Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Dordogne – Signature F dans un fauteuil

L’entreprise Signature F, basée à Saint-Astier, est l’un des fabricants de sièges les plus en vue du marché hexagonal. On lui doit, entre autres, la réalisation des fauteuils verts de l’Académie française.

Pascal Gautheron, Signature F

Pascal Gautheron, PDG de Signature F © Loïc Mazalrey

L’entreprise Signature F, basée à Saint-Astier, en Dordogne, est à l’image de Pascal Gautheron, son patron depuis huit ans : discrète mais efficace. Si ce n’est sur sa page Facebook, où il présente de temps à autres des photos de ses produits, le fabricant de sièges périgourdin ne communique que très rarement dans la presse sur ses chantiers en cours. Certains d’entre eux sont pourtant très prestigieux, à l’instar de celui réalisé pour le compte de l’Institut de France où siègent les Immortels de l’Académie française.

Courant 2020, la PME a été choisie pour rénover l’hémicycle de la salle des coupoles de l’emblématique monument parisien. Sa mission : reproduire à l’identique les célèbres 300 sièges de couleur verte et bronze qui ont forgé l’honorable réputation des lieux, les fauteuils verts étant réservés aux illustres sociétaires de l’Académie quand ceux en bronze sont laissés à l’usage du public.

DÉCOR AUSSI PRÉCIEUX QUE FRAGILE

Après plusieurs mois de travail rythmés par les demandes évolutives du donneur d’ordre, les 300 pièces étaient acheminées jusqu’à Paris à l’automne. Rendue complexe par la forme circulaire du monument classé, la pose devait alors durer deux semaines, mobilisant au passage une équipe composée de six salariés, deux chefs d’équipe et quatre ouvriers. « Ce n’est pas la même chose d’évoluer dans un amphithéâtre moderne et d’intervenir sur un hémicycle moderne à l’intérieur d’un monument historique classé où le décor est aussi précieux que fragile », prend le temps de nuancer le dirigeant de Signature F.

Signature F

© Loïc Mazalrey

TAPIS ROUGE POUR SIGNATURE F À CANNES

L’Institut de France n’est pas le seul client à figurer sur « la liste VIP » de Signature F. En 2019, la PME périgourdine a eu le privilège d’être retenue par la Mairie de Cannes pour participer au renouvellement des fauteuils du palais des Festivals quelques semaines avant le coup d’envoi de la grande fête du cinéma. Contactés en février, Pascal Gautheron et ses collaborateurs ont fabriqué 680 sièges rouges et assuré leur installation en mai. 280 d’entre eux ont trouvé leur place dans l’auditorium A, voisin de la grande salle où se déroulent traditionnellement  les  cérémonies d’ouverture et de clôture du festival de cinéma. Les autres, démontables, ont été utilisés pour accueillir les spectateurs des salles de projection éphémères aménagées sur la Croisette. Les délais étaient serrés : moins de trois mois pour honorer la commande. Mais la gageure valait la peine d’être relevée : « Ce genre d’événement permet de se faire connaître auprès des grands cabinets d’architectes parisiens qui ne nous connaissent pas », indique le PDG de la PME astérienne.

En 2020, Signature F a été choisie pour rénover l’hémicycle de la salle des coupoles de l’Académie française

De manière générale, en France, une dizaine d’entreprises se disputent le marché des Établissements recevant du public (ERP) que sont les salles de cinéma, de théâtre, de concert ou les amphithéâtres d’université. « La concurrence est rude, » reconnaît le patron de Signature F. « L’essentiel des marchés étant portés par des collectivités, il faut être sans cesse sur la brèche pour pouvoir répondre aux appels d’offres ».

SIÈGE DE QUALITÉ

Le fabricant de sièges périgourdin a fait le choix de se positionner sur le marché du siège de qualité, sans non plus s’inscrire dans la niche du haut-de-gamme. « Nous proposons des produits beaucoup moins designés que ceux de nos concurrents italiens, mais nous nous portons garants de leur pérennité », glisse Pascal Gautheron. « Qui achète nos sièges sait qu’il n’aura pas besoin d’en changer avant très longtemps. Pour honorer sa promesse de qualité, le dirigeant de Signature F a fait le pari d’une production intégrée. Exit la sous-traitance à laquelle avait tendance à recourir le fondateur de l’entreprise. Ingénieur de formation, Pascal Gautheron, préfère s’appuyer sur les compétences de ses équipes. Couturiers, monteurs, habilleurs, tailleurs de tubes, thermolaqueurs, soudeurs, préparateurs de commandes… Au total, 30 personnes, pour la grande majorité d’entre elles en CDI, travaillent dans les ateliers de Signature F. « Nous faisons appel à des intérimaires à la marge, précise le chef d’entreprise, convaincu d’avoir tout à gagner en accompagnant le personnel de l’entreprise dans l’acquisition de nouveaux savoir-faire. « C’est là que réside toute la richesse d’une PME », insiste l’intéressé.

Qui achète nos sièges sait qu’il n’aura pas besoin d’en changer avant très longtemps

CIRCUIT COURT

Dans le même esprit, l’entreprise mise sur une production durable en circuit court. Qu’il s’agisse de la mousse utilisée pour rembourrer les sièges ou des tissus qui les recouvrent, tout est acheté en France, et, quand c’est possible, en Nouvelle-Aquitaine ou dans les régions voisines. « Ce n’est dans l’intérêt de personne que de faire venir la marchandise par bateaux-conteneurs : le coût du transport est tel aujourd’hui qu’il supplante les économies qui pourraient être faites sur le prix d’achat des matières premières et sur le plan de l’écologie, c’est un non-sens », tranche Pascal Gautheron, qui n’a pas non plus hésité à investir dans l’acquisition de nouvelles machines pour « internaliser » toujours plus sa production. « Produire local, c’est aussi une façon de contribuer directement au développement de l’économie du territoire sur lequel on vit ».

Signature F

© Loïc Mazalrey

AVEC LE COVID-19, LES RÈGLES ONT CHANGÉ

Comme de nombreuses entreprises, Signature F a été impactée par la pandémie de Covid-19. Pendant le premier confinement, la PME a dû fermer ses portes pendant cinq semaines. Par chance, les carnets de commande se sont remplis rapidement après cette parenthèse, si bien que l’entreprise a bouclé 2020 avec le même nombre de chantiers à réaliser qu’en 2019. Depuis, la PME a maintenu son chiffre d’affaires, malgré les reports de chantiers et de paiement qui vont avec.

Mais elle a dû aussi apprendre à composer avec une autre tendance de fond : des commandes publiques de plus en plus tardives qui obligent l’entreprise à revoir son organisation. « Les résultats des appels d’offre tombent de plus en plus à la fin du printemps, quand ce n’est pas au début de l’été. Ce bouleversement d’habitudes nous amène à devoir trouver des solutions en termes de roulement pendant l’été ».