La réunion envisagée le 8 avril à Paris entre élus corses et gouvernement sur l’avenir institutionnel de l’île est reportée en raison des violences survenues dimanche lors de la manifestation de soutien à la famille d’Yvan Colonna, a-t-on appris lundi auprès de l’entourage de Gérald Darmanin.
(Tous droits réservés. © (2022) Agence France-Presse – Elise BRETAUD)
L’entourage du ministre de l’Intérieur a expliqué que « les conditions d’un dialogue normalisé n’étaient guère réunies ». Un courrier en ce sens a été adressé à Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse, a-t-on ajouté.

Manifestation en hommage à Yvan Colonna, le 3 avril 2022 à Ajaccio, en Corse (Tous droits réservés. © (2022) Agence France-Presse – Pascal POCHARD-CASABIANCA)
L’annonce de ce report intervient après que le président-candidat Emmanuel Macron a jugé « inacceptables » les violences survenues dimanche dans l’îleet assuré qu’il n’y aurait « pas de discussion » sans « retour à l’ordre préalable ».
Cette réunion du 8 avril à Paris avait été annoncée par M. Simeoni mais jamais confirmée par le ministère de l’Intérieur.
Dimanche, une manifestation pour Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac et mortellement agressé en prison par un autre détenu le mois dernier, a dégénéré en violents affrontements à Ajaccio.
M. Simeoni, qui n’a pas encore réagi à ce report, avait participé à cette manifestation.
D’autres violences entre manifestants et forces de l’ordre ont également été signalées à Bastia.
« Au cours des deux dernières semaines, 43 actions ou manifestations se sont déroulées, quasiment toutes émaillées de débordements violents, en présence d’élus pourtant censés participer aux discussions prévues à Paris », a fait valoir l’entourage de M. Darmanin.
« Au total, ce sont près de 60 blessés, tant parmi les forces de l’ordre que les manifestants, qui n’ont d’ailleurs fait l’objet d’aucune condamnation publique », a ajouté la même source.
« Ces événements sont inacceptables tant pour la démocratie, qui ne saurait faire preuve de complaisance vis-à-vis de la violence, que pour les Corses eux-mêmes qui désapprouvent ces évènements », a-t-elle poursuivi.
Lundi soir, l’indépendantiste Paul-Félix Benedetti a interpellé sur Twitter Gérald Darmanin, l’exhortant à choisir entre « ouvrir un véritable processus politique ou faire valoir un pseudo contexte sécuritaire en #Corse, alors même que l’Etat français est, selon lui, responsable de l’assassinat d’Yvan Colonna ».
« La question corse est politique. Assumez le poids de l’histoire », a ajouté le leader du parti indépendantiste Core in Fronte, minoritaire à l’Assemblée de Corse avec six élus.
De son côté le groupe d’opposition de droite à l’assemblée de Corse a exhorté les groupes politiques nationalistes à « appeler au calme ». « Le débat démocratique est aujourd’hui menacé par la volonté d’en découdre d’une poignée de manifestants ultra-violents », ont ajouté les 17 élus du groupe « Un Soffiu Novu, un Nouveau Souffle pour la Corse ».
Lors de sa visite en Corse, du 16 au 18 mars, peu après le décès d’Yvan Colonna, M. Darmanin s’était engagé à ouvrir « dès la première semaine du mois d’avril » des négociations sur « l’ensemble des problématiques corses », dont « l’évolution institutionnelle vers un statut d’autonomie restant à préciser ».
Il avait également promis le « prompt rapprochement en Corse » de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, les derniers membres du +commando Erignac+ encore incarcérés.
Les deux hommes, incarcérés à Poissy (Yvelines), ont signé vendredi leur ordre de transfèrement à la prison de Borgo.
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