise en état dans les règles de l’art », se félicite Guillaume Percheron.

Vue de l’intérieur du jardin d’hiver avant restauration. © D. R.

Vue de l’intérieur du jardin d’hiver une fois les verres déposés à la main. © D. R.

Vue de l’intérieur du jardin d’hiver une fois restauré par les artisans de la Métallerie bordelaise. © D. R.
Visites
Les jardins du château Lanessan, notamment dédiés à la culture de plantes décoratives, où se trouvent ces ouvrages d’art, sont accessibles aux visiteurs du Musée du cheval, hébergé au sein du domaine.
Des voitures à cheval entièrement rénovées de la Belle Époque (1900) : tonneau, charrette anglaise, phaéton à l’américaine, break de chasse ou mail-coach britannique y sont exposées, ainsi qu’un lavoir et une sellerie.