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Mérignac, une ville en mouvement

Avec un record de 30 millions d’euros d’investissements en 2022, la ville de Mérignac répond à un développement conséquent et tous azimuts. Nouveaux projets, transition énergétique ou encore question de mobilité : Alain Anziani, maire de Mérignac et président de Bordeaux Métropole, fait le point et affiche une volonté de développement plus raisonné.

Mérignac

Mérignac © D. R.

Echos Judiciaires Girondins : 2022 aura été une année record pour la Mairie de Mérignac en termes d’investissements. Quel est le sens de votre action ? Est-ce pour répondre à un besoin ou au contraire êtes-vous pro-actifs dans le développement de cette ville emblématique ?

Alain ANZIANI : « On n’investit pas pour investir. On le fait pour répondre à des besoins. On est une ville attractive, ce qui veut dire qu’il y a plus de population, elle augmente régulièrement. Donc il y a plus de besoins. Aussi, pour une raison simple, on est à la fin d’un cycle. C’est-à-dire que, par exemple, pour les écoles, on voit bien qu’elles ont été construites toute en même temps, il y a 40 ans. Pour nos équipements, c’est à peu près identique. Aujourd’hui, il faut qu’on engage la rénovation de l’ensemble du patrimoine de la ville : des écoles, des salles des fêtes, le Pin galant, le Krakatoa

Des besoins, ajoutés à la fin d’un cycle, cela veut dire des investissements. On a la chance de pouvoir les financer, on a une bonne situation financière, on n’est pas endettés trop fortement, et donc ça nous permet aujourd’hui de solliciter l’emprunt pour arriver à maintenir l’investissement. On a un volume qui est égal à 28 millions d’euros en 2021, 30 millions en 2022. C’est-à-dire que la ville n’a jamais autant investi depuis qu’elle existe. »

J’ai écrit à tous les acteurs économiques pour leur dire de ne pas allumer les lumières la nuit

EJG : Comment voyez-vous l’année 2023 dans ce contexte d’inflation des prix de l’énergie ?

Alain ANZIANI : « Concernant 2023, c’est la grande année de l’incertitude. Est-ce qu’on va avoir un bouclier tarifaire pour l’énergie ? On reste très méfiant. On a pris quelques mesures de sobriété énergétique comme tout le monde, notamment sur l’extinction des lumières la nuit, de minuit à 6 h. Évidemment la température dans les bâtiments publics, on l’a plafonnée ici à 19 degrés, sauf pour les crèches et les écoles, et pour les seniors. On veut aussi donner l’exemple à tous les acteurs économiques.

J’ai écrit à tous les commerçants, les industriels, pour leurs dire de ne pas allumer les lumières la nuit. On fait des virées nocturnes pour voir. On a une politique ambitieuse de l’énergie qui concerne la ville, mais aussi les habitants et les acteurs économiques. »

 

EJG : Comment se développe Mérignac ces derniers temps ?

Alain ANZIANI : « Selon l’INSEE, on était à 72 197 habitants en 2019. Ce qu’il faut bien voir, c’est que nous ne sommes pas ceux qui augmentons le plus dans l’agglomération. Nous, on augmente de 1,1 % par an, et dans la métropole de 1,4 %. On a déjà une donnée factuelle : les habitants de Mérignac restent ici. Quand ils divorcent, au lieu d’un appartement, il en faut deux, pareil pour les enfants quand ils partent. On a aussi un accroissement de la population démographique interne. Pourquoi les gens viennent à Mérignac ? Ils viennent parce qu’ils y trouvent l’emploi. On est une des zones d’emplois les plus fortes de toute l’agglomération, voire la plus forte. »

L’annonce par le président Macron d’un plan pour le RER m’intéresse tout à fait

Alain Anziani

Alain Anziani, maire de Mérignac et président de Bordeaux Métropole © D. R.

 

EJG : Comment se positionne Mérignac dans l’agglomération ?

