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AIO : industrie (frugale) du futur

PESSAC. L’entreprise AIO, rachetée en 2008 par le Bordelais Cyril Dané, est le pionnier et le leader européen des robots passifs japonais Karakuri Kaizen. Leur objectif : faciliter le travail des opérateurs sur les lignes de production grâce à de simples astuces mécaniques. En filigrane : une certaine vision de l’industrie du futur, low tech, frugale, flexible et décarbonée.

Cyril Dané, AIO, Karakuri Kaizen

Cyril Dané, président d'AIO. © Louis Piquemil / Échos Judiciaires Girondins

« Nous portons une vision de l’industrie du futur, artisanale et frugale, dans une version low tech », affiche Cyril Dané, président de l’entreprise AIO. À contre-courant d’une approche très technologique, cet ingénieur des Arts et Métiers bordelais s’est intéressé dès 2008 au concept japonais de Karakuri Kaizen, qui l’a passionné. Il en a fait la spécialité de l’entreprise de mise en conformité de machines AIO, fondée en 1988 et qu’il a rachetée en 2008. « Nous sommes pionniers et leaders en Europe des Karakuri Kaizen, et propriétaires de la marque », indique-t-il.

Astuces mécaniques

Les Karakuri, ce sont des astuces mécaniques qui permettent de réaliser une succession de mouvements sans énergie (ni électrique, ni pneumatique, ni hydraulique). « Ces astuces ont été imaginées au Japon à l’époque Edo (XVIIe-XIXe siècles), sous la forme de Karakuri dolls. Des poupées-automates créées pour divertir, comme celle qui avance lorsqu’on pose une tasse de thé sur son plateau ; ou l’archer, capable de prendre une flèche, de la positionner sur son arc, puis de tirer », décrit Cyril Dané, qui classe le Karakuri dans la catégorie des « arts japonais sophistiqués comme l’origami ». À l’ère industrielle, le concept de Karakuri a été associé à celui de Kaizen, désignant l’amélioration continue. « Dans l’industrie, ce groupe de mots désigne ainsi le fait d’avoir une action sur le terrain, avec les opérateurs et opératrices, pour favoriser leur travail », résume le dirigeant d’AIO.

Cyril Dané, AIO, Karakuri Kaizen

Un Karakuri Kaizen conçu par AIO pour une ligne d’assemblage industrielle. © AIO

« J’ai découvert les Karakuri Kaizen après avoir reçu une demande singulière d’un client. Il souhaitait mettre en place une cinématique spécifique, des mouvements par étapes permettant de rapprocher une pièce d’un opérateur. L’idée était de lui enlever une tache sans valeur », poursuit Cyril Dané. Les équipes d’AIO se sont d’ailleurs fortement intéressées au concept de pénibilité, et ont même développé une application brevetée donnant une vision dynamique du travail. « En voulant mieux comprendre les attentes de nos clients pour mieux répondre à leurs besoins, nous avons créé une grammaire du travail humain », avance le dirigeant. Qui estime néanmoins que ses équipements ne traitent ni d’ergonomie, ni de pénibilité, « un concept très codifié ».

Poulies, ressorts, bras de levier…

Concrètement, les astuces mécaniques des Karakuri Kaizen reposent sur des syst…