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Tourisme fluvial en Gironde : embarquement immédiat

En pleine expansion avant la crise sanitaire, le tourisme fluvial reprend du service sur la Garonne avec de nouvelles offres de bateaux promenades. Activités ludiques et événementielles sont autant d’invitations pour une croisière sur le fleuve.

Tourisme fluvial, Bordeaux

Tourisme fluvial à Bordeaux © David Remazeilles - Gironde Tourisme

Le Covid lui avait momentanément coupé les ailes. Ou devrait-on dire le moteur et les voiles. Mais le tourisme fluvial reprend du service le long de la Garonne et de la Dordogne : promenades dégustations, nouveaux pontons et offres diversifiées, tout y est pour un embarquement immédiat ! « Le tourisme fluvial occupe 2 gros volets », observe Cédric Naffrichoux, adjoint au directeur général, en charge de l’itinérance et de l’écotourisme à Gironde Tourisme, « Les croisières fluviales avec les grands paquebots qui font escale en Gironde et concernent la plupart du temps des compagnies étrangères, et les bateaux-promenades sur les fleuves et les rivières. »

NOUVEAUX PONTONS

Jean-Luc Gleyze, président du Département, l’assurait déjà en 2016 : « Le tourisme fluvial connaît une expansion importante, et (…) suit l’essor rencontré depuis le début des années 2000 par les croisières maritimes ». Si bien que ce tourisme a fait l’objet d’un schéma départemental d’orientation pour son développement sur la période 2016-2021. Ce plan a permis la construction de plusieurs pontons : à Libourne, un 3e ponton réservé aux bateaux-promenades a vu le jour en 2018. À Cadillac, en 2019, un 2e ponton a été construit pour le même usage. Enfin un nouveau ponton à Langon en 2021. Bien sûr, le plan de développement n’avait pas anticipé la crise sanitaire du Covid qui a tout stoppé brutalement. « Le tourisme en pleine expansion a été freiné, tout s’est arrêté, et il redémarre peu à peu, mais avec de nouvelles spécificités », remarque Cédric Naffrichoux.

18 compagnies girondines sont actives le long du fleuve

ITINÉRAIRES

La Gironde compte 18 compagnies, dont une dizaine implantées à Bordeaux. Elles proposent pour la plupart des balades/dégustations avec une découverte du patrimoine. S’il existait déjà des départs sur l’Estuaire, de Blaye ou Pauillac, ce qui est nouveau (depuis 3 ou 4 ans) ce sont les propositions à partir des nouveaux pontons aménagés de Libourne, Langon ou Cadillac.

Parmi ces compagnies, Presqu’île Croisière (créée en 2018) propose des balades au départ de Cadillac ou de Langon, en alternance une semaine sur deux, à bord de l’Hermine qui peut contenir 100 passagers. « On travaille avec les 2 communes », intervient Patrick Walcker, fondateur et dirigeant de la société. « On découvre les villes depuis le fleuve : Cadillac, Langoiran, Lestiac, Langon, Saint- Macaire, Saint-Pierre-d’Aurillac, Castets-en-Dorthe… ». D’autres croisières peuvent être plus longues, mais elles sont programmées en fonction des marées, comme celle, d’une durée de 6 heures, ralliant Cadillac à Bordeaux qui aura lieu en septembre prochain. Les îles de Patiras et de Margaux sont moins visitées parce que les croisières plus longues font plutôt l’objet de privatisations.

De son côté, Les Bateaux Bordelais (auparavant Gens d’Estuaire puis Bordeaux River Cruise) a abandonné les croisières jusqu’aux îles pour concentrer son offre sur des plages plus courtes. « Nous nous sommes recentrés sur Bordeaux », confirme Nathalie Feferberg, sa directrice. « La Garonne est difficile à dompter, la Dordogne encore plus, les durées oscillaient entre 2 heures 30 et plus de 3 heures pour aller à Patiras. Désormais nos croisières s’arrêtent au Bec d’Ambès. »

DÉGUSTATIONS ET PATRIMOINE

Les offres multiples présentent toutefois un dénominateur commun : la découverte du patrimoine girondin, qu’il soit gastronomique, œnologique, architectural, naturel ou historique.

Chez Presqu’île Croisière, la plupart des offres s’organisent sur des plages allant de 2 heures à 2 heures 30, avec des dégustations de produits du terroir et de vins locaux, sur des thèmes divers : Découverte (du patrimoine), Clair de lune (le soir), Vigneronne (avec un vigneron à bord), Mascaret (où l’on surfe sur la vague à date précise) ou encore Moussaillon (pédagogique et ludique).

Les Bateaux Bordelais est la seule compagnie qui propose une restauration à bord d’un de ses bateaux, le Sicambre, qui compte une cuisine et sa brigade, et un vaste restaurant pouvant accueillir 150 convives (et 250 en cocktail). Déjeuner ou dîner croisière, une dégustation en 3 plats et 2 heures 30 de navigation. Les Bateaux Bordelais proposent d’autres formules. Qu’elles soient plus axée sur la découverte architecturale (Unesco), œnologique (expliquant le rapport entre le vin et le fleuve avec départ du ponton de la Cité du Vin), gourmande (les cannelés en partenariat avec Baillardran) ou encore un simple Apéro Bord’O pour une virée d’une heure et demie sur la Garonne avec vin et planche à déguster. « C’est la réunion du plaisir et du loisir », résume Nathalie Feferberg.

