Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Nicolas Pagès, le médecin qui veut changer la santé

Actuellement en dernière année d’internat de médecine, Nicolas Pagès a créé en 2017 la start-up e-santé Satelia, qui repose sur l’humain plutôt que la technologie. Son ambition : participer à créer la santé de demain, plus humaine et inclusive. Retour sur son parcours.

Nicolas Pagès, cofondateur de Satelia Bordeaux

Nicolas Pagès, médecin anesthésiste-réanimateur et cofondateur de Satelia © D. R.

Il a été nommé en 2020 par le magazine Forbes parmi les 30 de moins de 30 ans qui comptent en France. Il obtiendra en 2021 son diplôme de médecin anesthésiste-réanimateur après 11 ans d’études. L’année s’annonce une nouvelle fois riche pour Nicolas Pagès, qui a créé en 2017 à Bordeaux la start-up Satelia, avec l’ambition de « changer la santé et de la rendre un peu plus belle, un peu plus humaine », confie-t-il. Rien d’impossible pour ce jeune trentenaire hyperactif, qui a le goût du risque – il a pratiqué la moto, le parachutisme, l’apnée et la plongée profonde – et surtout une formidable force de travail. Poussé par l’ambition originelle « de créer des choses qui pourraient changer le monde », il entre en médecine à Bordeaux après le bac sur les conseils de ses professeurs. Ce fils d’un gendarme et d’une secrétaire né en Nouvelle-Calédonie termine sa première année major de promotion, devant 3 000 étudiants, et se met à travailler durant l’internat à la création de son entreprise. « J’ai arrêté mes études de médecine pendant 2 ans, en neuvième année, pour monter ce projet qui me tenait vraiment à cœur », précise-t-il. Ce qu’il souhaite, c’est changer l’approche du soin, pas seulement en augmentant l’espérance de vie, mais en améliorant la qualité de vie des patients.

Nous devons être moins tech. Le numérique doit être plus pragmatique et au service de l’humain

Nicolas Pagès, cofondateur de Satelia

Nicolas Pagès, médecin anesthésiste-réanimateur et cofondateur de Satelia © D. R.

INTERFACE HUMAINE

C’est pour eux qu’il a pensé son produit. « Pour concevoir Satelia, on est parti de ce qu’on voyait sur le terrain : la majeure partie des patients est âgée ou dans l’impossibilité médicale de se servir d’outils technologiques. » C’est pourquoi une personne sur deux dans l’entreprise, dont l’activité consiste à faire de l’analyse de risque dans différentes pathologies, sans utiliser d’objet connecté, est une infirmière (il en a embauché 18, dont 12 en 2020) ou un médecin (ils sont au nombre de 4).

« Les infirmières se chargent de faire l’interface avec les patients les plus fragiles. On crée du lien en misant tout sur l’humain plutôt que sur la technologie et ça change la donne », assure Nicolas Pagès, dont les applications de suivi en cardiologie ont été parmi les premières à être remboursées par la Sécurité sociale (depuis 2018), et qui revendique ce modèle économique singulier.

« On ne cherche pas à vendre, c’est d’ailleurs pour cela qu’on n’a pas une histoire de levée de fonds énorme », tient à préciser le jeune médecin. La crise sanitaire, qu’il a subie de plein fouet sur le terrain, au service de réanimation thoracique du CHU de Bordeaux pendant le premier épisode Covid, et en réanimation à l’hôpital de Libourne durant le second, a confirmé ses orientations : « Nous devons être moins tech. Le numérique doit être plus pragmatique et au service de l’humain », tranche-t-il.

DÉCLICS

Son projet, le jeune médecin l’a mûri au fil de ses différentes rencontres, au sein du CHU de Bordeaux, avec Anne Ferrer notamment, ancienne directrice des finances aujourd’hui directrice générale adjointe du CHU de Toulouse ; avec des membres de l’Agence régionale de santé, comme Benoît Elleboode, alors directeur médical, aujourd’hui directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, « qui a participé à forger ce projet e-santé dont le caractère principal n’est pas technique, mais véritablement de santé » ; ou aujourd’hui Yann Bubien, « l’une des rares personnes derrières lesquelles je m’aligne », affirme-t-il. Et si ses études de médecine lui ont avant tout « appris à apprendre », c’est son expérience à la tête de la prépa de médecine Médical Science, à Bordeaux, qui l’a initié à l’entrepreneuriat. « L’animation de cette structure, dont j’ai été directeur pendant plus de 6 ans, m’a permis d’acquérir des compétences sur ce qu’était un budget, la gestion des ressources humaines… C’est ma première expérience extra-médicale », explique-t-il.

Pour réussir à changer les choses, il faut être entouré : tout ce qui compte, c’est l’équipe

L’autre déclic, ce sont les hackathons santé organisés par la Région Nouvelle-Aquitaine au CHU de Bordeaux, qui lui ont montré « qu’avec la bonne équipe, des ingénieurs, des designers, des médecins et une idée, on pouvait faire des choses incroyables ». Cette notion d’équipe est restée ancrée chez Nicolas Pagès, et celui qui a temporairement laissé les rênes de son entreprise – dont il reste président – à ses cadres, pour terminer sereinement ses études, l’assure : « pour réussir à changer les choses, il faut être entouré : tout ce qui compte, c’est l’équipe ».

REMERCIEMENTS

Animé par « la gratification d’avoir aidé les gens », Nicolas Pagès, qui travaille 7 jours sur 7 et se consacre à Satelia le soir après ses heures de travail à l’hôpital, l’admet : « Leurs remerciements, c’est ce qui m’engage à continuer, à me lever tous les matins et à donner un peu plus que la moyenne des gens ». Et s’il assure ne pas faire tout cela « pour la reconnaissance, l’argent ou le pouvoir », le jeune homme, qui habite toujours dans son appartement d’étudiant près de l’hôpital Pellegrin à Bordeaux, a désormais l’ambition de terminer ses études et de continuer d’exercer. « Je suis médecin avant tout », dit-il. Son diplôme lui donnera aussi « la crédibilité et la légitimité » qui lui permettront de « faire partie de ces hommes et femmes qui ont véritablement changé les choses ».

 

SATELIA EN CHIFFRES

Date de création : 2017

40 salariés, dont 18 infirmières et 4 médecins

3 600 patients déjà suivis

8 applications de suivi médical

3 applications de suivi remboursées en cardiologie

183 établissements de santé utilisateurs

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