Il se destinait à une prépa scientifique, maths sup/maths spé, mais c’est lors d’une journée découverte des métiers organisée par son lycée, que Renaud Gaudeul, nouveau procureur de la République à Bordeaux, a découvert les professions de magistrat et d’avocat. « J’ai trouvé ça passionnant ! », commente-t-il. Fils de diplomate, Breton d’origine, il a passé son enfance à l’étranger : Canada, Hongrie, Mauritanie, Allemagne de l’Est.
Globe-trotter
En fac de droit, c’est tout naturellement qu’il se passionne pour le droit du commerce international. Le voilà en poste à Chicago dans le prestigieux cabinet d’avocats Baker & McKenzie. Mais il est temps pour lui de faire son service national – « ça existait encore », glisse-t-il malicieusement – à l’issue de quoi il prépare les concours d’avocat et de magistrat. Et comme il a le choix du roi, il opte finalement pour la magistrature.
Il commence sa carrière en tant que substitut, d’abord au Havre puis en Guadeloupe (l’appel du large !) avant d’occuper ses premiers postes de procureur en Normandie, d’abord à Bernay en 2008 puis à Coutances. En 2017 il part, toujours en tant que procureur, à Fort-de-France, avant de rejoindre Nantes en 2021, dernière étape avant Bordeaux. « Il n’y a pas que le parquet dans la vie, s’amuse-t-il, j’ai demandé plusieurs fois des postes au siège mais ça ne s’est pas fait ! »
JIRS
Très investi dans la lutte contre le crime organisé, il a choisi Bordeaux qui est, comme Fort-de-France, une des huit juridictions interrégionales spécialisées (JIRS). Il apprécie tout particulièrement la diversité du poste : « Les journées sont toutes différentes. J’ai mon agenda le matin, mais il est souvent bousculé par les différentes urgences. C’est parfois frustrant mais en même temps haletant ». Son poste évolue également d’une juridiction à l’autre : « On arrive avec son bagage, qui s’étoffe au fil du temps, et à chaque fois on doit totalement se remettre en question ». Il faut aussi s’adapter aux équilibres des différents ressorts. « Ici, la délinquance me paraît moins visible, continue-t-il, mais avec des réseaux de trafic très installés sur toute l’interrégion. »
Coordination et collaboration
Il apprécie le gros travail de coordination avec les autres procureurs et la collaboration avec des services d’enquêtes très structurés. Ainsi que l’autre pan de sa mission, le travail en dyarchie avec la présidente du tribunal judiciaire, qu’il étend même à la triarchie avec le directeur de greffe.
Dès son premier poste de procureur, il s’est investi dans la lutte contre les violences faites aux femmes : « J’avais créé un stage de répression des violences au sein du couple qui a ensuite été intégré dans le code de procédure pénale ». Vent debout contre les attitudes de résignation, ce qui le motive par-dessus tout c’est de trouver des réponses pénales qui ne vont pas gérer seulement une délinquance mais qui vont influer sur le cours de la délinquance.
À mots découverts
Votre dernière lecture : Jacaranda de Gaël Faye, j’avais déjà beaucoup aimé Petit pays. J’ai vécu plusieurs fois en Afrique donc ça me parle.
Vous écoutez de la musique : J’adore la musique électro, un univers que je partage avec mes enfants.
Un lieu culturel où vous aimez aller : Je suis très attiré par les lieux de civilisation grecque et romaine. L’endroit que j’adore c’est la Villa Romaine del Casale en Sicile, il y a des mosaïques fabuleuses et qui sont d’une modernité extraordinaire. C’est un endroit merveilleux.
Votre peintre préféré : Je suis un grand admirateur de Johannes Vermeer, et donc dès qu’une exposition lui est consacrée, je vais la voir !
Et un film : Je vais beaucoup moins au cinéma. Le film qui m’a beaucoup marqué c’est Frantz de François Ozon, c’est vraiment mélodramatique.