C’est la reprise ! Après trois années sinistrées par le Covid, Bordeaux a retrouvé en 2023 son activité et son attractivité dans le tourisme d’affaires. « Bordeaux rayonne de plus en plus », confirme Stéphane Kintzig, directeur général de BEAM (Bordeaux Events and More).
« C’est une volonté politique exprimée dans la feuille de route de la Métropole associée à une jolie émulation entre les différents protagonistes du secteur. Quand il y a des appels d’offres, toute une équipe travaille, toute une destination est à l’unisson derrière une candidature, ça concourt beaucoup à l’attractivité de Bordeaux. »
Bordeaux Bienvenue
« La feuille de route, établie par l’Office de tourisme et la Métropole, pour un tourisme responsable compte 4 axes », note de son côté Amélie Déchénais, directrice du Bordeaux Convention Bureau, chargé de promouvoir le tourisme d’affaires et de faciliter l’organisation d’événements professionnels.
« Dans l’axe 3 dédié à la filière des rencontres professionnelles et à l’événementiel, on a pris un certain nombre d’engagements pour des pratiques environnementales et sociales plus vertueuses et la prospection d’événements. On a notamment un dispositif d’accueil pour les événements à haute valeur ajoutée : c’est Bordeaux Bienvenue ».
Associer les habitants
Ce dispositif offre un certain nombre d’avantages comme des pass transports, pavoisement dans la ville pour accueillir les congressistes et une communication sur les filières présentes. Concernant les congrès scientifiques, des conférences ouvertes au grand public peuvent être organisées.
« On a aussi un bon pôle de compétitivité de filières qui nous permet d’accueillir ces événements : laboratoires de recherche, industrie, écosystème… On a choisi de mettre en place le dispositif Bordeaux Bienvenue en communiquant auprès des habitants, ce qui est une de nos spécificités. Ça compte dans le choix », détaille Amélie Déchénais.
« Une démarche qui ne m’est pas étrangère puisque je suis vice-président de l’Office de tourisme », renchérit Stéphane Kintzig. « Bien accueillir les événements c’est vraiment notre priorité. »
1 700 chambres supplémentaires
La capacité d’accueil en chambres d’hôtels n’est plus un handicap selon lui. Depuis 2019, on compte 1 700 chambres en plus sur la totalité du parc hôtelier qui en compte 14 000. Il y a encore des rénovations d’hôtels et quelques ouvertures à venir.
« Ce qui est intéressant, c’est que maintenant on a des 5 étoiles dans chaque quartier de Bordeaux. Il y a aussi tous les châteaux réceptifs, qu’ils soient viticoles ou non, soit une vingtaine de propositions. On a beaucoup de demandes dans ce sens », souligne Amélie Déchénais.
Sur le bassin d’Arcachon, toute une offre hôtelière se développe et se rénove également.
Ceinture de transports
Côté infrastructures, le Palais 2 l’Atlantique livré en mai 2019 peut accueillir jusqu’à 6 000 participants (qui est la jauge maximale) et un projet de rénovation du parc des expositions doit être voté (cf. encadré). « Une association pour le tourisme d’affaires s’est montée à Bordeaux Lac, ajoute Stéphane Kintzig, réunissant les hôteliers, le casino, le stade, le palais des congrès, le golf pour avoir une proposition très complète. »
Une association pour le tourisme d’affaires s’est montée à Bordeaux Lac
Il y a aussi des salles qui veulent diversifier leur activité comme l’Arkea Arena ou le Rocher de Palmer qui se positionnent pour accueillir des événements professionnels.
Autre atout : le tramway relie l’aéroport au centre-ville. « Pour des gros événements, on met en place des navettes pour aller jusqu’à Bordeaux Lac. La métropole regarde pour créer une ceinture de transport mais ce n’est qu’à l’état d’étude », précise Amélie Déchénais.
Événements durables
« On reste dans un univers très concurrentiel où toutes les destinations ont de très beaux équipements, donc on essaie de se démarquer sur l’aspect développement durable et ce n’est pas de la communication », commente Amélie Déchénais. Dans le but de faciliter des événements plus durables, le Convention Bureau a référencé ses partenaires, les guide dans leurs pratiques et pour être écocertifiés. « On a sorti un guide pour organiser un événement responsable en 10 étapes clés. On essaie aussi de recenser des associations ou des initiatives car on a beaucoup de demandes d’animations solidaires. »
Un constat dressé également par Stéphane Kintzig : « Dans les critères de décision d’un événement, que ce soit du corporate ou un congrès, on voit de plus en plus émerger le niveau d’engagement en développement durable et social : cela concerne autant la réduction et le tri des déchets que l’approvisionnement en source renouvelable et la baisse de la consommation ».
3 900 événements
Après deux années caractérisées par les annulations dues à la crise sanitaire, l’année 2022 a marqué une première reprise : « On avait beaucoup de réservations, mais aussi beaucoup d’annulations », tempère Amélie Déchénais, car on était dans une période encore très incertaine. 2023 a été, de l’avis général, une très bonne année. « On a dépassé nos objectifs », note Stéphane Kintzig.
