Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Entreprises du paysage : plus verte la vie

Comme dans d’autres secteurs, les entreprises du paysage recrutent. Président de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) Nouvelle- Aquitaine, Nicolas Buchoul, également PDG de l’entreprise « Paysage des Graves » basée à Cestas, évoque les métiers du paysage, leur évolution et leur rôle prépondérant dans la lutte contre le réchauffement climatique. Un secteur en croissance, essentiel et stratégique.

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Nicolas Buchoul, PDG de l’entreprise « Paysage des Graves » © Atelier Galien - Echos Judiciaires Girondins

Échos Judiciaires Girondins : L’Unep (Union Nationale des Entreprises du Paysage) vient de lancer une grande campagne de communication intitulée #LePaysageRecrute. Vous estimez que 1200 emplois sont à pourvoir en Nouvelle-Aquitaine. Beaucoup d’entreprises sont concernées par cette pénurie de main-d’œuvre ? Quels types de postes sont recherchés ?

Nicolas Buchoul : « Une enquête de l’Unep démontre que plus des deux tiers des entreprises, soit 67 %, prévoient de recruter en 2022. C’est aussi le cas de mon entreprise, on recherche en permanence de la main-d’œuvre.

Les postes les plus demandés sont les ouvriers et les chefs d’équipe. Ensuite, dans une moindre mesure les postes d’encadrement tels que les conducteurs de travaux. Beaucoup de boîtes jouent aussi le jeu en prenant des apprentis, c’est un pari sur l’avenir. Le rêve, ce sont les polyvalents, toutes les boîtes les recherchent. On a aussi pas mal de reconversions professionnelles, des personnes âgées de 30 à 50 ans, qui ont déjà eu une carrière professionnelle. C’est intéressant car ils sont motivés, et ont la valeur travail. On les trouve via le POEC (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective), et ils suivent une formation de 3 à 4 mois. J’ai embauché par ce biais une conductrice de travaux et un technico-commercial. Suite à la pandémie, on a recruté pas mal d’anciens employés du secteur hôtellerie-restauration. »

Les postes les plus demandés sont les ouvriers et les chefs d’équipe mais aussi des conducteurs de travaux

EJG : Vous avez été élu président de l’Unep Nouvelle-Aquitaine en mars dernier. Pourquoi cet engagement et quelles sont les missions de l’Unep ?

Nicolas Buchoul : « Pendant des années, j’ai fait partie des réfractaires qui ne voulaient pas entendre parler de l’Unep, qui, je pensais, représentait les grosses entreprises. Et finalement, je m’y suis affilié en 2017 et je regrette aujourd’hui de ne pas l’avoir fait plus tôt ! Car même s’il faut payer une cotisation importante, il y a vraiment un retour sur investissement. L’Unep propose plein d’outils : une base documentaire, des rencontres enrichissantes, la mise en commun de techniques, un service d’achats vraiment intéressant, avec des remises sur les véhicules, les assurances, l’intérim, le matériel… Il y a aussi un C.E. avec tous les avantages : pass, réductions, etc. L’Unep sert aussi à informer sur toutes les nouveautés, qu’elles soient régionales, sociales ou techniques. Mais sur 407 entreprises adhérentes en Nouvelle-Aquitaine, on compte 80 Girondines environ. Ce n’est pas assez, on rate quelque chose ! »

Unep, Union Nationale des Entreprises du Paysage, paysage, Nicolas Buchoul

© Shutterstock

EJG : Quelles sont les principales filières de formation ?

Nicolas Buchoul : « La formation va du CAP agricole et BPA « Travaux paysagers » au Bac Pro et BTS « Aménagements paysagers » aux licences professionnelles et écoles d’ingénieurs paysagistes. Il y a des formations pour les métiers du paysage en intérieur ou en extérieur. Il est important de souligner les perspectives de progression. »

 

EJG : Quels sont vos prochains moments forts ?

Nicolas Buchoul :« Nous organisons le 17 juin, avec la Société française d’Arboriculture, une journée dédiée aux techniques, à la prévention des risques, et à la sécurité en élagage, ouverte à tous les professionnels du paysage. Notre prochain grand rendez-vous, ce sera les Rencontres du Paysage Urbain, en partenariat avec plein d’acteurs du paysage, qui se déroulera dans Bordeaux (le lieu est à définir) et qui sera en relation avec la semaine de l’arbre Bordeaux Métropole, en novembre prochain. »

Planter un million d’arbres, très bien, mais le patrimoine actuel a une capacité à absorber bien plus importante que les jeunes plants.

EJG : Justement à propos de Bordeaux, notre ville ne figure pas dans le top 10 des villes les plus vertes. Qu’en pensez-vous ?