Un choix ludique très prisé par les entreprises qui privatisent les bateaux pour recevoir clients et collaborateurs : « Parce que c’est un lieu unique et stratégique qui permet de faire passer un message », note la directrice des Bateaux Bordelais.

Nathalie Feferberg, directrice des Bateaux Bordelais

L’ÉVÉNEMENTIEL A LE VENT EN POUPE

Les privatisations sont un gros volet de l’offre des différentes compagnies. Présentes au port de Bordeaux depuis 1972, les Croisières Burdigala, dont 3 bateaux sont amarrés rive droite, ont développé leur offre touristique BtoB. En plus des croisières quotidiennes, la compagnie propose des privatisations, dont certaines se font à quai. « Nous travaillons avec des agences d’événementiel, des entreprises qui organisent des séminaires. Nous nous adaptons à la demande », souligne Jade, « matelot commercial ».

Les Bateaux Bordelais cultivent aussi leur formule business : avec une salle de 200 m2 et une à l’étage de 80 m2 avec vidéoprojecteur et micros, toutes deux autonomes, équipées d’un bar et de sanitaires, ainsi que d’une terrasse de 80 m2, tout est fait pour développer la partie événementielle. « Tout est modulaire, on peut accueillir un CoDir de 10 participants ou une réunion de 100 personnes », précise Nathalie Feferberg. Seul bémol, les différents protagonistes le confirment : l’événementiel s’organise de plus en plus tard. « On a quelques réservations pour septembre-octobre, mais aucune visibilité sur la fin de l’année », relate Nathalie Feferberg. « Je viens de recevoir une demande pour 80 personnes dans 2 semaines. »

Nous travaillons avec des agences d’événementiel, des entreprises qui organisent des séminaires. Nous nous adaptons à la demande

VOGUER AU FIL DES SAISONS

L’activité a aussi sa saisonnalité. Alors que juin est le plus gros mois de l’année, avec des événements d’entreprise tous les jours, on tombe dans la partie loisir individuel à partir du 14 juillet jusqu’à la fin août. En septembre-octobre, beaucoup de séminaires d’entreprises et autres événements BtoB sont organisés avant d’attaquer les mois de décembre et janvier. « On a beaucoup de privatisations à ce moment-là, précise Nathalie Feferberg, des repas de C.E., des arbres de Noël, puis des séances de vœux. » Février est habituellement le mois creux occupé à la maintenance, avant de reprendre l’activité du printemps. Les locations se font souvent sur le créneau 12 h – 15 h pour le déjeuner, 20 h – 23 h pour la soirée mais peut aussi remplir une journée complète (8 heures) pour un séminaire.

UN FLEUVE PRISÉ DES GIRONDINS

Si le tourisme fluvial attire les touristes, il est avant tout prisé des Néo-Aquitains : « 80 % de notre clientèle vient de la région », soutient Nathalie Feferberg. On compte un grand nombre d’auto- cars à moins de 2 heures de route de Bordeaux et de préciser : « Pour les privatisations, on compte 70 % d’entreprises girondines (dont la plupart de Bordeaux Métropole) et 20 % de parisiennes ». Et bonne nouvelle, les étrangers reviennent : si 2022 a vu très peu d’Asiatiques, des Européens et une clientèle haut de gamme américaine, tous semblent de retour pour 2023. ■

 

BORDEAUX RIVER CRUISE : UNE SOCIÉTÉ MIXTE

Ne confondez plus Bordeaux River Cruise et Les Bateaux Bordelais ! Autrefois Gens d’Estuaire, l’association fondée par 4 partenaires était devenue l’entreprise Bordeaux River Cruise en 2016. Rachetée par Sylvain Rosier (ex PDG de Lyon City Boat) en février 2020, la holding du même nom détient maintenant la partie Bordeaux Croisières avec la marque Les Bateaux Bordelais et Inter-Rives qui exploite le transport public fluvial des BatCub. Les Bateaux Bordelais (nom adopté en février dernier) compte 3 bateaux, le vaisseau amiral le Sicambre, le tout nouveau Sirius qui vient d’être fabriqué dans le Jura et le plus petit Sardane. L’entreprise emploie 23 salariés à l’année (et une trentaine avec les saisonniers) répartis entre sa flotte et ses bureaux situés rue Esprit-des-Lois. Après tous ces changements, l’entreprise compte bien retrouver son niveau d’avant Covid, ambitionnant de repasser à 70 000 passagers cette année. Outre cette activité de loisirs, Bordeaux River Cruise exploite également les navettes fluviales qui connaissent aussi un développement important. La flotte devrait doubler d’ici 2026 passant de 2 bateaux (plus un de secours) à 6 embarcations. Ce développement s’accompagnera de la création de plusieurs pontons le long de la Garonne dont un à Darwin.

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