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Bordeaux Sciences Agro : au coeur des transitions

GRADIGNAN. L’établissement d’enseignement supérieur et de recherche agronomique girondin a fêté ses 60 ans le 15 septembre. L’occasion pour sa directrice, Sabine Brun-Rageul, de rappeler l’engagement de l’école en faveur des grandes transitions en cours et à venir.

Bordeaux Sciences Agro

Les moutons emblématiques du campus de Bordeaux Sciences Agro © DR

Sabine Brun Rageul, directrice de Bordeaux Sciences Agro © DR

À l’occasion de ses 60 ans, l’établissement public d’enseignement supérieur et de recherche agronomique réaffirme son engagement en faveur des transitions. « Nous formons les ingénieurs agronomes de demain, qui interviendront dans les secteurs de l’agriculture et de la viticulture, de l’alimentation, de la forêt et du bois, de l’environnement… », rappelle Sabine Brun-Rageul, sa directrice. C’est pourquoi « la transition agroécologique figure au cœur de notre démarche pédagogique. Elle est diffusée dans toutes nos formations par notre cinquantaine d’enseignants-chercheurs, rattachés à une quinzaine d’unités de recherche, dont celles de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) ou de l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) », assure-t-elle. Bordeaux Sciences Agro a d’ailleurs mis ces transitions au cœur de son plan stratégique 2030, publié en 2021. Mais également des célébrations de son 60e anniversaire, le 15 septembre dernier, sur son site de Gradignan, avec une table-ronde et la signature de conventions-cadres, notamment avec l’INRAE, à travers lesquelles « nous aspirons, à notre échelle, à innover pour les transitions agroécologiques et alimentaires », précise la directrice de Bordeaux Sciences Agro.

DE LA FOURCHE À LA FOURCHETTE

Les défis sont nombreux. « Il faut adapter les cultures au changement climatique, mais aussi participer à l’atténuation du changement climatique », commence Sabine Brun-Rageul. La transition numérique est également un sujet important. « Outre la robotisation et la mécanisation, la captation de données et leur traitement par l’intelligence artificielle sont des outils intéressants, pour déclencher les vendanges ou les traitements de la vigne », cite en exemple la directrice. La transition des pratiques agroécologiques et culturales, visant à diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires, tout comme l’accompagnement à la transition énergétique, avec le développement des méthaniseurs ou l’agrivoltaïsme, sont également au cœur des enseignements. « Nous travaillons aussi sur les transitions alimentaires en aval : aller vers la relocalisation et vers plus de naturalité constitue un changement de paradigme qui nécessite l’implication de la recherche », estime Sabine Brun-Rageul. « C’est notre ADN : avoir une vision filière de la fourche à la fourchette, de la forêt au produit en bois… », résume-t-elle.

 

14 millions d’euros d’investissement pour le projet immobilier « Cœur d’école »

Le bâtiment Brémontier de Bordeaux Sciences Agro © DR

HALLE TECHNOLOGIQUE ALIMENTAIRE

Cette démarche de transition et d’agroécologie s’affiche dans le campus de Bordeaux Sciences Agro lui-même, « qui se doit d’être exemplaire », estime Sabine Brun-Rageul. L’établissement pratique l’agroécologie dans la gestion différenciée des espaces, et accueille des moutons en pâturage sur ses 17 ha. Il a également lancé en 2021 un vaste projet immobilier « Cœur d’école », qui représente un investissement de 14 millions d’euros, financé par le plan de relance et le contrat de projet État-Région. Dans le nouveau bâtiment durable Médoc, inauguré le 15 septembre, « nous avons aussi imaginé de nouveaux espaces pédagogiques modulaires. Et créé une halle technologique alimentaire et un nouveau laboratoire d’agroécologie », détaille sa directrice. Il vient compléter la mise en œuvre des pratiques agroécologiques au vignoble et dans le chai du château Luchey-Halde, propriété et laboratoire à ciel ouvert de Bordeaux Sciences Agro, dont les 120 ha produisent 120 000 bouteilles de vin par an.

ÉCOSYSTÈME INNOVANT

« Notre idée est de mettre les élèves au cœur d’un écosystème innovant », poursuit Sabine Brun-Rageul, qui héberge sur son site le pôle de compétitivité de la filière forêt-bois-papier, Xylofutur, et Agri-Sud-Ouest Innovation, et espère accueillir des start-ups. Les chaires d’entreprises lancées ces dernières années ont également pour objectif de « faire émerger des sujets qui intéressent ou nous permettent de renouveler nos mécènes », précise-t-elle. Afin que ses cursus soient toujours plus professionnalisants, Bordeaux Sciences Agro propose de nouvelles formations répondant aux besoins des filières biologique, forêt-bois ou encore du numérique dans l’agriculture. « Nous développons aussi les doubles-diplômes, avec Sciences Po Bordeaux, l’École du bois de Nantes ou encore l’École supérieure de la banque, toutes ces transitions devant être financées », rappelle Sabine Brun-Rageul. Prochain défi à relever pour la directrice de Bordeaux Sciences Agro : « travailler à l’attractivité de nos métiers, en expliquant le rôle des ingénieurs agronomes. Ce sont les ingénieurs du vivant, au cœur des défis passionnants d’aujourd’hui et de demain », proclame-t-elle.

 

BORDEAUX SCIENCES AGRO EN CHIFFRES

Personnels : 160
Enseignants-chercheurs : 50
Étudiants : 620
Logements étudiants sur le campus : 350 chambres
Budget annuel total : 20 millions d’euros