Nicolas Buchoul : « J’ai un regard à la fois régional, mais aussi national, et même plus. Je pense que la politique nationale peut avoir un impact en imposant de verdir davantage nos centres-villes. Ce qui a un impact positif sur plein de points : la présence des arbres fait baisser la température, réduit les îlots de chaleur. Le couvert végétal réduit également le bruit et absorbe le CO2. Il faut conserver au maximum le patrimoine arboré que nous avons actuellement. Planter un million d’arbres, très bien, mais le patrimoine actuel a une capacité à absorber bien plus importante que les jeunes plants. Il faut bien les entretenir et les préserver. Sur les nouvelles constructions, c’est pareil, l’arbre doit être au cœur du bâti. En Nouvelle-Aquitaine, l’Unep a créé une charte avec les promoteurs, les aménageurs, les pépinières pour que les lots espaces verts dans les nouvelles constructions deviennent une part aussi importante que le bâti. Entretenir le patrimoine arboré veut dire que quand on crée un nouveau bâtiment, il faut éviter de travailler trop près des systèmes racinaires pour ne pas l’endommager. Et plutôt que d’abattre des arbres, on peut parfois adapter les projets en les englobant. »

 

EJG : On parle de plus en plus de « la nature en ville » mais avec la pression immobilière comme on la vit dans la métropole, c’est compliqué de tout concilier…

Nicolas Buchoul :« Le nouveau maire de Bordeaux a stoppé pas mal de projets. Bien sûr, il y aura de nouveaux projets urbains, il faut bien se loger, mais je pense qu’il faut aussi prévoir des zones vertes. Pour autant, l’ancienne municipalité avait été précurseur en interdisant les pesticides dès 2006, en végétalisant dans le cadre de la restructuration de la ville. Peut-être pas assez… Les aires piétonnes sont compliquées à végétaliser. On peut réfléchir à des îlots avec des arbres, des micro-forêts. Nous avons créé un manifeste pour être force de propositions. Dans le cadre de la nature en ville, nous avons soumis 3 propositions concrètes aux candidats à l’élection présidentielle : un grand plan national avec le verdissement des villes, l’accélération de la renaturation des sols et le développement d’une feuille de route sur la ville verte ; la prise en compte de la biodiversité dans les projets de construction et de rénovation (labellisation, réglementation) ; un accès facilité aux métiers de la protection de l’environnement. Si on ne change rien, dans 3/4 ans, le réchauffement climatique sera irréversible, les pouvoirs publics en sont conscients. »

Dans le cadre de la nature en ville, nous avons soumis 3 propositions concrètes aux candidats à l’élection présidentielle

EJG : Est-ce que le changement climatique a des répercussions sur votre travail ?

Nicolas Buchoul :« Il commence à en avoir. On doit s’adapter à des étés de plus en plus chauds, en aménageant nos horaires. Il y a aussi le végétal à adapter : on a de la végétation spontanée qu’on n’avait pas dans la région et qui commence à arriver. Le bouleau poussait très bien avant, maintenant c’est plus compliqué. On trouve des essences plus méditerranéennes mais nos sols ne sont pas toujours adaptés. Le végétal ne vit pas que dans l’air, il vit dans le sol. Et en Gironde, on a une grande diversité de sols : vers le Bassin c’est très sableux, vers la Garonne c’est argileux, avec des limons, rive droite c’est encore différent, la terre est plus jolie (rires). »

 

EJG : Les confinements successifs ont-ils changé le rapport à la nature ?

Nicolas Buchoul : « Oui, on a vraiment ressenti un vrai besoin de verdure et de nature. On a beaucoup travaillé pendant les confinements. Le jardin est devenu l’extension de la maison. C’est une vraie chance aujourd’hui d’avoir un jardin ou un jardin partagé. »

 

NICOLAS BUCHOUL

Élu président de l’UNEP (Union Nationale des Entreprises du Paysage) en mars 2022, Nicolas Buchoul est à la tête de la holding « Groupe Paysage des Graves » qui regroupe Paysage des Graves (entretien, élagage et abattage) et Aménagement, JEB (Location de matériel) et Nicolas le jardinier (service à la personne). Titulaire d’un bac pro « Travaux paysagers » et parce qu’il n’a pas trouvé d’entreprise en alternance, Nicolas Buchoul a décidé de lancer sa propre structure en 2011. Paysage des Graves, basé à Cestas, emploie 42 personnes, s’adresse aux syndics de copropriétés, ainsi qu’aux particuliers et à quelques collectivités. Son activité est spécialisée dans l’entretien (70 % à 80 %), l’élagage et le conseil (10 % à 15 %) la création et l’aménagement (environ 10%).

 

LES ENTREPRISES DU PAYSAGE EN CHIFFRES

30 000 entreprises en France

3 500 en Nouvelle-Aquitaine

65 % de travailleurs indépendants

24 % d’entreprises de 1 à 5 salariés

11 % d’entreprises de plus de 6 salariés

Moyenne d’âge : 35 ans

Salariés en CDI : 85 %

Salariés à temps complet : 94 %

5 000 apprentis

L’UNEP REPRÉSENTE 16 MÉTIERS DU PAYSAGISME :

La création, l’aménagement et l’entretien des parcs et jardins, des terrains de sport, des milieux aquatiques ; les travaux de génie végétal et de génie écologique ; l’installation des systèmes d’arrosage intégrés, et d’éclairage ; le paysagisme d’intérieur ; la végétalisation des terrasses et des toitures ; l’élagage, le fauchage ; le reboisement forestier ; la conduite d’engins.

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