Echos Judiciaires Girondins : Vous avez quitté la mairie de Bordeaux dont vous dirigiez la communication depuis 10 ans aux côtés d’Alain Juppé puis de Nicolas Florian. Une fonction sensible et une mission puissante que vous avez menée tambour battant. Quel regard portez-vous sur ces 10 années passées dans une ville qui a achevé sa métamorphose ? Quels enseignements tirez-vous personnellement de votre expérience à la mairie ?
Marie-Laure Hubert Nasser : « Une course folle ! C’est la première pensée qui me vient. L’impression que le temps disparaissait, qu’il nous aspirait, qu’il n’y avait jamais assez d’heures pour faire tout ce que nous avions à faire… Et celle du grand homme, Alain Juppé. Sa route personnelle nous a galvanisés. Je parle de « nous » car nous étions une équipe, battante, motivée, à fond. Sur le plan de la Ville, le déploiement était sans précédent et donc la communication de tous les combats ! Il fallait entraîner avec nous les habitants, leur expliquer nos actions, les accompagner dans cette mutation. Les changements furent urbains d’abord, le pont, le nouveau stade, les archives, les projets architecturaux, les nouveaux quartiers, le Muséum, les places, les jardins, la Cité du vin, la LGV… Et puis le vivant. Les coupes du monde, les saisons culturelles, les fêtes sur les quais, les grands moments de communion populaire… Cela m’a passionnée. J’ai appris quelle force immense il faut pour prendre une ville dans ses bras et la faire avancer… La communication centrée sur les habitants fut inventive et créative. Elle fut primée plusieurs fois. Le rassemblement d’un millier de communicants de Cap Com à Bordeaux souligna le déploiement de la marque Bordeaux qui vibrait dans le monde.
J’ai connu des ambiances dignes des plus grands romans. Ce Palais Rohan dont je connais chaque recoin, où je circulais parfois dans le noir pour regagner mon bureau après une réunion tardive a abrité des moments historiques, des choix importants, des discussions enflammées, d’incroyables visiteurs, du chef du peuple Kayapo au chef du gouvernement en passant par d’incroyables figures de la littérature, du monde économique, des royautés et des plus grands sportifs… De cette folle expérience, j’ai appris la modération, la vision, la discipline, drivée par un patron qui répétait à ses collaborateurs « le diable est dans les détails »
Alain Juppé avait une vision, une analyse extraordinaire, une réelle humanité. Un grand chef d’orchestre…
EJG : Travailler avec Alain Juppé, c’était comment ? M.-L. H. N. : « Avec lui, de toute façon, hors de propos de travailler mollement. Il fallait y aller. Prouver. Ne pas décevoir. Cet homme nous a transformés. Il nous a appris la rigueur, l’analyse, le dépassement de soi, l’intérêt général.

On rêve, on vit, on aime
Éditions Passiflore
Alain Juppé avait une vision, une analyse extraordinaire de l’actualité, une puissance de travail, une réelle humanité. Il aimait faire avec les autres. Il avait confiance. Il écoutait. Laissait les experts avancer, l’administration, les entreprises, les professionnels, les associations. Un grand chef d’orchestre. Nous étions rassurés. Là où il nous emmenait, nous savions que nous serions en sécurité. »
EJG : De quelles actions initiées par vous êtes-vous la plus fière ?
M.-L. H. N. : « Avec certitude, les manifestations au féminin. « Sociétales, parole aux femmes », « Femmes et numérique », « Femmes et diasporas africaines » et toutes les propositions que nous avons encou…