Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

Quiet fait taire la vaisselle

BÈGLES - Sophie Moritel et ses deux associés ont créé Quiet en 2021. Avec sa gamme de vaisselle « antibruit », l'entreprise veut améliorer les conditions de travail en restauration collective. Elle ambitionne d'ouvrir une usine en Nouvelle-Aquitaine, dès 2025.

Quiet © Sophie Moritel

En France, on compte 300 000 agents de service de restauration collective, s’occupant de la plonge et étant exposés à de hautes fréquences sonores dues à l’entrechoquement de la vaisselle. Pour répondre à ce problème, Sophie Moritel et ses deux associés ont créé, en 2021, Quiet : une gamme de vaisselle, constituée de trois pièces, silencieuses, solides, légères, et antidérapantes. « Cette innovation est dédiée à la restauration collective : les hôpitaux, les écoles », illustre Sophie Moritel, qui ambitionne d’améliorer les conditions de travail du personnel de plonge. L’innovation de Quiet réside dans le matériau utilisé pour sa vaisselle : du verre trempé couplé à une matière en élastomère développée par la start-up bordelaise.

Quiet © Sophie Moritel

Quiet © Sophie Moritel

La restauration est un milieu bien connu de Sophie Moritel et ses associés. Ils y ont travaillé tous les trois. C’est en se basant sur leurs propres expériences qu’ils décident de se lancer dans l’aventure Quiet. « Nous avons fait cinq ans de recherche avec l’INSA (Institut national des sciences appliquées) et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) pour développer cette technologie », développe la cofondatrice. Ils se sont ensuite tournés vers l’incubateur Unitec, qui les aide à structurer la société et rechercher les bons financements. D’abord en autofinancement pendant les trois premières années, la start-up a ensuite pu bénéficier de la bourse French Tech Émergence de Bpifrance, d’un prêt d’honneur auprès d’un financeur, et d’une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine. Cela a permis aux fondateurs de mener le projet de recherche et de valider la faisabilité industrielle du produit.

Une usine dès 2025

Désormais, la start-up est en pleine phase de levée de fonds : un premier tour de table de 300 000 euros a été bouclé fin janvier 2024. Pour le deuxième tour, les fondateurs cherchent trois millions d’euros, en dilutif et non-dilutif, d’ici la fin d’année 2024. L’objectif ? Pouvoir internaliser la production de cette vaisselle en créant leur propre usine sur le territoire néo-aquitain, dès 2025. Pour le moment, la gamme de vaisselle est produite dans plusieurs régions françaises, dont une partie en Gironde. « Internaliser nos outils et notre activité va nous permettre d’acquérir une certaine rentabilité que nous visons d’ici la fin de l’année 2025 », assure la trentenaire.

Quiet © Sophie Moritel

Quiet © Sophie Moritel

En 2023, Quiet a réalisé un chiffre d’affaires de 10 000 euros. « Ce n’est pas représentatif de notre activité, nous avons dû ralentir notre production en fin d’année et certains bons de commande n’ont pas pu être livrés à temps. Nous avions un carnet de commandes de 40 000 euros en réalité », nuance la cofondatrice. La start-up vise les 150 000 euros de chiffre d’affaires en 2024. Quiet envisage une forte croissance à partir de 2025, avec un objectif de chiffre d’affaires de trois millions d’euros. « Avec la création de notre usine, nous allons également devoir embaucher une équipe de production, des commerciaux et des administrateurs de vente », continue Sophie Moritel.

Un développement international

L’aspiration de Quiet à long terme est de faire connaître sa vaisselle sur un territoire le plus large possible : d’abord en Europe puis à l’international. « Nous étions présents au CES Las Vegas en tant que visiteurs et nous avons remarqué que certains voisins européens avaient une appétence pour notre sujet », confirme la trentenaire. Sophie Moritel vise également des marchés connexes tels que les campeurs, ou les camping-cars. « J’espère également qu’un jour, nous pourrons proposer cette vaisselle silencieuse aux particuliers », dévoile la cofondatrice.

Nous avons fait cinq ans de recherche avec l’INSA et le CNRS