« Cannabis sativa L ». Le nom scientifique du chanvre cultivé est évocateur. Cette plante dépolluante aux multiples qualités « ne nécessite pas d’intrants, pas de pesticides, n’a besoin que de très peu d’eau et représente une diversification pour les agriculteurs », rappelle Virginie Thomas, qui pilote la mission de structuration de la filière chanvre en région Nouvelle-Aquitaine. Le chanvre, qui « entre parfaitement dans la feuille de route Néo-Terra », estime-t-elle, a également un potentiel économique réel, chacun des éléments de la plante pouvant être valorisé : des racines aux fleurs, en passant par la tige, la graine et les feuilles ; dans des filières aussi différentes que porteuses : bâtiment, papeterie, alimentation, textile, cosmétiques et bien-être.
Cette dernière catégorie recouvre ce qui contient la molécule de cannabidiol, autrement appelée CBD, vendue sous forme de boissons, e-liquides et huiles sublinguales. « Le CBD est une molécule psychoactive extraite de la plante de chanvre, à laquelle on prête des propriétés apaisantes, relaxantes ou qui vont permettre une détente musculaire », explique Gaspard Duval, cofondateur de l’entreprise Baga Boissons, basée à Bordeaux, qui produit des tisanes froides à base de CBD. « Mais contrairement à l’autre molécule plus connue, le THC, le CBD n’est pas psychotrope », précise-t-il.
CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES

Raphaël de Pablo cofondateur de La Ferme Médicale © La Ferme Médicale
La subtilité est importante, car si le CBD et le THC font partie des centaines de cannabinoïdes naturellement présents dans la plante de chanvre, il est en revanche interdit d’importer ou de cultiver sur le territoire des variétés qui présentent un taux de THC supérieur à 0,2 %, considérées comme stupéfiants. Et la transformation ainsi que la valorisation de la fleur de chanvre, dans laquelle se trouvent les cannabinoïdes, sont strictement prohibées en France. « Il y a une vingtaine de variétés de chanvre autorisées dans le catalogue français, chacune étant associée à un itinéraire cultural, en fonction de ses débouchés », détaille Raphaël de Pablo, cofondateur de La Ferme Médicale, qui cultive en Gironde un chanvre destiné à la production de CBD, utilisé dans des huiles vendues en pharmacie. Mais qu’il ne peut pas extraire en France : « On a interdiction de détacher la fleur de la plante et de la travailler. On est donc obligés d’envoyer la plante entière dans un autre pays d’Europe, où elle est transformée, pour ensuite importer les produits finis à base de CBD », décrit-il. Un process…