Le bilan 2019 est meilleur que prévu. Globalement, la sinistralité des entreprises a reculé de 4,8 % en un an (soit 2 600 en moins), pour atteindre son niveau le plus bas depuis dix ans. Et les liquidations judiciaires directes ont reculé de 5,5 %, selon les résultats publiés le 21 janvier dernier par le groupe Altares. Mais, l’amélioration est en demi-teinte : la situation des grosses PME (de plus d’une cinquantaine d’employés), durement impactées, semble inquiétante et engendre, en conséquence, une hausse du nombre d’emplois menacés. Ces derniers ont atteint aujourd’hui 173 800 postes, soit une augmentation de 1,6 % par rapport à l’année précédente.
Côté bonne nouvelle, la baisse des procédures collectives s’est accélérée en fin d’année, relate Altares. Avec 13 514 jugements, le niveau de défaillances du dernier trimestre 2019 s’aligne de nouveau sur celui d’avant-crise, fin 2007, et marque un repli de 8,8 % par rapport au dernier trimestre 2018.
Les PME touchées
Mais les PME de plus de 50 salariés continuent à faire face à des difficultés. Près de 350 d’entre elles ont fait l’objet d’une procédure collective sur l’année 2019, soit une augmentation de 13,8 % par rapport à 2018. Ainsi, au quatrième trimestre, près d’une centaine de structures ont mis la clé sous la porte : c’est 10,1 % de plus qu’en 2018. Et cette détérioration intervient après les hausses consécutives de la même période de 2018 (+ 12,7 %) et de 2017 (+ 14,5 %).
Plus en détail, les défaillances des sociétés de 50 à 99 salariés ont augmenté de 20 % en 2019 et de 33 % sur le seul dernier trimestre. Près du tiers sont concentrées dans l’industrie manufacturière.
Les TPE de moins de trois salariés demeurent encore les plus fragiles, avec 39 000 défaillances comptabilisées, soit trois procédures ouvertes sur quatre, rappelle Altares, qui alerte, comme l’assureur-crédit Euler Hermes, sur le niveau de leurs trésoreries, « en réalité toujours sur le fil », selon Thierry Millon, directeur des études Altares.
De nombreux secteurs d’activité ont résisté
Contrairement aux transports et aux services informatiques dans le rouge, l’industrie agroalimentaire est classée en tête des secteurs les plus résistants. Les défaillances ont en effet baissé de 7,6 % dans l’industrie manufacturière et de 14 % dans l’industrie agroalimentaire. Représentant plus de 80 % des entreprises défaillantes du secteur, la situation de la boulangerie-pâtisserie s’est améliorée de 13 % sur 2019 et de 17 % sur les trois derniers mois de 2019. En revanche, certaines activités industrielles ont été fortement fragilisées en fin d’année, dont les imprimeries de labeur (+ 86 %), la mécanique industrielle (+ 24 %) ainsi que la réparation des machines et équipements mécaniques (+ 20 %).
Dans le secteur du bâtiment, l’amélioration s’est poursuivie avec 5,4 % de défaillances en moins sur l’année et 8,4 % sur le dernier trimestre 2019. La tendance plus favorable a été tirée par le second œuvre qui marque une baisse de 8,4 % des sinistres. Le gros œuvre, en revanche, reste à la peine avec une hausse de 5 % des redressements judiciaires.
Le commerce de détail se porte lui aussi mieux : il affiche une baisse globale de 12,6 % des défaillances fin 2019. Par contre, dans ce secteur, l’alimentation, l’habillement et la vente hors magasin accusent le coup, avec des redressements judiciaires en hausse de 10 %. Le commerce interentreprises, quant à lui, est resté stable pendant toute l’année, avant de remonter (+ 7 %) au dernier trimestre. Le secteur de la restauration a affiché une baisse globale de 5,5 % des défaillances en 2019, avec un recul plus net de 8,1 % au dernier trimestre.
Les services aux entreprises sont également passés au vert l’an dernier (- 5,6 %) et plus nettement en fin d’année (- 10,4 %), hormis les services informatiques qui ont enregistré une augmentation des défaillances de 4,3 % sur l’année et de 2,2 % au quatrième trimestre. Les services à la personne ont aussi résisté (- 6,3 % en 2019), plus significativement en fin d’année (- 12,8 %).
En revanche, le transport routier des marchandises a souffert : sur l’ensemble de l’année, les défaillances se sont accrues de 5,3 %, impactées par un dernier trimestre difficile (+ 9,7 %).
Pour Thierry Millon, ce recul des défaillances d’entreprises est, entre autres, un indicateur permettant de démontrer la capacité de résistance et de résilience des structures françaises. Avec une croissance 2020 « au mieux stable et plus certainement en retrait » par rapport à 2019, le responsable table sur une difficile stabilisation à 52 000 procédures collectives, l’an prochain.