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Transat Café L’or : Alexandre Bellangé (Belco), aventurier du café

MÉRIGNAC. Le PDG de Belco, négociant de café et cacao de spécialité et pionnier des filières durables, prend le départ de la Transat Café L’Or (ex-Jacques Vabre), ce 26 octobre, avec le soutien de la Convention des entreprises pour le climat. Au-delà du défi sportif, l’objectif est de faire la promotion du transport de marchandises à la voile.

Transat Café L'or, Alexandre Bellangé (Belco)

« La Licorne », bateau Class40 sponsorisé par Belco et L'équipage pour le climat de la CEC a pris le départ de la Transat Café L'Or le 26 octobre. © Belco

Il est le PDG d’une entreprise qu’il a cofondé avec son père en 2007, et dont il a pris la direction en 2012 pour révolutionner la filière du café. Il dirige une équipe de 80 personnes réparties entre Mérignac et des filiales situées dans sept pays de Mésoamérique, Amérique du Sud, Afrique de l’Est et Europe. Il a fondé deux centres de formation dédiés aux torréfacteurs et aux chocolatiers. Son entreprise Belco génère un chiffre d’affaires annuel de 60 millions d’euros et pèse 75 % du marché français du café et du cacao de spécialité et 15 % du marché européen. Il est également père de trois enfants.

Et alors qu’il y a trois ans, Alexandre Bellangé n’avait jamais navigué, il s’élance, ce 26 octobre, en tant que coskipper dans la Transat Café L’Or (ex-Jacques Vabre). Un défi sportif qui doit le mener du Havre à la Martinique, sur le bateau La Licorne, aux couleurs de L’Équipage pour le Climat de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC). Comment donc un chef d’entreprise à l’agenda bien rempli en est-il arrivé là ?

Transat Café L'or, Alexandre Bellangé (Belco)

Alexandre Bellangé et Louis Mayaud forment l’équipage de « La Licorne » sur la Transat Café L’Or. © Belco

Avenir

« Lorsque j’ai repris l’entreprise Belco en 2012, j’ai fait le choix de transformer la filière du café pour créer un avenir plus vertueux », assurait Alexandre Bellangé lors d’une conférence de presse, fin septembre. Aujourd’hui, Belco n’a plus rien de la société de négoce de café vert qu’elle était au départ. Elle achète 96 % des cafés et cacaos en direct à de petits producteurs locaux, à qui 75 % du prix final revient et que l’entreprise accompagne dans leur transformation agroécologique ; qu’elle revend ensuite à des artisans qu’elle forme. Plus de 1 335 torréfacteurs, baristas et chocolatiers ont été initiés depuis 2009 au contrôle qualité, au profilage sensoriel, à la torréfaction et à l’extraction.

Transat Café L'or, Alexandre Bellangé (Belco)

Belco favorise dans ses choix les cafés de forêt, produits sans aucun intrant chimique, ils affichent une empreinte carbone 4 fois inférieure aux cafés conventionnels. © Belco

Dès 2017, Alexandre Bellangé s’est également intéressé au transport vélique, et depuis 2024, Belco a importé 2 400 tonnes de café sur des bateaux à voile, grâce au transporteur breton Towt. Plus durable, « le transport à la voile a aussi des vertus pour le café, dont la conservation est améliorée », précise Alexandre Bellangé. « Ce type de transport devrait représenter dès 2026 plus de 50 % de nos importations. Nous avons fait des choix engagés qui ont un coût 3 à 4 fois supérieur au transport conventionnel », note-t-il. Selon lui, les consommateurs sont prêts à en payer le prix : environ 4 centimes de plus pour 50 grammes de café, permettant de produire un litre.

Résilience et désirabilité

Pour donner un avenir aux filières du café et du cacao, déjà profondément menacées par le changement climatique, « nous devrons nous appuyer sur deux piliers : la résilience et la désirabilité. En tant que pionnier, c’est notre métier d’inspirer le changement », poursuit le dirigeant. « Le transport à la voile n’est pas une utopie. C’est un sujet d’avenir, c’est anticiper les évolutions réglementaires et les mouvements de consommation », insiste Alexandre Bellangé. C’est pour faire la promotion de ce « choix audacieux, courageux et ambitieux », que le dirigeant de Belco a imaginé participer à la Transat Café L’Or, aux côtés de Louis Mayaud, skipper expérimenté et engagé qu’il avait sponsorisé quelques années auparavant.

Transat Café L'or, Alexandre Bellangé (Belco)

Depuis 2024, Belco a importé 2 400 tonnes de café depuis le Salvador, le Brésil et la Colombie, en bateau à voile avec le transporteur Towt. © Belco

Sa participation, en 2023, à la CEC, lui a permis de concrétiser son projet. « Avec la CEC, je suis sorti de mon isolement, j’ai vu qu’il était possible de transformer son entreprise en s’appuyant sur l’intelligence collective », confie Alexandre Bellangé. « Alors j’y suis retourné pour partager notre expérience de transport à la voile. Puis de façon très naturelle, nous avons imaginé ce défi plein de symboles », retrace-t-il.

La CEC, à laquelle 1 400 entreprises françaises ont déjà participé depuis 2022, vise en effet à « mettre les entreprises au service de la transformation de l’économie vers un modèle régénératif », décrit Éric Duverger, son fondateur. « Nous travaillons sur les effets de filière. Il fallait un pionnier qui montre la voie du transport à la voile, c’est Belco. Et Alexandre Bellangé est le premier héros de cette aventure », juge Éric Duverger. Son association sponsorise la transat d’Alexandre Bellangé et Louis Mayaud, aux couleurs de L’Équipage pour le climat.

Transat Café L'or, Alexandre Bellangé (Belco)

Un petit producteur salvadorien de cacao à qui Belco achète ses fèves. © Belco

Plan d’action

Le timing est parfait pour le PDG de Belco, qui « après 15 ans de transformation profonde de son entreprise, son modèle d’affaires et son organisation avai[t] besoin de prendre du recul et de la hauteur ». Et si la préparation et l’entraînement intensifs qu’il a suivis pendant deux ans et demi l’ont amené à faire « d’énormes concessions », ils lui ont aussi permis d’affirmer « ses qualités d’entrepreneur et sa capacité à prendre des décisions », estime-t-il.

À travers ce défi sportif, Alexandre Bellangé veut démontrer qu’avec « de l’audace, du courage, du travail et un plan d’action bien préparé, on peut réaliser de grandes choses et transformer l’avenir ».

« Dès 2026, le transport à la voile devrait représenter plus de 50 % de nos importations »