Le troisième jeudi de novembre reste ce rendez-vous ancré dans la mémoire collective : celui du vin nouveau, avec le beaujolais en étendard. La tradition perdure, mais sans l’effervescence d’autrefois. Pendant que le folklore s’essouffle, le cépage gamay retrouve, lui, les faveurs du monde. Son retour en grâce repose sur une triple révolution : celle des vignerons, du goût et de l’image.
D’abord celle des hommes. En relevant le niveau de qualité, ils ont transformé la perception d’une région longtemps prisonnière de son image populaire. Ensuite, celle du palais. Le consommateur s’est détourné des vins massifs et boisés pour rechercher fraîcheur, équilibre et buvabilité. Enfin, celle de l’identité : le beaujolais a peu à peu abandonné le fardeau du « vin nouveau » qui lui collait à la peau, renouant avec ses racines et sa complexité.
Ah, ce fameux goût de banane ! Symbole d’une époque où les levures artificielles masquaient le fruit, il a façonné la réputation du beaujolais pendant trop longtemps. Ironie du sort : ce style décrié a d’abord permis à la région de survivre, assurant des rentrées rapides de trésorerie. Mais le temps du vin « gadget » est révolu.
Les pionniers du renouveau
Il aura fallu des années d’efforts et de conviction pour redonner du sens au beaujolais. Le virage s’est amorcé avec les pionn…