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Financement participatif : un nouvel élan, avec Philippe Gaborieau PDG d’Happy Capital

2020 est une année record pour le crowdfunding, qui a collecté plus d’un milliard d’euros auprès des particuliers, malgré la pandémie. Philippe Gaborieau, PDG et fondateur de la plateforme de financement participatif Happy Capital, créée en 2013 à Bordeaux, nous explique pourquoi ce modèle, qui permet notamment de financer les entreprises, devrait exploser dans les années à venir. Entretien.

Financement participatif Philippe Gaborieau PDG Happy Capital crowdfunding

© Shutterstock / lassedesignen

Échos Judiciaires Girondins : Comment s’est porté le financement en crowdfunding des entreprises en 2020 ?

Philippe Gaborieau : « Le financement participatif par les particuliers (le « crowdfunding », en anglais) s’est assez bien maintenu en 2020, avec des disparités néanmoins. Ce qu’on appelle le haut de bilan (les investissements en actions, en obligations, en quasi-fonds propres), qui correspond à des investissements de moyen ou long terme, s’est très bien maintenu, avec une certaine solidarité des particuliers à l’égard des entreprises. Concernant le bas de bilan (les prêts aux entreprises), en revanche, cette année a été plus calme que les précédentes. Car d’une part, le PGE a pris le relais, et d’autre part, parce que des reports de remboursement ont été demandés pour les projets en cours, ce qui a pu refroidir les investisseurs. Globalement, chez Happy Capital, notre croissance a été de 30 % en 2020 par rapport à 2019, nous avons levé plus de 6 millions d’euros de fonds pour 27 entreprises. »

 

Philippe Gaborieau, PDG d’Happy Capital

Philippe Gaborieau, PDG d’Happy Capital © Atelier Gallien / Échos Judiciaires Girondins

EJG : Comment expliquer ce succès ?

P. G. : « Je pense qu’il y a eu, en partie en raison de la pandémie, une prise de conscience des gens concernant la valeur des choses et le sens de la vie. Ils ont envie, encore plus qu’avant, d’être utiles : cela devrait se ressentir sur le financement utile. Le premier slogan d’Happy Capital en 2013, était « Donnez du sens à votre argent ». Cette base line est plus que jamais d’actualité. Parallèlement, les gens ont moins dépensé, donc ils ont beaucoup plus d’épargne. Certains vont chercher à l’investir, notamment pour défiscaliser. Il y a eu deux boosters de ce point de vue en 2020. Le premier est une augmentation de la déduction fiscale (loi Madelin) accordée aux particuliers dans le cadre de l’investissement en actions dans les PME, passée de 18 % à 25 %, sujet sur lequel nous avons fait pas mal de lobbying et demandé une nouvelle hausse du taux pour 2021. Le deuxième booster est une évolution liée à la loi Pacte, qui a permis de placer dans son PEA-PME des obligations pendant 5 ans, sans payer d’impôts sur les plus-values générées (à 12,8 %), en s’acquittant uniquement des contributions sociales (17,2 %), soit bien moins que la flat taxe de 30 % appliquée aux placements à rendement. Jusqu’à présent, les PEA ou PEA-PME représentaient environ 5 % des investissements des particuliers. Avec la loi Pacte, on est passé à 30 %, malgré la complexité du parcours administratif. Donc il y a eu un gros impact.

Enfin, autre aspect : avec la pandémie, beaucoup de clients ont reporté les investissements qu’ils faisaient traditionnellement par l’intermédiaire de conseillers en gestion de patrimoine vers l’investissement dématérialisé via les plateformes de crowdfunding. »

 

EJG : Pouvez-vous nous expliquer précisément l’activité de votre société Happy Capital ?

P. G. : « J’ai créé Happy Capital en mars 2013 pour financer les entreprises avec l’argent des particuliers, à travers des campagnes de crowdfunding. Nous avons aujourd’hui 3 plateformes qui disposent des agréments de l’AMF (l’Autorité des marchés financiers) et de l’ACPR (l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution). La première, Happy Capital, s’est focalisée sur des investissements sous forme d’actions principalement (avec un peu d’obligations et de mini-bonds) pour les entreprises dans cinq secteurs d’activité : la santé, l’environnement, la sécurité, l’éducation et le social. Elle a la vocation de chercher des projets utiles, avec un impact sur le quotidien des gens.

Ensuite, avec la fin de l’ISF et de l’avantage fiscal lié en cas d’investissement dans une PME, nous avons voulu nous diversifier. Fin 2017, on a donc créé…

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