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[ Gironde, terre d’édition ] Editions Finitude, les incontournables

Gironde - Privilégiant une littérature de qualité et une « famille » d’auteurs qui leur ressemble, les éditions Finitude se sont peu à peu imposées comme des acteurs incontournables du milieu littéraire.

Boizet, éditions Finitude

Emmanuelle et Thierry Boizet, fondateurs des éditions Finitude © Nathalie Vallez

Coup de bol ou coup de génie ? Emmanuelle et Thierry Boizet ont toujours travaillé ensemble, même si leurs études (lui d’ingénieur, elle de droit et histoire de l’art) ne les prédestinaient pas vraiment à lancer une maison d’édition ! « Tout a commencé sur un malentendu », s’amusent-ils de concert. Finitude, c’est d’abord le nom d’une revue d’étudiant, puis de la librairie de livres anciens qu’ils tiennent à Bordeaux. Au début des années 2000, ils commencent à « bricoler » des petits livrets : « des petits textes inédits trouvés dans des revues littéraires », précise Emmanuelle Boizet. L’argent récolté est réinvesti jusqu’à l’édition de leur premier livre en 2002, « Tout est parti d’un billet de 20 € », s’excuse presque Thierry Boizet. Vingt services de presse sont envoyés. Un mois plus tard, l’édition du recueil de nouvelles de l’auteur bordelais Jean Forton obtient des critiques dans Le Monde, Libération, L’Obs, Télérama et Le Figaro. Le coup d’essai est un coup de maître, les éditions Finitude entrent directement dans la cour des grands. « Un coup de bol », s’interroge encore Thierry Boizet.

UN BOJANGLES TANT ESPÉRÉ

Dès lors, les critiques et bientôt les libraires suivent toutes leurs parutions. Les premières années, les éditions Finitude vont publier essentiellement des auteurs morts : peu de rééditions mais beaucoup d’inédits du patrimoine littéraire.

« On savait fouiller », glisse Thierry. Identifiés éditeurs de livres anciens, ils reçoivent peu de textes de leurs contemporains. « Aujourd’hui, c’est l’effet inverse ! », soupirent-ils alors que des piles de manuscrits jonchent les abords de la pièce.

Car entre-temps, il y a eu le phénomène Bojangles : « On ne fait plus le même métier qu’au début », reconnaît Thierry. Déjà en 2012, les éditions Finitude décrochent le prix de Flore en publiant le premier roman d’Oscar Coop-Phane, tout jeune auteur plein d’avenir. En 2015, ils sentent que quelque chose est en train de « s’enclencher ». Deux parutions dépassent les 10 000 exemplaires, jusqu’à la parution l’année suivante d’En attendant Bojangles. « Il avait été refusé par toutes les grosses mai- sons d’édition, mais ça on ne le savait pas », sourit Thierry Boizet,  « Quand j’ai appelé Olivier Bourdeaut, il a d’abord cru à une plaisanterie ! ». Le roman d’abord tiré à 3 000 exemplaires sera finalement vendu à 360 000 plus 470 000 poches !

Le roman En attendant Bojangles, d’abord tiré à 3 000 exemplaires, sera finalement vendu à 360 000 plus 470 000 poches.

1 200 MANUSCRITS PAR AN

La petite maison d’édition a ainsi pris son envol : « Le regard des auteurs a aussi changé », souligne Thierry Boizet. Ils savent qu’ils peuvent faire de gros scores, être retenus pour des prix littéraires.

« Les auteurs Finitude, c’est une grande famille ! » Pour autant, pas de contrat d’exclusivité : « Lorsque Oscar Coop-Phane a signé chez Grasset, on l’a compris, et on continue de le lire ». Alors qu’il y a une dizaine d’années, ils couraient après 5 000 exemplaires, aujourd’hui, il n’est pas rare que leurs derniers ouvrages oscillent entre 10 000 et 30 000. Rançon du succès : ils reçoivent environ 1 200 manuscrits par an. Ils se partagent ainsi les tâches, Thierry plutôt la partie technique : mise en pages, graphisme, fabrication… et Emmanuelle la partie commerciale et communication. Sans oublier une 3e personne en renfort au sein de ce binôme créatif. Pour eux, hors de question de céder aux modes ou tendances sociétales. Ils gardent un niveau d’exigence élevé, privilégiant la qualité de l’écriture. Et si on avance l’idée d’osmose ? « On est toujours d’accord sur ce qu’on n’aime pas. Parfois, ça discute un peu sur la pertinence de telle ou telle publication ! »

1re parution : « Pour passer le temps de Jean Forton. David Vincent de L’Arbre Vengeur (qui n’était pas encore éditeur) nous a fait découvrir ce recueil de nouvelles inédites. »

Votre best-seller : « En attendant Bojangles ! C’est Emmanuelle qui a été persuadée de l’importance de cette parution. »

Votre coup de cœur : « Pour moi, le plus grand livre publié c’est Jérôme de Jean-Pierre Martinet (2008). Il est littérairement tellement puissant. » (Thierry) « Pour moi, pas en tant qu’éditrice mais en tant que lectrice, c’est Du fond de mon cœur, une correspondance inédite de Jane Austen. Jamais je n’avais imaginé tomber sur des textes inédits. Ce sont les lettres à ses nièces éditées en 2015. » (Emmanuelle)

Prochain à paraître : « Lonely Betty de Joseph Incardona, déjà édité il y a 20 ans et épuisé depuis. On l’a fait illustrer par un dessinateur suisse, Thomas Ott, qui est absolument génial. C’est une parodie de polar avec tous les clichés du genre. C’est très drôle et très malin. »

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