Les 2 dernières éditions du Jumping ont rassemblé 72 000 visiteurs sur 4 jours et ont dépassé tous les records de fréquentation. La fréquentation de la Foire internationale de Bordeaux est également remontée. Quant au salon d’art contemporain BAD +, il tiendra sa 3e édition du 31 mai au 2 juin au Hangar 14. À l’automne, de gros événements tels que le congrès des notaires ou Vinitech sont attendus.
« 2023 a été la vraie belle reprise avec 3 900 événements, note Amélie Déchénais, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2019 et une augmentation de 60 % par rapport à 2022. »
Il faudrait une trentaine de gros événements professionnels par an, on en compte une dizaine actuellement
Augmenter le volume
2024 s’annonce bien mais les grosses candidatures ayant repris en 2023, il faudra attendre 2 à 3 ans pour augmenter le volume. « On commence à voir revenir de gros dossiers. Il faudrait une trentaine de gros événements professionnels – qui comptent 2 000 à 3 000 personnes – par an, on en est à une dizaine actuellement », estime-t-elle.
La destination Bordeaux compte bien des atouts : « on devient incontournable au niveau du maillage européen, indique Amélie Déchénais, on a les accès, les équipements de congrès, l’hôtellerie, le développement durable qui est devenu un critère important. Bordeaux véhicule son nom en tant que marque mondiale. On a un bon équilibre sur le tourisme de loisir et d’affaires, se réjouit-elle. On a de bons retours car Bordeaux a les infrastructures d’une grande destination mais à taille humaine, avec un beau patrimoine vivant et un environnement attractif ».
On a maintenant des 5 étoiles dans chaque quartier de Bordeaux
3 questions à
Stéphane Kintzig, DG de BEAM, vice-président de l’Office de Tourisme et président des gestionnaires de sites.
Échos Judiciaires Girondins : Quel est le modèle de BEAM ?
Stéphane Kintzig : « Nous avons deux métiers, nous sommes à la fois producteurs et accueillants d’événements. Les événements annuels ne représentent que 25 % de notre activité. Nos équipes commerciales démarchent les congrès et salons qui tournent, nous répondons aux candidatures au niveau européen. Le Covid n’a pas vraiment bouleversé la manière dont on envisage les événements, mais, comme les déplacements sont plus rationalisés, ça a changé notre volonté de les scénariser pour les rendre plus puissants, plus interactifs. »
E.J.G. : Quelles sont les retombées économiques du tourisme d’affaires ?
S. K. : « Il y a un double effet. Pour faire vivre un événement, il faut toutes les infrastructures : hôtels, taxis, restaurants, gardiennage, hôtesses, créateurs et monteurs de stands, nettoyage. Ce sont les retombées directes. Une étude de notre fédération montre que 1 euro de chiffre d’affaires pour nous en provoque une dizaine sur le territoire. Quand nous on fait 30 millions de C.A., on peut estimer les retombées économiques autour de 300 millions. Et quand on accueille un événement, on met un coup de projecteur sur une filière d’excellence, qu’elle soit scientifique, médicale, sportive ou économique. Les flux d’affaire et bons de commandes signés sur le salon ont un gros impact sur les filières locales même si on ne peut pas le quantifier. Quand l’UAV Show se tient à Bordeaux, ça génère de l’activité pour toutes les entreprises dans le milieu du drone. Quand le Jumping a lieu, c’est toute la filière équine de Nouvelle-Aquitaine qui est mise en lumière. »
E.J.G. : Quels travaux sont prévus au Parc des Expositions ?
S. K. : « L’ambition de BEAM est d’accueillir beaucoup d’événements dans les meilleures conditions. Il y a une volonté de transformer le quartier en zone de multi-activités. On a toujours le cœur dédié à la partie congrès, expositions et tourisme d’affaires et y adjoindre d’autres services tels que des zones de bureau, des restaurants, éventuellement des centres de formation, tout ce qui peut compléter cet écosystème. Comme le parc appartient à la métropole, elle travaille dessus et ça doit passer en conseil au mois d’avril. Ça devrait commencer en 2027 et ça va dans le sens de l’ambition et de la politique métropolitaine d’accompagner le tourisme d’affaires avec un projet avant-gardiste. L’idée est de rendre le site plus attractif, plus fonctionnel, plus dynamique. Les halls 3 et 4 sont très fonctionnels et en très bon état. L’ancien hall 2 a été remplacé par le Palais 2 l’Atlantique. Celui qui est plus fatigué, c’est le hall 1 qui a été livré en 1969. Le problème vient du sol et de la structure métallique trop fine. Il faut le rénover ou le reconstruire. »
BEAM en chiffres
4 typologies d’événements : foires/salons/congrès ; corporate (événements d’entreprise) ; divertissement (concerts, festival, événements sportifs) ; autre (concours, tournages de films…).
5 sites : Le Palais de l’Atlantique, le Parc des Expositions, Le Palais des Congrès, le Hangar 14 et le Centre des Congrès Cité Mondiale.
115 salariés
300 événements par an
32 millions de CA