Alain ANZIANI : « On est la deuxième ville de l’agglomération. On a une particularité, c’est qu’on a toujours été le moteur économique de l’agglomération, en termes d’emploi, d’innovation, parce qu’on a quelques-unes des plus belles pépites mondiales en matière d’aéronautique : Dassault, Safran, Thalès… On est le bassin d’emplois dynamique de l’agglomération et peut-être même de la région. Mais en même temps aussi, il faut qu’on accompagne et ça, c’est la métropole qui va le faire. La question de la mobilité est essentielle. On est devenu une agglomération qui est la quatrième plus embouteillée de France depuis quelques années. Il faut absolument qu’on arrive à trouver des solutions. C’est pour ça que l’annonce du président Macron d’un plan pour le RER m’intéresse tout à fait. Si vous êtes à Bassens ou à Cenon, vous montez dans le train et 14 minutes plus tard, vous êtes à Pessac. »

 

EJG : Le tram vers l’aéroport arrivera en 2023, qu’attendez-vous de ce dernier ?

Alain ANZIANI : Il ne faut pas dire que c’est une extension vers l’aéroport, c’est une extension vers tout le secteur ouest. Il va commencer par desservir un des plus grands centres commerciaux, Mérignac Soleil. On avait quand même un retard considérable. En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’il y aura des parcs relais aussi, donc les gens pourraient ne pas prendre leurs voitures. Puis maintenant on a le 45e Parallèle qui est très dynamique, avec un grand hôtel, les bureaux, etc. Il est prêt à accueillir des séminaires, toute la clientèle aérienne. C’est vraiment un plus pour notre agglomération. »

Il y a 13 700 arbres qui vont être plantés à Mérignac Soleil

EJG : Vous avez un grand projet pour Mérignac Soleil, en quoi cela consiste-t-il ?

Alain ANZIANI : « C’est privé, mais nous, on pousse pour la végétalisation. J’ai lancé, en tant que président de la métropole, un plan pour planter un million d’arbres sur la métropole et sur dix ans. On fait aussi des partenariats avec les entreprises. Par exemple, Lidl, mais aussi d’autres, acceptent de végétaliser leurs installations et équipements. Notre but est de faire de la mixité avec la population et avec les activités économiques. Je pense qu’il faut mêler les deux. Sur Marne Soleil, on va avoir au total 5 000 nouveaux logements, sur plusieurs années. On a obtenu un label de projet le plus végétalisé de France. On va avoir des allées végétalisées, des parcs, des pistes cyclables… Il y a 13 700 arbres qui vont être plantés à Mérignac Soleil. »

 

EJG : Et du côté des équipements sportifs, où on est-on avec la piscine ? Et quelles conséquences a eu la suspension du permis de construire ?

Alain ANZIANI : « La conséquence, c’est qu’on ne peut pas ouvrir pour l’instant. Tous les travaux liés au permis de construire sont suspendus. On est un peu dans une impasse, mais j’espère qu’on en sortira. On a fait un pourvoi contre cette ordonnance de référé du tribunal administratif de Bordeaux. Le pourvoi peut être examiné dans les six mois par le conseil d’État. Après, il y a un jugement, qui nous donne 20 mois pour faire l’étude d’impact. Donc ça, plus le retour devant le tribunal, ça veut dire deux ans. »

 

EJG : Dans ce développement où il y a beaucoup de chantiers, de béton et de bitume, comment allez-vous végétaliser Mérignac ? Pouvez-vous nous en dire plus sur le réseau de chaleur « biomasse » ?

Alain ANZIANI : « La transition écologique est également une de nos priorités, qu’on essaye surtout d’appliquer à l’énergie. Le réseau va alimenter le stade nautique, aussi les bâtiments municipaux, et des copropriétés. Alors c’est effectivement, pour l’essentiel, avec de la biomasse, mais pas que. Là aussi, il faut bien préciser qu’on va aller chercher de la biomasse à partir de déchet de bois. On va aller chercher des déchets de bois d’activité industrielle, qui ne servent à rien aujourd’hui. Donc, on n’attaque pas les arbres pour prendre du bois, on utilise les déchets industriels dans un périmètre qui est toujours de 80 km. Après, on fait des granulés et ce sont eux qui permettent de chauffer tout ça. On a aussi le photovoltaïque qu’on essaye d’appliquer sur tous les bâtiments municipaux. Ensuite, sur la place Charles-de-Gaulle, on a racheté à la poste 1 500 m2. On va faire une mini-forêt. Ce n’est pas beaucoup, mais ça permet quand même de rafraîchir en plein centre-ville. »

Mérignac, Stade nautique extérieur

Mérignac, Stade nautique extérieur © M.-A. Husson

 

EJG : Quel regard portez-vous sur le développement de l’aéroport ? Pour la ligne Bordeaux-Orly, où en est-on également ?

