Si les premières expériences d’économie comportementale datent des années 1940, et sont auréolées du prix Nobel d’économie de 2012 et 2019*, le laboratoire d’expérimentation de l’ESSCA – School of Management est tout simplement unique en France. Inauguré en octobre 2021, « l’ESSCA-Lab est une plateforme d’expérimentation comportementale qui, comme dans les sciences dures, permet de reproduire, dans un environnement contrôlé, des situations de la vie réelle, afin d’observer les comportements », décrit Jérémy Celse, enseignant-chercheur en statistiques, éthique et macro-économie au campus bordelais de l’ESSCA depuis 2 ans. « Le but est de comprendre comment les gens prennent des décisions, puis de chercher des solutions pour les modifier si c’est nécessaire », continue-t-il.
Grâce à ce laboratoire, qui existe en version physique au campus ESSCA de Lyon, où il est truffé de caméras et fournit de nombreux indicateurs, mais également en version mobile à Bordeaux, permettant d’aller sur le terrain, ce jeune chercheur vient de publier plusieurs articles de recherche sur la fraude ou encore le management, « qui offrent à l’ESSCA une certaine reconnaissance académique internationale, qui est importante pour nous », indique Brigitte de Faultrier, directrice du campus de Bordeaux. En effet, l’ESSCA détient 3 accréditations internationales : une « triple couronne » que porte seulement 1 % des écoles de commerce dans le monde.
Le but est de comprendre comment les gens prennent des décisions, puis de chercher des solutions pour les modifier
- Tous les candidats qui participent aux expérimentations sont rémunérés © D. R.
- © D. R.
CONVENTION DE 3 ANS AVEC LA SNCF
« Le recherche nourrissant les enseignements », rappelle également Brigitte de Faultrier, ce laboratoire est devenu pour le jeune professeur un moyen d’illustrer de façon concrète ses cours d’éthique, durant lesquels il « prépare les étudiants au fait que le choix de la moralité n’est pas que conscient ». C’est ainsi qu’il y a quelques mois, Jérémy Celse a proposé ses services à différentes entreprises, et finalement signé une convention de 3 ans avec la SNCF Grand-Est pour réaliser une étude sur la fraude dans les gares. L’expérience est simple, la méthodologie précise. Après avoir défini le thème et le comportement à observer (ici, la fraude), un jeu de base (généralement préexistant) permettant de connaître les décisions prises par les personnes observées est choisi. Il peut s’agir par exemple d’un jeu de lancer de pièces, « dont la loi statistique est d’une chance sur 2 de tomber sur pile », précise l’enseignant-chercheur.
Puis des variables de manipulation sont établies. « Par exemple, on ne les surveille pas, et on indique aux gens qu’à chaque fois qu’ils tombent sur pile, ils reçoivent un euro. 80 % d’entre eux vont alors tricher un petit peu », assure Jérémy Celse. La taille de la cohorte (plusieurs centaines de personnes) est ensuite définie et les gens qui vont participer à l’expérience sont recrutés. Il s’agit principalement d’étudiants de l’ESSCA, de personnes âgées, de « clickers » sur Inte…