Couverture du journal du 17/10/2025 Le nouveau magazine

Cinéma : somptueux décors girondins

La commission du film du département, Gironde Tournages, a pour mission de promouvoir les décors du territoire et de faciliter les tournages sur place. Après une année 2024 record en nombre d’heures de tournages et en retombées économiques, 2025 devrait être en repli, anticipe sa directrice, Marie Rateau.

Gironde Tournages

Lors du tournage du long métrage « Chopin ! Chopin ! » dans Bordeaux, à l'été 2025. © Gironde Tournages / Les Valseurs

La dernière série événement de France Télévisions, Le parfum du bonheur, inspirée du roman de Virginie Grimaldi, diffusée depuis ce mois d’octobre, en est un exemple. Son tournage, entre Bordeaux et le bassin d’Arcachon, a été organisé par Gironde Tournages, l’agence d’accueil des tournages de Gironde Tourisme. Membre depuis 2008 du réseau des commissions du film, Film France-CNC, qui vise à promouvoir les tournages de films en France, Gironde Tournages « a la charge d’attirer les sociétés de production de longs métrages, courts métrages et fictions audiovisuelles (téléfilms et séries) pour qu’elles tournent en Gironde », explique Marie Rateau, sa directrice.

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Marie Rateau, directrice de Gironde Tournages © Gironde Tournages

Base de données

Pour cela, l’agence composée de deux personnes dispose des outils de Film France, et notamment sa base de données de lieux de tournages, qu’elle anime pour la Gironde. « Des communes peuvent y inscrire des rues, des places, des fontaines, des hôtels particuliers, et des propriétaires peuvent y inscrire des vignobles, des demeures, etc. », détaille Marie Rateau. Fin septembre, cette base réunissait 738 lieux en Gironde (70 % des tournages se font sur Bordeaux Métropole), principalement à Bordeaux et sur le bassin d’Arcachon, mais aussi à Saint-Macaire, Rions ou Langoiran…

Afin de faire la promotion de ces décors auprès des producteurs, elle a également créé un carnet de décors, un beau livre de photographies « d’inspirations et explorations de lieux de tournage en Gironde », qu’elle utilise en prospection sur des festivals ou des salons, comme le Paris Images production forum, le Marché du film de Cannes, Séries Mania à Lille ou encore le festival de la fiction de La Rochelle, où elle s’est rendue fin septembre.

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Lors du tournage du long métrage « Chopin ! Chopin ! » dans Bordeaux, à l’été 2025. © Gironde Tournages / Les Valseurs

560 techniciens

Au-delà de promouvoir les décors somptueux du département, Gironde Tournages fait également en sorte de répondre aux besoins des équipes de tournage. « Nous travaillons beaucoup avec les repéreurs sur la préparation. Nous avons également une base de données de 560 techniciens pour la mise en scène, la décoration, la régie, la machinerie, l’assistanat de production, le casting figuration, le son, l’image, etc. Nous proposons leurs CV et animons toute cette filière professionnelle qui s’est constituée sur le territoire avec l’essor de la fiction », assure Marie Rateau.

C’est d’ailleurs la fiction audiovisuelle qui embauche le plus localement, tandis que les longs métrages viennent avec leurs équipes. En 2024, le département a décompté 657 embauches d’intermittents – sachant que certaines n’ont été que d’une journée.

« Notre rôle est également de gérer les relations institutionnelles avec les communes, d’obtenir les autorisations de tournage. Nous travaillons par exemple très bien avec le service des manifestations de la ville de Bordeaux. Et nous pouvons intervenir en pompier sur les sites complexes, comme ce fut le cas récemment sur une fête foraine », confie-t-elle.

Gironde Tournages fait aussi la promotion de l’écoproduction ou production responsable, à travers notamment un partenariat avec Flying Secoya et son outil RSE Secoset.

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Lors du tournage du long métrage « Chopin ! Chopin ! » dans Bordeaux, à l’été 2025. © Gironde Tournages / Les Valseurs

Un record, un repli

Au total, en 2024, la Gironde a accueilli 409 jours de tournage, pour 25 œuvres différentes, dont 70 % de fiction audiovisuelle. Le tournage de Chopin ! Chopin ! en centre-ville de Bordeaux, « film d’époque, dont la société de production exécutive (Les Valseurs, NDLR) est bordelaise, a été magique, c’est LE projet marquant de 2024 », estime Marie Rateau. Qui cite également la série Amours solitaires, actuellement diffusée sur Arte.

En 2025, les tournages en Gironde n’excéderont pas les 300 heures, estime la directrice de l’agence, une importante baisse due au report des tournages sur début 2026 et à un rétrécissement drastique de la catégorie fiction audiovisuelle.

L’année 2025 a malgré tout été marquée par le tournage de plusieurs scènes du long métrage Les Misérables, de Fred Cavayé, entre Bordeaux et Saint-Macaire. « Là aussi un film d’époque, avec un budget intéressant, qui a nécessité beaucoup de préparation, de décors, d’accessoires, de figurants, d’animaux… », se souvient Marie Rateau. Elle retient également le tournage des longs métrages Les derniers jours de R. M., d’Amin Sidi-Boumédiène, produit par la société bordelaise In Vivo Films, et tourné entre La Bastide et le Grand Parc ; Tout va super, de Patrick Cassir ; Journal d’une femme de chambre, de Radu Jude, dont le tournage commence ce mois-ci. Côté fiction, deux épisodes d’Alexandra Ehle, avec Julie Depardieu, ont été tournés, ainsi que des épisodes de Daron, Apparences, et un téléfilm Meurtres en Gironde.

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Sur le tournage de la série « Amours solitaires », actuellement diffusée du Arte. © Gironde Tournages / Miligram

Retombées économiques

Si l’intérêt d’accueillir ces tournages est notamment de faire rayonner les paysages et le patrimoine girondin, et d’attirer les touristes, comme est parvenu à le faire le film Camping, tourné au Pyla, ils ont également des retombées directes pour le territoire. « Jusqu’en 2024, nous pouvions évaluer précisément les retombées d’un film soutenu par le Fonds d’aide à la création et à la production de films du Département. En tant que financeur, nous avions accès aux documents financiers. Cela nous a permis de calculer que pour 1 euro dépensé par la collectivité, en moyenne 18 euros étaient dépensés localement (16 euros pour un long métrage, et 28 euros pour une série), principalement en droits d’auteur, interprétation et équipes techniques », révèle Marie Rateau. Les retombées du tournage de Chopin ! Chopin ! sont ainsi estimées à 3 millions d’euros !

« Pour 1 euro dépensé par la collectivité, en moyenne 18 euros étaient dépensés localement »

Le Département de la Gironde, qui intervenait finalement très peu en comparaison d’autres acteurs comme la Région Nouvelle-Aquitaine, via son fonds de soutien au cinéma et à l’audiovisuel, visant principalement les premiers et deuxièmes films, a gelé ses aides en 2025 en raison de ses difficultés budgétaires.

En bonne position parmi les régions françaises pour l’accueil de tournages, la Nouvelle-Aquitaine (la Gironde représentant un tiers des jours tournés dans la région) reste cependant loin derrière l’Île-de-France et l’Occitanie, devenue le mini Hollywood des séries quotidiennes.

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Lors du tournage du long métrage « Chopin ! Chopin ! » dans Bordeaux, à l’été 2025. © Gironde Tournages / Les Valseurs