« Notre métier est nécessaire. Invisible, mais essentiel. Et nous le faisons de manière propre et sous pavillon français », clame Laurent Bozzoni, directeur général de l’armateur pétrolier bordelais Socatra. Groupe familial 100 % indépendant, présidé par son père, Fernand Bozzoni, et créé en 1977 par son grand-père Angelo Bozzoni sur les allées de Tourny, où se trouve toujours son siège, Socatra est aujourd’hui l’un des derniers armateurs pétroliers français.
Spécialisé dans le transport de pétrole raffiné (essence, gazole, naphta ou fuel), mais aussi le stockage d’hydrocarbures, avec deux dépôts à La Rochelle et Mont-de-Marsan, Socatra met ses navires à la disposition de ses clients. « Nos affréteurs, qui sont les propriétaires des cargaisons que nous transportons par voie maritime et que nous pouvons stocker, sont les grandes compagnies pétrolières : Total, Shell, BP, Exxon… ; et les traders, des négociants de matières premières et de pétrole comme Trafigura, Vitol ou Glencore, qui achètent et vendent des cargaisons », explique Laurent Bozzoni. Si « l’armement pétrolier est un métier avec des actifs d’un côté et de la dette de l’autre », poursuit-il, le chiffre d’affaires de Socatra atteint environ 100 millions d’euros par an, « avec un EBE porteur, dans un bon marché », détaille-t-il.

« L’Alcyone », navire de 50 000 tonnes opéré par Socatra en sortie de chantier en 2022 © DR
300 millions de dollars d’investissement
Les actifs de Socatra, ce sont les 15 navires qui ont effectué plus de 200 voyages en 2023, et transporté environ 5 milliards de litres d’essence. Actuellement ramenée à 10 navires, la flotte du groupe est composée de 5 caboteurs d’une capacité de 8 000 tonnes faisant du ravitaillement port à port déployés dans le Pacifique, à Madagascar et en Méditerranée ; et cinq navires de trading d’environ 50 000 tonnes opérés sur le marché mondial sur de longues distances. « Nous avons également sept navires de différentes tailles en commande qui seront livrés courant 2025. Et nous avons le projet d’acquérir quatre à six navires supplémentaires ensuite », précise le directeur général de Socatra.
Sept navires de différentes tailles sont également en commande et seront livrés courant 2025
Pour financer ces nouveaux navires, dont l’investissement représente environ 300 millions de dollars, l’armateur a pu compter sur ses clients affréteurs. « C’est un gros pari qui reste maîtrisé. Nous avons le soutien des compagnies pétrolières, avec qui nous avons passé des contrats pour l’emploi de ces nav…