Echos Judiciaires Girondins : Nous vivons maintenant depuis un an avec cette crise sanitaire du Coronavirus qui a entraîné une crise économique d’envergure planétaire. Selon l’Insee, l’économie française a subi une récession massive en 2020 avec une chute du PIB de 8,3 %, qui est toutefois moins mauvaise que ce qu’anticipait l’institut. Quel regard portez-vous sur cette période troublée, vous qui accompagnez les chefs d’entreprises ?
Christophe Puel : « Je dirai qu’il y a plusieurs façons de voir les choses : une analyse sectorielle consisterait à dire que certaines industries ont été fortement touchées, avec un coup d’arrêt net et soudain de leur activité (je pense à l’aéronautique, l’hôtellerie, le tourisme, …), tandis que d’autres ont pu tirer leur épingle du jeu.
En analysant les choses avec une granularité plus fine, au-delà de leur appartenance à certains secteurs, nous constatons que certaines entreprises ont été plus fortement touchées car elles ont dû faire face à des difficultés ou des situations qui étaient déjà délicates avant la crise (outils et process encore faiblement digitalisés, faible trésorerie, relations contractuelles tendues, climat social difficile, etc.). Autrement dit, nous constatons que cette crise met en exergue des modèles qui atteignent parfois leurs limites, et que l’analyse économique doit être accompagnée d’une analyse plus organisationnelle et humaine des situations. Compte tenu des aides qui ont été dispensées sur certains secteurs, les effets de la crise tardent à se matérialiser. Comme beaucoup, nous attendons de voir comment les choses vont évoluer dans les prochains mois. »
Nous pourrions déplorer le manque d’aides sur la prise en charge des loyers
EJG : La récente apparition des variants du virus et la crainte d’une saturation des hôpitaux ont conduit le gouvernement à confiner les Français plusieurs fois et à instaurer des mesures de couvre-feu très restrictives. Comment vous et vos équipes vivez cette période d’incertitude faite aussi de télétravail, de visios et de distanciation sociale ?
Christophe Puel : « Notre souci premier est de pouvoir accompagner nos clients. Grâce à notre modèle de fonctionnement au sein du cabinet, nous étions déjà, avant cette crise, assez mobiles et habitués à travailler à distance. Malgré cela, la crainte du virus, l’arrêt de l’économie et le confinement total de mars à mai 2020 ont perturbé nos habitudes de travail, et nous ont poussé à nous adapter rapidement. Les mesures de restriction qui ont suivi (couvre-feu, nouveau confinement…) n’ont d’ailleurs eu qu’un impact très limité sur notre activité. Dans leur nécessité à se restructurer ou à rebondir, un grand nombre de nos clients a encore plus besoin du regard extérieur de l’avocat ; nos quotidiens sont impactés, mais en compensation, nous sommes encore plus valorisés. Notre métier est définitivement au cœur des enjeux de l’entreprise, et c’est souvent dans la difficulté que les relations de confiance se renforcent. L’expansion du recours à la visio a réduit les distances, ce qui nous permet parfois d’échanger avec nos clients plus souvent qu’on ne les rencontrait auparavant. Cela étant dit, nous faisons également le constat que rien ne remplace les échanges physiques, vecteurs de fluidité et générateurs d’activité et de travail en équipe. Cette crise a fait prendre conscience du besoin d’échange et de convivialité au travail, et même si nous vivons assez sereinement la situation actuelle, nous avons comme tout le monde très envie d’un retour à une vie plus « normale ». »
EJG : Depuis mars 2020, à situation exceptionnelle, le gouvernement a mis en œuvre un plan d’aide aux entreprises exceptionnel. Quel est votre sentiment sur cette politique menée, y avait-il selon vous d’autres choix ?
Christophe Puel : « Nous vivons depuis mars 2020 une crise inédite et mondiale. Il est bien délica…