Échos Judiciaires Girondins : Vous allez participer aux Jeux Olympiques de Tokyo, l’une des plus importantes compétitions pour un athlète. Quel est votre objectif ?
Maroussia Paré : « Avec l’équipe de France du 4 x 100 mètres, discipline pour laquelle j’ai été sélectionnée, nous visons le podium olympique, donc au moins la médaille de bronze. Participer aux Jeux Olympiques est déjà quelque chose d’indescriptible, mais recevoir sa médaille, entendre l’hymne de son pays… Ce serait vraiment émouvant. Pour une majorité de sportifs, en athlétisme ou en judo notamment, une médaille d’or aux JO est la plus belle distinction que l’on puisse recevoir. »
Recevoir sa médaille, entendre l’hymne de son pays… ce serait vraiment émouvant
EJG : Que pensez-vous en retirer sur le plan sportif, mental, etc. ?
Maroussia Paré : « Participer aux Jeux Olympiques, c’est un capital confiance énorme. Et ce sera mes deuxièmes Jeux, à seulement 25 ans. Même si les JO de Rio, en 2016, n’ont pas été une très bonne expérience sur le plan sportif, puisque je pensais être titulaire au 4 x 100 mètres et que je n’ai été que remplaçante. Mais en termes de confiance et de carrière, cela reste assez beau. Et c’est un véritable avantage, car quand il y a des moments compliqués, c’est ce capital confiance qui grossit et qui peut prendre l’ascendant. C’est essentiel dans mon sport, où la confiance et le mental peuvent faire la différence. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de débuter un championnat avec un chrono pas forcément bon, après une blessure, et de terminer finaliste en battant mes records. À mon niveau, on a tous du talent, on travaille tous de la même façon, on a tous le potentiel pour gagner. Et à qualité égale, ce sera l’athlète avec un mental plus efficace ou adapté qui va tirer son épingle du jeu. »
À qualité égale, c’est l’athlète avec un mental plus efficace qui tirera son épingle du jeu

Maroussia Paré, équipe de France d’athlétisme (4 x 100 mètres) © Atelier Gallien – Echos Judiciaires Girondins
EJG : Quelles sont vos autres qualités en tant qu’athlète ?
Maroussia Paré : « Physiquement, ce serait mon pied. En athlétisme, on dit qu’on a du pied quand le pied est léger, qu’on rebondit et qu’on passe très peu de temps au sol. Ce serait aussi ma foulée : contrairement aux autres sprinteuses, je suis plutôt longiligne (sans être trop grande), avec des segments longs, ce qui me permet d’être très élastique et de faire des grandes foulées, en même temps efficaces. Ce rapport poids / puissance / élasticité est vraiment intéressant. En revanche, ce qui me manque par rapport à une sprinteuse pure, c’est l’explosivité. Ce n’est pas une grosse lacune, car c’est compensé par mes qualités physiques. Mais sur la sortie de starting-block ou sur les premières foulées, je ne suis pas la meilleure. C’est une fois en course que je vais plus vite. C’est notamment pour cela que le 4 x 100 mètres me convient très bien, car le départ se fait debout. »
EJG : Quelle est votre histoire, comment êtes-vous devenue athlète professionnelle ?
Maroussia Paré : « Je suis née à Bordeaux et j’ai grandi dans les Landes avec mes parents et mes deux grandes sœurs. Ma mère était préparatrice en pharmacie et mon père, postier. Quand il était jeune, il était triathlète, donc pour lui, c’était obligatoire que toute la famille fasse du sport. Il me prédestinait à être athlète, il aurait clairement aimé faire tout ce que j’ai fait. Je n’ai pas honte de dire qu’il vit son rêve à travers moi. Donc quand j’ai commencé, il était vraiment à fond derrière moi, il m’a d’ailleurs entraîné une année. Aujourd’hui, je suis obligée de lui imposer quelques limites… J’ai eu 25 ans le 18 juillet, j’ai commencé ma carrière de professionnelle très tôt : je suis entrée à 18 ans en équipe de France sénior. Mais honnêtement, ça m’est vraiment tombé dessus. Vers 15-16 ans, j’ai même voulu arrêter l’athlétisme, parce que ça prenait beaucoup trop d’importance dans ma vie. Finalement, j’ai continué et j’ai bien fait. »
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