Couverture du journal du 17/10/2025 Le nouveau magazine

Prêt-à-porter : Bordelais en vogue

GIRONDE - Alors que le secteur de l’habillement est durement touché, quelques marques arrivent encore à tirer leur épingle du jeu. En misant sur la précommande, les petites séries ou une fabrication locale, elles essaient de résister à la crise qui secoue le secteur. En Gironde, Plume Paris, By Cat ou French Disorder se démarquent. 

Céline Lescure Inquel, Plume Paris

Céline LESCURE INQUEL, créatrice de Plume Paris © Louis Piquemil - Echos Judiciaires Girondins

« Nous les commerçants de la filière textile/habillement, on est très travailleurs, on a dû encaisser de nombreux obstacles et difficultés : les travaux du tram, les gilets jaunes, l’augmentation des loyers, les problèmes de main-d’œuvre, le covid, l’inflation, etc. Et on est toujours là. »

Elle est combative Bernadette Hirsch, présidente de la FNH (Fédération nationale de l’habillement) Nouvelle-Aquitaine depuis 11 ans. Elle a choisi cet engagement « pour défendre les commerçants et les soutenir ». Un engagement qui lui a permis de rencontrer les autres présidents de région : « Ce réseau a été précieux pendant le covid », observe-t-elle.

Bernadette HIRSCH, présidente de la FNH Nouvelle-Aquitaine © D. R.

Bernadette HIRSCH, présidente de la FNH Nouvelle-Aquitaine © D. R.

La seconde main en plein essor

La FNH représente 580 établissements et plus de 1 800 salariés en Gironde. Régulièrement, elle fait le point sur le secteur et donne des tendances sur les grands événements. Et il faut dire que le secteur est en difficulté, multi-concurrencé par les grandes enseignes à bas prix, les nombreuses promotions, la vente en ligne et maintenant la seconde main en plein essor.

Si, selon la FNH, le mois de novembre, boosté par le Black Friday, a été « moins catastrophique que prévu », la période des soldes a été décevante pour une majorité de commerçants (-7 % en Nouvelle-Aquitaine). Ainsi, selon la fédération, 75 % des commerçants indépendants interrogés ont connu une année 2023 compliquée, au niveau national.

Montée en gamme

Dans sa petite boutique (Mademoiselle H) de la barrière du Médoc, Bernadette Hirsch résiste. Arrivée de Paris, elle a dû s’adapter au marché local : « un petit Neuilly ». « Après le Covid, commente-t-elle, on s’est retrouvés avec 4 mois de stock. On n’a pas été payés, on a contracté des PGE, on n’a pas eu le choix, on s’est endettés. » Pour elle, si certaines boutiques ont été précurseuses dans l’e-commerce, pour des petits commerçants ce n’est pas vraiment rentable : « c’est un 2e point de vente ».

La période des soldes a été décevante pour une majorité de commerçants

En revanche, ce qui a vraiment changé le quotidien ce sont les réseaux sociaux. « On doit jouer le jeu, c’est notre vitrine en ligne ». D’ailleurs, pendant l’interview une cliente passe une tête : « J’ai vu sur Instagram que vous avez reçu de nouveaux jeans… ». Bernadette Hirsch a fait ses choix : une montée en gamme, des jolis basiques intemporels et quelques pièces coup de cœur audacieuses : « Je mise sur des marques nordiques confidentielles, sur la qualité, et une bonne connaissance de ma clientèle ».

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La bonne équation

Au niveau national, cette année, plusieurs marques de prêt-à-porter, secouées dans une violente crise, ont été placées en redressement ou en liquidation judiciaire : Camaïeu, Kookaï, Naf Naf, et plus récemment IKKS.

Parallèlement d’autres tirent leur épingle du jeu : Kiabi, Gémo, Jacadi misant sur la production locale, l’écoresponsabilité ou la montée en gamme. En Gironde, quelques marques résistent également. Certaines, comme Tajinebanane spécialisée dans les vêtements d’allaitement, ont trouvé la bonne équation. French Disorder cultive l’esprit feel good, Plumes Paris incarne la quadra citadine…