Alain ANZIANI : « Je dis toujours la même chose, c’est une bêtise monstre d’avoir supprimé cette ligne qui était fréquentée par 550 000 personnes par an et principalement des dirigeants d’entreprise : ils pouvaient faire l’aller-retour en une journée. Aujourd’hui avec le train, c’est très difficile de faire l’aller-retour. La Commission européenne a insisté en disant que tout ça devait être rediscuté, que cette interdiction-là ne pouvait être que temporaire. Donc, dans 3 ans, il faut revoir la copie. »

 

EJG : Quel est l’avenir pour cet aéroport ?

Alain ANZIANI : « Il y a plusieurs points à régler pour l’aéroport. Un plan d’orientation stratégique a été adopté. Il avait mis au premier plan la question environnementale. Je siège au conseil de surveillance de l’aéroport et j’ai demandé que cet aéroport devienne un éco-équipement. Vous allez sur l’aéroport vous ne voyez pas beaucoup d’arbre. Il faut quand même qu’ils végétalisent, qu’ils regardent comment moins polluer au sol. Les avions polluent beaucoup en roulant sur le tarmac, il y a d’autres méthodes, mais il n’y a pas les accords réglementaires. Ensuite, dans le ciel, il faut que les avions soient moins bruyants, nos habitants ne supportent plus le bruit. »

 

EJG : Comment voyez-vous Mérignac dans dix ans ?

Alain ANZIANI : « Mes souhaits seraient que ce soit une ville toujours dynamique, où il fait bon vivre. Je crois qu’un maire ne doit jamais perdre son objectif principal, qui est quand même que les habitants soient heureux de vivre dans cette ville. Pour ça, il faut végétaliser beaucoup, il faut avoir un plan de transport important, il faut offrir du travail, etc. Moi mon but, vous n’allez pas y croire, mais c’est quand même le bonheur des habitants, je n’ai pas d’autres objectifs. »

LE PROJET « TÉLÉCABINES »

Depuis le 28 novembre dernier et jusqu’au 13 février 2023, se tient une concertation publique concernant le projet de téléphérique pour la métropole bordelaise. Au programme : rencontres publiques de proximités, débats mobiles, un site Internet et des registres dédiés afin de permettre à chaque contributeur de s’exprimer. Le projet a pour but de mieux relier les deux rives et faciliter les déplacements.

Ainsi, les télécabines constitueraient une solution de transport quotidienne à l’horizon 2028.

Les temps de trajets seraient de 7 à 10 minutes, et elles desserviraient Cité du Vin, Rocher de Palmer, Polyclinique Bordeaux Rive Droite et Parc Relais Buttinière. La concertation publique propose également des télécabines en démonstration sur les quais et une expérience immersive au sein de ce mode de transport à l’intérieur de la maison écocitoyenne.

L’EAU EN GESTION PUBLIQUE

Après 30 ans de délégation de son service de l’eau, Bordeaux Métropole a fait un choix politique de passage en gestion publique avec la création de la Régie de l’Eau Bordeaux Métropole.

Ainsi, dès le 1er janvier 2023, l’ensemble des missions de pilotage, de gestion, de production et de distribution de l’eau potable sera pris en charge par cette régie, dont la présidence est assurée par Sylvie Cassou-Schotte. Alain Anziani espère grâce à ce projet pouvoir investir davantage : « ce n’est pas que Suez ne faisait pas son travail, mais ils doivent rémunérer des actionnaires. Là, il y a une marge que nous pouvons utiliser ». Pour le président de la métropole, il y a 3 priorités pour cette nouvelle régie. D’abord, monter en niveau d’investissement pour éviter qu’un litre sur dix se perde dans la nature, dû à des fuites. Ensuite, la qualité de l’eau. Le troisième objectif concerne le prix : « Je voudrais qu’il y ait un prix différent selon l’eau que l’on boit dans une carafe et l’eau dans laquelle on se baigne. Alors, on va faire sans doute des prix progressifs.

Les premiers m2 cubes seront moins chers que les derniers », argumente-t-il. Alain Anziani précise également que les salariés de Suez seront ainsi intégrés à la Régie.

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