Le projet Afoodi est né de l’histoire de son cofondateur, Léo Guarneri. « Pur produit de la restauration », aime-t-il se présenter. Fils d’une cheffe et petit-fils d’un entrepreneur dans la food, il fait ses classes au George V, à Paris, avant de créer son restaurant à Londres avec son frère en 2005. « En dix ans, nous avons développé trois activités : importateur/distributeur de fromage et de vin ; commerçants, avec des fromageries et caves à vins haut de gamme ; et restaurateurs, avec une petite chaîne de bistrots à vins. Je m’occupais de la partie opérationnelle et de la gestion », retrace-t-il.
Dans une ville où les loyers sont élevés et la concurrence rude, l’entrepreneur rencontre rapidement des difficultés à dégager du résultat net. « C’est ainsi que je me suis intéressé à l’ingénierie de menu, qui consiste à prendre les bonnes décisions sur sa carte, afin de proposer une offre au plus près de la demande et maximiser sa rentabilité », expose-t-il. Sa rencontre avec James Deslauriers, un ancien restaurateur devenu data scientist, lui permet de voir l’intelligence artificielle comme opportunité pour créer un produit.

Léo Guarneri, cofondateur d’Afoodi, a découvert le concept d’ingénierie de menu, très populaire aux États-Unis, lorsqu’il était à Londres. © Afoodi
De retour en France en 2021, après le Brexit et la faillite de son plus gros investisseur, Léo, rejoint par James et deux autres cofondateurs, lance la start-up Afoodi fin 2024, avec le soutien de Bpifrance, de la Région Nouvelle-Aquitaine, et surtout du centre Inria de l’université de Bordeaux, qui a financé ses recherches durant un an. L’entreprise est aujourd’hui accompagnée par Bordeaux Technowest.
Analyse de données
Concrètement, l’ingénierie de menu consiste à analyser l’ensemble des données du restaurateur : ventes, menus, recettes, achats. Or, ces dernières sont stockées et présentées de façon disparate (factures fournisseurs en PDF, menus, données de caisse…) et ne communiquent pas. « Grâce à trois couches d’intelligence artificielle (reconnaissance d’images, IA générative et RAG), nous sommes capables de traiter les données et d’en tirer de précieuses informations », décrit Léo Guarneri.
Nous proposons des actions sur le menu et des ajustements de prix pour optimiser les commandes
Afoodi classe ensuite l’ensemble des plats d’une carte en quatre catégories : les stars, souvent commandées et rentables ; les trésors cachés, avec un fort potentiel de rentabilité mais peu commandés ; les icônes, souvent commandées mais peu rentables ; et les éléments à reprendre. « C’est la base de notre réflexion. Nous proposons ensuite des actions sur le menu (réorganiser, mettre des photos, changer les noms des plats, etc.) et des ajustements de prix (pricing) pour optimiser les commandes », assure le CEO.
+ 15 % de rentabilité
Grâce à son équipe de huit personnes, Afoodi dispose, après seulement huit mois d’existence, d’un produit en en bêta-test dans des établissements des chaînes Au Bureau, Wayo Wayo et La Scaleta. « Nos recommandations permettent de réorganiser la carte avec le bon positionnement de prix. Elles peuvent être faites en fonction des services (midi ou soir), des jours de la semaine, des types de plats, des lieux d’implantation, des villes… », détaille Léo Guarneri.
À la clé : une augmentation de 15 % de la rentabilité pour chaque restaurant accompagné, liée à une augmentation de la marge brute, du ticket moyen dépensé par les clients et de la fréquentation.

La performance de chaque plat de la carte est analysée en fonction de la popularité et de la rentabilité. © Afoodi
Durabilité
Partageant un fort engagement pour la question environnementale, les fondateurs d’Afoodi ont ajouté à leur produit la fonctionnalité « Meal for Planet ». « Nous recherchons les recettes qui répondent à tous les critères : une bonne popularité, une bonne marge, du poids dans le menu ingeniering, au bon prix, et avec un bon impact environnemental. Et proposons de les mettre en avant dans la carte. Si elles atteignent 10 ou 15 % des ventes, on estime la baisse de CO2 généré par menu à un quart », précise Léo Guarneri. Il travaille également à réduire l’impact environnemental de l’IA de son produit dans le cadre d’un partenariat stratégique avec l’association Ecologits.
« Afoodi utilise l’IA pour faire de l’ingénierie de menu au service de la rentabilité et de l’environnement. Sans que cela demande aucun effort aux restaurateurs », résume Léo Guarneri. Il prévoit de finaliser son produit en 2026 et de réaliser une levée de fonds pour lancer sa commercialisation.