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[ La relève ] Santé : Louise attaque l’infertilité

BORDEAUX - Avec leur start-up Louise, Atlal Boudir et Anaïs Grimal développent des solutions logicielles afin de mieux identifier, diagnostiquer et traiter l’infertilité.

start-up Louise, Atlal Boudir, Anaïs Grimal infertilité

Anaïs Grimal et Atlal Boudir © Louise

Echos Judiciaires Girondins : Comment fonctionne votre solution destinée à accompagner l’infertilité ?

Atlal Boudir : Je développe, avec mon associée Anaïs Grimal, des dispositifs médicaux logiciels afin de mieux identifier, diagnostiquer et traiter l’infertilité. Notre nom fait référence à Louise Brown, le premier bébé conçu grâce à l’assistance médicale à la procréation (PMA). Nous aidons les hôpitaux et cliniques à créer et structurer la donnée à travers une plateforme numérique. Nous utilisons des algorithmes qui voyagent entre les établissements et qui apprennent de la donnée de chacun sans que cette dernière ne soit jamais partagée, pour le respect du patient. Dans un premier temps, nous réalisons un outil d’aide à la décision clinique : l’objectif étant d’aider les professionnels de santé à diagnostiquer et traiter les personnes infertiles. Nous individualisons le traitement. Louise affichera, en s’actualisant tout au long du parcours de santé, les risques et opportunités du patient. Nous développons également un accès patient. La personne dispose d’un compagnon virtuel qui l’aide à suivre toutes les étapes de son parcours et les vulgarise tout en étant en relation avec son professionnel de soin.

 

EJG : Votre application OLLY a été distinguée au Consumer Electronics Show (CES). De quoi s’agit-il ?

A. B. : Nous avons créé OLLY pour les personnes n’ayant pas accès à la plateforme Louise si leur professionnel de santé ne l’utilise pas. Cette application, disponible depuis le premier semestre 2024, a été nommée dans le top 5 des innovations utiles du CES Las Vegas de 2024. Notre offre grand public est totalement gratuite, afin de permettre à tous de bénéficier de ce que nous avons appris jusque-là.

© Louise

© Louise

EJG : Dans quels pays allez-vous déployer votre solution ?

A. B. : Notre siège social et nos bureaux se trouvent à Bordeaux, mais notre solution n’est pas utilisée en France pour le moment. Nous regardons principalement l’Europe, comme l’Espagne qui est un pays clé de la PMA. Je reviens également d’un mois aux États-Unis, où nous étions en discussion avec quelques établissements.

 

EJG : Comment vous êtes-vous financées ?

A. B. : Nous n’avions pas de fonds propres à investir lorsque nous avons démarré, ni de « love money » de la part de nos proches. Cela a été très difficile d’obtenir un prêt ou des subventions. Notre société n’aurait jamais existé sans notre première subvention de French Tech Tremplin, qui elle n’était pas conditionnée aux fonds propres. Cela nous a permis de faire le premier MVP (produit minimum viable) de notre outil ainsi que les premiers recrutements. Nous avons ainsi été soutenues par Bpifrance, et avons eu la Bourse French Tech Émergence de 90 000 euros. Nous sommes maintenant une équipe de douze personnes. Notre business model s’articule autour des établissements de soin, nous leur proposons des licences pour avoir accès à notre plateforme. Nous ne préférons pas afficher nos tarifs.

 

EJG : À quelle étape de votre développement êtes-vous ?

A. B. : Nous sommes en train de lancer des pilotes pour tester notre outil dans plusieurs pays. Notre objectif est de pouvoir diversifier très tôt la patientèle pour pouvoir identifier rapidement des éléments qui sont spécifiques à certains groupes. Nous voulons examiner ce que nous devons ajouter, enlever, travailler davantage, avant d’obtenir la certification du dispositif médical. À partir du moment où la demande de cette dernière sera lancée, notre produit ne pourra plus être modifié. Il doit donc être le plus parfait possible.

© Louise

© Louise

 

EJG : Quelles sont vos perspectives de croissance ?

A. B. : En cherchant à maximiser la diversité de la patientèle, nous allons avoir une importante période de dépenses et de R&D. Nous allons faire des levées de fonds successives, jusqu’à ce que nous puissions avoir un important partenariat, avec un laboratoire pharmaceutique par exemple ou avec des groupes de clinique. Nous sommes une deeptech, les sociétés telles que la nôtre ne réalisent pas de chiffre d’affaires avant plusieurs années. Idéalement, nous voudrions atteindre la rentabilité d’ici cinq ans.

 

EJG : Comment envisagez-vous les trois prochaines années pour votre start-up ?

A. B. : Nous ne savons pas encore exactement quand nous pourrons commercialiser notre produit, mais ce ne sera pas en 2024. Identifier l’infertilité comme un enjeu de santé publique est l’un des objectifs.

L’objectif est d’aider les professionnels de santé à diagnostiquer et traiter les personnes infertiles

Notre application OLLY a été nommée dans le top 5 des innovations utiles du CES Las Vegas 2024

Fiche d’identité

Nom des fondatrices : Atlal Boudir et Anaïs Grimal

Âge : 28 ans

Nom de l’entreprise : Louise

Date de création de l’entreprise : été 2022

Objectif : Solution logicielle permettant de mieux identifier, diagnostiquer et traiter l’infertilité.

« Nous avons saisi l’opportunité pour nous lancer ensemble »

Atlal Boudir découvre le milieu de la tech très tôt. Elle commence à coder dès ses 13 ans et vend ses services pour des sites en free-lance aux États-Unis à 14 ans. « Avant, les sites ne demandaient pas de pièce d’identité pour faire cela, ni les comptes bancaires en ligne américains », argumente-t-elle. Elle réalise ensuite un master en sciences cognitives et un autre en affaires économiques, à l’université de Bordeaux. Au cours du confinement en 2020, elle participe au hackathon Start in Saclay, où une thématique santé est proposée. C’est là qu’elle rencontre son associée : « Je cherchais une partenaire, et une amie m’a conseillé d’appeler Anaïs Grimal », explique Atlal Boudir. Les deux entrepreneuses n’avaient pas envisagé de continuer après ce marathon. « Elle devait partir au Canada, j’avais un projet à Zurich. Nos deux projets sont tombés à l’eau au même moment, et nous avons décidé de saisir l’opportunité pour nous lancer ensemble », se souvient la cofondatrice. Ainsi, elles sont incubées par l’université de Bordeaux, à UbiLab. Les deux associées se rencontrent pour la première fois en 2021, lors d’un événement à La Rochelle, puisqu’Anaïs Grimal habite à Lyon. Louise est officiellement immatriculée à l’été 2022. La start-up a été accompagnée par Unitec Bordeaux et désormais par Station F à Paris.