Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

TreeFrog Therapeutics signe un contrat à 780 millions de dollars avec Vertex

Pessac. La biotech girondine TreeFrog Therapeutics a finalisé un accord majeur avec le géant américain des biotechnologies, Vertex. À la clé : 780 millions de dollars pour développer sa technologie de production de thérapies cellulaires avec pour indication le diabète de type 1. Et une participation de Vertex à sa prochaine levée de fonds.

TreeFrog Therapeutics, Kevin Alessandri, Maxime Feyeux

Kevin Alessandri et Maxime Feyeux, les deux chercheurs à l'origine de la création de TreeFrog Therapeutics © TreeFrog Therapeutics

« La thérapie cellulaire pour tous », c’est l’objectif de la biotech girondine TreeFrog Therapeutics, fondée en 2018 à Pessac par deux jeunes chercheurs, Kévin Alessandri et Maxime Feyeux, et présidée par Frédéric Desdouits. Elle s’en rapproche désormais avec la finalisation d’un accord de licence et de collaboration d’envergure avec le géant mondial des biotechnologies basé à Boston, Vertex. Portant sur le développement de thérapies cellulaires avec comme indication le diabète de type 1 (DT1), « ce contrat majeur devrait pérenniser l’entreprise pendant au moins les 5 prochaines années », se félicite Maxime Feyeux, directeur scientifique de TreeFrog Therapeutics.

Au total, l’entreprise pourrait recevoir jusqu’à 780 millions de dollars, avec un paiement initial de 25 millions de dollars pour la licence exclusive sur sa technologie de culture de cellules souches C-Stem™ dans le traitement du DT1. TreeFrog recevra 215 millions de dollars supplémentaires au passage des étapes clés de développement de sa plateforme pour le cas du DT1, « nécessitant des sauts quantitatifs et qualitatifs », précise Maxime Feyeux. Et encore 540 millions de dollars de plus pour le franchissement des étapes cliniques et réglementaires sur un maximum de deux futurs produits. Un montant auquel s’ajoutera à terme un pourcentage sur les profits de vente de ces produits.

La plateforme technologique de TreeFrog, C-Stem™, associe physique, micro fluidique et biologie pour cultiver rapidement et en grandes quantités des groupes de cellules en 3D, encapsulés dans un écrin en alginate reproduisant un micro-environnement biomimétique © TreeFrog Therapeutics

La plateforme technologique de TreeFrog, C-Stem™, associe physique, micro fluidique et biologie pour cultiver rapidement et en grandes quantités des groupes de cellules en 3D, encapsulés dans un écrin en alginate reproduisant un micro-environnement biomimétique © TreeFrog Therapeutics

Capitaux et crédibilité

« Une start-up de biotechnologies consomme beaucoup d’argent, en particulier dans le domaine des thérapies cellulaires, qui nécessite des développements compliqués, longs et régulés, très consommateurs de capital. Signer avec Vertex va changer notre capacité à accéder à des capitaux », estime Maxime Feyeux. D’ici 18 mois, Vertex s’est également engagée à participer à la prochaine levée de fonds de TreeFrog Therapeutics, qui cumule déjà 82 millions de dollars de financements depuis son lancement.

C’est la crédibilisation de notre approche physique pour résoudre des problèmes biologiques

L’autre intérêt de ce contrat « avec un des laboratoires les plus avancés dans les thérapies cellulaires, sur une maladie touchant des centaines de milliers de personnes, c’est la crédibilisation de notre approche physique pour résoudre des problèmes biologiques », poursuit Maxime Feyeux. La plateforme technologique C-Stem™ de TreeFrog Therapeutics permet en effet d’optimiser la culture à très grande échelle de groupes de cellules souches en 3D, dans des bioréacteurs. En 2021, elle était parvenue à produire 15 milliards de cellules en une semaine et a encore amélioré son procédé. « Nous sommes une biotech qui a créé un outil de production industriel de cellules à des fins thérapeutiques », résume le directeur scientifique.

En 2021, TreeFrog Therapeutics est parvenue à produire un bioréacteur de 15 milliards de cellules en une semaine © TreeFrog Therapeutics

En 2021, TreeFrog Therapeutics est parvenue à produire un bioréacteur de 15 milliards de cellules en une semaine © TreeFrog Therapeutics

30 à 40 recrutements

Après avoir travaillé sur un traitement de la maladie de Parkinson, qui permet de remplacer les cellules responsables du déficit en dopamine à l’origine de la maladie, TreeFrog va donc s’atteler avec Vertex au développement d’un traitement du diabète de type 1, visant à compenser la destruction des groupes de cellules du pancréas chargés de produire l’insuline.

Notre technologie est applicable à tous les types d’indication

« Nous continuerons en parallèle à travailler sur nos propres programmes thérapeutiques, car notre technologie est applicable à tous les types d’indication, comme les maladies hépatiques ou cardiovasculaires », continue Maxime Feyeux. Pour cela, l’entreprise, qui compte 125 collaborateurs, dont une douzaine à Boston (« capitale des acteurs de la biologie cellulaire ») et un à Kobé, au Japon (« pionnier des thérapies cellulaires »), prévoit de recruter entre 30 et 40 personnes en 2024. « Nous avons des besoins à tous les niveaux », prévient le directeur scientifique.

TreeFrog Therapeutics en chiffres

Date de création : 2018

Effectifs : 125 collaborateurs

Implantations : Pessac, Boston, Kobé

Fonds levés depuis 2018 : 82 millions de dollars