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Levées de fonds 2022, une année d’exception

Les montants levés par les start-ups françaises et néo-aquitaines sont historiques en 2022, selon le baromètre In Extenso Innovation Croissance/Essec. Après l’euphorie, « l’ajustement des valorisations devrait gripper le système », selon l’expert Rodolphe Lilamand.

Levée de fonds

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L’année 2022 est celle de tous les records. « On constate une explosion des montants levés en France et en Nouvelle-Aquitaine, en particulier au premier trimestre 2022. L’Hexagone passe ainsi devant l’Allemagne et se positionne au 2e rang européen derrière le Royaume-Uni, en termes de montants et de nombre d’opérations », précise Rodolphe Lilamand, expert des levées de fonds chez In Extenso Innovation Croissance à Bordeaux. Le cabinet de conseil en innovation du groupe In Extenso, qui vient de publier son baromètre des levées de fonds pour les 3 premiers trimestres 2022 en collaboration avec l’Essec (1), comptabilise 11,5 milliards d’euros de fonds levés en France pour 665 opérations en 9 mois.

La Nouvelle-Aquitaine, qui se place au 4e rang français, enregistre 368 millions d’euros levés pour 28 opérations, dont 21 en Gironde (288 millions d’euros), avec un ticket moyen à 13,2 millions d’euros.

250 MILLIONS DE PLUS QU’EN 2021

Comme au niveau national, « cette augmentation du montant des levées de fonds en Nouvelle-Aquitaine, supérieur de 250 millions d’euros par rapport à 2021 (+ 210 %), s’explique en fait par quelques opérations emblématiques au-delà de 50 millions d’euros », pointe Rodolphe Lilamand. Le top 3 local des 3 premiers trimestres 2022 se compose de Nfinite avec 105 millions d’euros, de Telecom Design avec 70 millions d’euros et de Sellsy avec 55 millions d’euros levés.

« Les secteurs les plus porteurs sur le territoire sont le digital/marketing, la sécurité et la santé. Ils disposent d’un vivier régional et d’un écosystème mature », analyse-t-il. Après l’euphorie, un ralentissement a commencé à se faire sentir à partir du 2e trimestre, dans la droite ligne de ce qui s’est passé un peu plus tôt aux États-Unis, « en particulier sur les séries C et les très gros tours de table. L’activité d’investissement se concentre désormais plutôt sur des opérations d’amorçage ou early stage », estime Rodolphe Lilamand, « la forte baisse de certaines valorisations boursières incitant de nombreux acteurs du late stage à la prudence ».

DIFFICULTÉS À VENIR

Les perspectives restent encourageantes au 4e trimestre, où deux belles levées de fonds sont déjà enregistrées en Gironde : Shiro Games dans le jeu vidéo avec 50 millions d’euros et Tehtris dans la cybersécurité avec 44 millions d’euros. En revanche, en 2023, « l’ajustement des valorisations devrait gripper le système. Les fonds sont toujours là, mais rien ne garantit qu’ils seront investis », tranche Rodolphe Lilamand. Si l’activité devrait se maintenir dans le digital, les fintech, les deeptech et autres secteurs à fort potentiel de croissance, « des difficultés sont à venir pour les sociétés qui ont fait de grosses levées de fonds en série A. Elles risquent de devoir décaler leurs prochaines levées ou

(1) L’étude In Extenso Innovation Croissance a été menée avec l’Essec Business School. Les données utilisées, issues de Dealroom, ne sont pas exhaustives et ne comptabilisent pas les levées inférieures à 500 000 euros.

Les secteurs les plus porteurs sur le territoire sont le digital/marketing, la sécurité et la santé

Baromètre, levées de fonds

Baromètre des levées de fonds – In Extenso Innovation Croissance & ESSEC – Année 2022 – T1 + T2 + T3

Baromètre des levées de fonds – In Extenso Innovation Croissance & ESSEC Année 2022 – T1 + T2 + T3

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