Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

French Tech Bordeaux : l’âge de raison

NOUVELLE-AQUITAINE. L’association fédérant l’écosystème innovant du territoire fête ses 10 ans en 2023. Pour l’occasion, le directeur général de French Tech Bordeaux, Philippe Métayer, et la nouvelle présidente du board, Mathilde Le Roy, reviennent sur son évolution et sur les challenges qu’elle devra relever ces 10 prochaines années.

French Tech Bordeaux

L'écosystème réuni au Palais de la Bourse lors du French Tech Day 2022 © Pascal Rousse

En 10 ans, l’association French Tech Bordeaux, qui fédère les entreprises innovantes du territoire, a bien grandi. « Nous avons évolué en même temps que l’écosystème, qui a gagné en taille et en importance », assure Philippe Métayer, directeur général de French Tech Bordeaux, qui a obtenu pour la seconde fois en 2023 le label de capitale. Elle réunit aujourd’hui 820 entreprises adhérentes, une communauté de 90 000 membres et emploie 8 collaborateurs, contre 2 à ses débuts. Pour célébrer cette décennie, l’association a proposé sur une semaine mi-octobre « un concentré des services et événements que nous sommes capables de mettre à la disposition des entreprises », précise-t-il. Un job connect géant a ainsi réuni près de 2 000 candidats, avec 434 entretiens organisés en visio en seulement 48 heures. L’événement Open start-up a mobilisé 700 participants venus visiter 80 start-ups. Et plus d’une centaine d’entreprises innovantes ont pris part à différentes conférences sur l’internationalisation, le numérique responsable, mais aussi des rencontres avec des investisseurs et des doctorants, « afin de créer des ponts entre la recherche et les start-ups, pour favoriser l’émergence de deeptech », note-t-il.

Philippe-Métayer, French Tech Bordeaux

Philippe Métayer , directeur général de French Tech Bordeaux © Gaëtan Leprevost

 

LES CHALLENGES DU FINANCEMENT

Pour répondre aux nouvelles problématiques « d’un écosystème multifacettes qui se recompose en permanence », l’accompagnement de French Tech Bordeaux et les dispositifs qu’elle propose ont ainsi fortement évolué ces 10 dernières années. « Nous avons dû adapter la manière d’aborder les sujets : nous avons une dimension plus globale, avec toujours cette idée de créer des emplois et de la valeur sur le territoire. L’association est ancrée localement et connectée au monde », résume Philippe Métayer. Les challenges à relever par les start-ups sont actuellement nombreux, en particulier en matière de financement. French Tech Bordeaux propose dans ce cadre les rencontres « Meet your VC » et les cafés investisseurs. « Nous rappelons aussi les fondamentaux sur la dette bancaire, via les éclairages de spécialistes », ajoute le directeur général, qui remarque également « assister à une consolidation du secteur, à travers un mouvement de fusions/acquisitions ».

Les défaillances de start-ups se sont en effet multipliées ces derniers mois, à l’image de la medtech Lucine, récemment placée en redressement judiciaire. Néanmoins, « leur nombre n’est pas supérieur à celui d’avant la crise sanitaire. Nous assistons à une certaine normalisation après une période d’euphorie », estime Philippe Métayer. « Le ressenti est plus froid que la réalité, car cela concerne des entreprises très suivies », analyse quant à elle Mathilde Le Roy, présidente de French Tech Bordeaux, qui a récemment vendu sa start-up KAZoART, après sa mise en liquidation judiciaire, et occupe depuis septembre le poste de CMO pour l’agritech ReGeneration. La rentabilité des start-ups est devenue dans ce cadre un sujet poussé par la Mission French Tech, et devrait faire partie des nouveaux critères pour intégrer les indices phares FT120 et Next40. La nouvelle initiative « Je choisis la French » vise ainsi à « multiplier par deux les commandes des grands groupes et la commande publique auprès des start-ups », précise Mathilde Le Roy.

Mathilde Le Roy, French Tech Bordeaux

Mathilde Le Roy, nouvelle présidente de French Tech Bordeaux © FTB

UNE APPÉTENCE POUR L’IMPACT

Créée au départ autour des start-ups du numérique, afin de « faire naître des champions nationaux », rappelle Mathilde Le Roy, l’association s’est peu à peu adressée aux entreprises innovantes au sens large. « Cela peut concerner l’innovation de procédé, notamment dans le secteur industriel, l’innovation dans les modèles d’affaires, mais aussi l’innovation d’usage », détaille Philippe Métayer. La notion « d’impact » tient également aujourd’hui une place prépondérante dans l’action de French Tech Bordeaux, qui a organisé pour ses 10 ans des « Challenges Impact », afin de « faire prendre conscience aux start-ups que les actions RSE ne sont pas si compliquées à mettre en place », assure Mathilde Le Roy.

Il existe d’ailleurs actuellement « une certaine appétence des financeurs pour les entreprises ayant une action sur l’environnement et la société », rappelle-t-elle. Même si la santé, l’industrie créative et culturelle, l’aérospatial- défense et l’intelligence artificielle restent des secteurs historiquement forts sur le territoire. Autre sujet porté par le nouveau bureau de French Tech Bordeaux et sa présidente : le « care », qui consiste « à prendre en compte l’entrepreneur en tant qu’entité et à lui faire connaître les dispositifs de soutien existant », précise-t-elle.

2 000 VISITEURS ATTENDUS AU FRENCH TECH DAY

Et pour les 10 ans à venir ? « Nous devons aller vers toujours plus de souveraineté. La création de valeur, la création d’emplois et l’impact devront également être pris en compte dès la création d’un projet, pour plus de durabilité », affirme Philippe Métayer. Le secteur du numérique doit également être plus inclusif, comme l’a notamment montré le dernier rapport du Haut Conseil à l’Égalité, qui pointe seulement 29 % de femmes dans les effectifs, 15 % de femmes parmi les fondatrices de start-ups, et 3 % des fonds levés depuis 2012. « Notre challenge est d’avancer sur la nécessité d’avoir des entreprises et des entrepreneurs plus représentatifs de la société française », estime Mathilde Le Roy, qui rappelle dans ce cadre l’existence du French Tech Tremplin, programme qui promeut l’égalité des chances et accompagne les entrepreneuses et entre- preneurs issus de milieux sous-représentés dans la tech pour développer leur projet entrepreneurial.

Prochain rendez-vous pour l’écosystème bordelais et néo-aquitain le 23 novembre, au Palais de la Bourse, pour la grand-messe annuelle de l’association, le French Tech Day. 32 intervenants et 2 000 visiteurs sont attendus. Pour l’occasion, le « Démo Day » présentera 10 start-ups prometteuses du territoire à suivre en 2024 et la nouvelle promotion de l’indice local ImpactNA20.