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Immobilier : Attention danger !

Les professionnels de l’immobilier se sont réunis le 4 octobre pour tirer la sonnette d’alarme. Maintien du prêt à taux 0, maîtrise des coûts de production ou échelonnage du calendrier énergétique. Ils ont plaidé pour une série de mesures à mettre en œuvre rapidement.

Immobilier

Les professionnels du bâtiment réunis le 4 octobre © DR

Comme on dit : « Quand le bâtiment va, tout va », le bâtiment ne va plus bien et les professionnels redoutent un effet domino aux conséquences dramatiques. « Nous tirons la sonnette d’alarme. » La mine était grave lors du point presse réunissant les professionnels de l’immobilier.

Nous appelons les élus à prendre conscience de la gravité de la casse économique et sociale si on ne prend pas des mesures immédiates

TOUS UNIS

Étaient présents à cette réunion autour de Thierry Leblanc (président de la FFB, Fédération Française du Bâtiment), les présidents des différentes confédérations : Frédéric Lesvignes, (FNAIM -Fédération Nationale de l’Immobilier – Gironde), Jérôme Banderier (UNAM, aménageurs), Mathias Saura (MEDEF Gironde), Pierre Vital (FPI – Fédération des promoteurs Immobiliers – Nouvelle-Aquitaine), Cécile Despons (CPME – Confédération des petites et moyennes entreprises- Gironde) et Franck Schikowski (FFB – Aménageurs, constructeurs, promoteurs et rénovateurs – Gironde). Ainsi que Muriel Boulmier (Union Régionale HLM Nouvelle-Aquitaine) et Sophie Hopensztand (ARIA – Association Régionale de l’Ingénierie d’Aquitaine) en visioconférence. Leur mot d’ordre : « Crise du logement : tous concernés, tous unis ! »

65 000 PERSONNES EN ATTENTE

Chacun y est allé de son bilan personnel : « Nous appelons les élus à prendre conscience de la gravité de la casse économique et sociale si on ne prend pas des mesures immédiates », a remarqué Thierry Leblanc. « Le ralentissement économique est perceptible dans l’immobilier : le secteur est quasiment à l’arrêt », a renchéri Mathias Saura, « La demande de logement augmente alors que la production baisse. En Gironde, 65 000 personnes sont en attente d’un logement social ». « 12 % des étudiants abandonnent parce qu’ils n’ont pas trouvé de logement. 6 000 sont en recherche en Gironde », a déploré Cécile Despons. « 50 % des futurs acquéreurs ne trouvent pas de financement pour leur dossier », a prévenu Jérôme Banderier. « Les banques financent un capital alors qu’elles devraient financer un usage. »

EMPILEMENT DE NORMES

« Plus le logement est socialement utile, plus il est imposé », s’est désolé Frédéric Lesvignes, « Le parc de logements en location est en train de baisser, on n’a jamais vu ça. » Pierre Vital est quant à lui revenu sur les passoires thermiques : « La décarbonation est un enjeu majeur. Mais cela pourrait entraîner la suppression de 5 millions de logements d’ici 2024, ce qui va impacter les petits budgets », regrettant également que les opérateurs ne soient pas mieux accompagnés. Quant à Muriel Boulmier, elle a relevé l’effet ciseau : les Français veulent accéder à la propriété mais ne peuvent plus emprunter. Et comme les listes d’attente s’allongent et qu’ils ne peuvent plus accéder à la propriété, les locataires ne veulent plus bouger ». Sophie Hopensztand a de son côté mis en avant l’empilement des normes : environnementales, sociales, mais aussi les labels nationaux ou locaux : « Il y a nécessité de les coordonner », a-t-elle plaidé.

PRÊT À TAUX ZÉRO

Face à ce constat alarmant, les professionnels ont donné des pistes de réflexion : à commencer par le maintien et l’élargissement du prêt à taux 0 pour tous les types de logements. Assouplir le crédit, « y compris pour les droits de succession s’il y a réemploi du bâtiment », a soutenu Jérôme Banderier. « Il faut une révision du soutien à la rénovation énergétique », a demandé Muriel Boulmier. « La loi climat et résilience est à revoir car elle a été faite dans l’urgence, cela électrise le débat », a estimé la présidente de l’Union régionale HLM. Une proposition reprise avec un report du calendrier. La FNAIM a également demandé la création d’un statut du bailleur privé. Une proposition reprise par la FFB qui demande aussi le retour au Pinel. Les différents acteurs ont aussi demandé une maîtrise du coût des matériaux chez les grands distributeurs, ainsi que celle du prix du foncier. « Si on ne prend pas des mesures immédiates, l’inertie du marché va engendrer des licenciements et des faillites. Des décisions chocs s’imposent », ont conclu les intervenants.

 

LA SITUATION EN GIRONDE

Taux de désistement : 10 % à 50 % les 2 derniers trimestres

Volumes : – 40 % de réservations brutes sur les 2 derniers trimestres

Permis de construire : – 27 %

Mises en chantiers : – 32 % sur un an glissant

Rénovation énergétique : + 1,4 % sur les 12 derniers mois

Logements neufs métropole : 8 200 en 2022 à 10 500 en 2019