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Conjoncture : Les prévisions revues à la baisse en Nouvelle-Aquitaine

La Banque de France et la CCI régionales ont présenté leurs perspectives économiques de mi-année le 17 septembre. Si l’ensemble des secteurs ont revu leur niveau d’activité à la baisse, la plupart des chefs d’entreprise misent sur le maintien de leur rentabilité. Témoignant de la résilience de l’économie régionale.

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« L’évolution des prévisions économiques à mi-année n’est pas favorable », a prévenu d’emblée Marie-Agnès de Montbron, directrice régionale de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, le 17 septembre, dans les locaux de l’institution, à Bordeaux. « Nous souffrons sur le plan économique et politique, mais nous sommes résilients », a-t-elle tempéré. La croissance française devrait rester positive, même si elle devrait être en dessous de celle de la zone euro, avec des prévisions révisées à 0,7 % pour 2025, et 0,9 % pour 2026 (1).

Manque de confiance

En dépit d’indicateurs encourageants, le pays souffre « d’un état d’esprit pessimiste et d’un manque de confiance qui entraînent une baisse de la consommation et une hausse de l’épargne. Et par conséquent un niveau d’incertitude très élevé pour les chefs d’entreprise », constate Marie-Agnès de Montbron. « La stabilité de la politique nationale retrouvée et l’absorption de la hausse des droits de douane américains devraient redonner de la confiance », espère-t-elle.

Parmi les difficultés les plus rencontrées par les dirigeants néo-aquitains : une baisse très nette de la demande, un poids des charges trop lourd et des difficultés de recrutement. En revanche, « les difficultés d’approvisionnement sont derrière eux », remarque Jean-François Cledel, président de la CCI Nouvelle-Aquitaine, qui présentait son baromètre économique (2). Et si les chefs d’entreprise sont 7 sur 10 à rester confiants dans l’avenir de leur activité (un niveau aussi bas que pendant la crise sanitaire), ils sont près de 80 % à ne pas avoir confiance dans l’économie française (un niveau bien plus bas que pendant cette même période).

Baisse d’activité

Dans le détail selon la Banque de France, le secteur industriel a revu ses prévisions de croissance de chiffre d’affaires à la baisse à mi-année (passant de + 2,6 % attendus à – 1,7 % estimé), en particulier l’industrie alimentaire et sa filière boissons alcooliques. Malgré tout, les trois quarts des entreprises industrielles s’attendent à maintenir, voire améliorer leur rentabilité. « L’indice de confiance des industriels se situe au-dessus de la moyenne des autres secteurs », constate Martine Domecq, responsable information économique à la CCI NA.

Trois quarts des entreprises industrielles s’attendent à maintenir, voire améliorer leur rentabilité

Même tendance pour les services marchands, dont la rentabilité devrait être préservée, malgré des prévisions de croissance d’activité (+ 2,5 % en début d’année) revues à la baisse (- 0,7 %). L’intérim et le transport routier de marchandises sont particulièrement touchés par le contexte. « On remarque également la situation délicate des cafés-hôtels-restaurants (CHR), dont la fréquentation a nettement diminué », souligne Martine Domecq.

Le BTP très touché

Le secteur de la construction est celui qui réajuste le plus fortement ses prévisions, avec un chiffre d’affaires en recul de 5,3 %, contre une baisse de 1,7 % attendue début 2025, et une dégradation nette de la rentabilité des entreprises. « Dans le bâtiment, le gros œuvre (- 8,2 %) et le second œuvre (- 5,3 %) sont très impactés. Tandis que les travaux publics subissent les incertitudes sur les budgets des collectivités (- 0,4 %) », détaille Quitterie Gondellon-Pegue, directrice des affaires régionales à la Banque de France Nouvelle-Aquitaine.

Dans le commerce enfin, l’ensemble des secteurs, y compris le commerce de détail alimentaire, qui résistait jusqu’ici, anticipent une dégradation de leur chiffre d’affaires et de leurs indicateurs financiers en 2025.

Résilience

Si « la Nouvelle-Aquitaine est encore plus climatodépendante que les autres régions », remarque François Savary, adjoint à la directrice régionale de la Banque de France, « l’économie régionale conserve un certain nombre d’atouts. La diversification des secteurs économiques lui permet d’être résiliente malgré tout », conclut Marie-Agnès de Montbron.