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[ Portrait ] Cécile Mariller : Pour l’intérêt général

Présidente du Tribunal administratif de Bordeaux, Cécile Mariller œuvre pour une justice administrative garante du service public.

Cécile Mariller

© Atelier Gallien - Echos Judiciaires Girondins

Juge administratif, c’est une mission passionnante », assure Cécile Mariller, qui précise : « sa finalité est d’assurer la conciliation entre l’intérêt général et les intérêts privés. » Pourtant, la présidente du Tribunal administratif de Bordeaux reconnaît qu’elle est entrée dans la juridiction administrative au hasard des concours, « mais le hasard fait bien les choses ». Affectée à son premier poste au Tribunal administratif de Grenoble, elle profite de la mobilité fonctionnelle pour une expérience dans le judiciaire de 3 ans en tant que juge aux affaires familiales. « Ça m’a beaucoup enrichie », remarque-t-elle, « mais ce qui m’a manqué, c’est la collégialité. » Elle croit vraiment en une intelligence collective : aux juges s’ajoute un rapporteur public, qui relit tout le dossier.

« Cette double lecture et la collégialité sont vraiment les garants de la justice administrative. » Suivront 6 ans au Tribunal administratif de Marseille, puis elle prend les fonctions de vice-présidente pendant 7 ans à Toulon, et de présidente à Orléans pendant 3 ans. « Soit je continuais sur la voie contentieuse, soit je prenais des fonctions plus managériales. C’est ce que j’ai finalement choisi, et cette mission me convient parfaitement », assure-t-elle, précisant que ce qu’elle préfère est d’organiser, elle qui se définit comme une « facilitatrice » sans goût particulier pour le pouvoir.

Elle se définit comme une « facilitatrice » sans goût particulier pour le pouvoir

Alors qu’elle se plaisait plutôt bien à Orléans, elle apprend que le président Desramé va prendre sa retraite. « Tout le monde veut venir Bordeaux », s’enthousiasme-t-elle, « c’est the place to be ». Élevée en Bourgogne, elle s’amuse à préciser que la cave familiale contenait un bon tiers de vins de Bordeaux « sans ostracisme aucun ! ». À son arrivée en septembre dernier, elle a trouvé un tribunal en très bon état : « la tâche a été facilitée ». Le seul gros changement qu’elle va opérer est la suppression d’une chambre qui s’occupait exclusivement du contentieux des étrangers mise en place par Jean-François Desramé : « cela représente environ 35 % des entrées sur 6 500 requêtes annuelles. On va revenir à un fonctionnement plus classique à 5 chambres, avec une nouvelle prise en compte des urgences ». Ce pôle composé de magistrats chevronnés traitera les procédures en référé-liberté, en référé-suspension et en référé-mesures utiles. La présidente, elle, conserve les activités contentieuses : les référés-expertises, ainsi que le remplacement de juge social. À la rentrée, elle présidera chacune des chambres collégiales. Sa fonction lui demande également de définir les priorités en fonction des objectifs fixés par le Conseil d’État, « et de les réaliser dans les meilleures conditions. C’est cette fonction de responsabilité qui m’anime et me guide. La Justice est un service public ».

À mots découverts

Un roman

« Je n’ai plus vraiment le temps de lire, et j’ai découvert le livre audio, ça me ravit. Ça a complètement renouvelé le plaisir de la lecture. J’ai redécouvert les classiques : l’humanité du Père Goriot d’Honoré de Balzac, c’est extraordinaire ; Au Bonheur des Dames d’Émile Zola, ou Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois lu par Jacques Gamblin. Comme je marche beaucoup, j’écoute en me déplaçant, en cuisinant, en voiture. C’est formidable. »

Vos goûts musicaux

« Je suis très sensible aux voix de femmes. Je suis accompagnée depuis toujours par Barbara, Juliette Gréco, la chanteuse Juliette. J’ai découvert aussi les voix du jazz : Mélody Gardot, que je trouve fascinante, Ella Fitzgerald… Si j’écoute Casta Diva avec la Callas, il est difficile de retenir ses larmes. »

Un lieu

« Je viens de passer 3 ans dans la vallée de la Loire et j’ai pu revisiter tous ses châteaux. J’ai été marquée par le château de Chenonceau, construit sur le Cher. C’est un château de dame, qui a souvent été dirigé par des femmes : Diane de Poitiers, Catherine de Médicis. Ses grandes galeries ont servi d’hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale, et il était traversé par la ligne de démarcation pendant la Seconde. Et puis l’art floral est porté à l’émerveillement. »

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