Avec 224 millions de tonnes de déchets produits chaque année par le secteur de la construction, selon l’Ademe, le recyclage n’était plus une option pour le secteur. « Alors qu’avant, ces déchets étaient enfouis, nous avons changé le cycle des matériaux de construction : ils sont extraits, produits, utilisés, et désormais recyclés et réutilisés », explique Loïc Perret, chef de Bassin Nord Nouvelle-Aquitaine pour Nexstone, la filiale de production, valorisation et recyclage de matériaux de Colas, elle-même filiale du groupe Bouygues.
Loïc Perret, chef de Bassin Nord Nouvelle-Aquitaine pour Nexstone © Nexstone / Colas
Le recyclage répond de plus à d’autres problématiques. « Non seulement, les matériaux produits dans les carrières sont des ressources finies ; mais la production de granulats est aussi très émettrice en CO2, en particulier pour leur transport », ajoute-t-il.
Au plus près des chantiers
C’est pourquoi Colas a créé des plateformes de proximité au plus près des chantiers, « pour rapprocher les lieux de production des lieux de consommation », précise Loïc Perret. Sur les 400 sites que compte Nexstone en France, la moitié fait partie de son réseau Valormat, dédié à la valorisation et au recyclage des matériaux. Ces 200 sites ont produit 8 millions de tonnes de granulats recyclés en 2024, avec un objectif à 10,5 millions de tonnes en 2027.
Chaque site propose également une activité de négoce de matériaux naturels non recyclés. « L’objectif étant que tout camion qui vient sur le site avec des déchets reparte chargé avec des matériaux », avance-t-il.
Concasseur
Installée à Mérignac depuis 2012, la plateforme Nexstone Valormat, qui a représenté un investissement d’environ 500 000 euros, produit jusqu’à 80 000 tonnes de graves recyclés chaque année. C’est équipé d’un casque, de lunettes anti-poussière, de chaussures de sécurité et d’un gilet fluo que l’on se déplace ici entre les engins de chantiers et les tas de graves et de gravats.
Une fois déposés sur la plateforme par les camions, les gravats, le gros béton et le petit béton sont triés, ils passent ensuite dans un concasseur, puis sont utilisés comme ingrédients dans la production de graves et de recyclé drainant. « Ce ne sont pas des sous-produits, ils répondent aux mêmes normes que les matériaux non recyclés, sauf qu’ils subissent deux fois plus de tests », insiste Loïc Perret, tout en étant vendus au même prix.
Le concasseur du site Nexstone Valormat de Mérignac fonctionne 80 jours par an environ. Il est loué à des entreprises locales. © JW / EJG
En recherche perpétuelle
Outre le béton, Colas recycle également, depuis 6 ans, la terre issue des sites d’enfouissement des matériaux de construction non recyclables. « Nous avons analysé les sols et créé des substrats avec différentes caractéristiques que nous revendons », explique Loïc Perret. Dans le cadre d’un mécénat en nature et en compétences, Nexstone a notamment formulé et fourni la terre pour l’opération « Plantons un million d’arbres » de Bordeaux Métropole.
« Nous avons commencé il y a 30 ans en recyclant l’enrobé routier, puis le béton et maintenant la terre. Et nous sommes en recherche perpétuelle pour faire des déchets de la matière première », dévoile-t-il, précisant travailler sur le recyclage de coquilles d’huitres ou de la porcelaine…
Sur le chantier de la plateforme, les tas de déchets de béton font face aux tas de graves recyclés. © JW / EJG
Concurrence accrue
« La Gironde consomme 8 millions de tonnes de granulat par an, mais n’en produit que 5 millions. Il y a toujours eu ici un intérêt fort pour le recyclage des matériaux, le prix du caillou doublant tous les 50 km », reprend Loïc Perret. À Mérignac, Colas a été rejointe ces dernières années par plusieurs autres entreprises qui se sont installées sur les terrains limitrophes pour recycler elles aussi les déchets du bâtiment. « Cette concurrence nous pousse à l’excellence », glisse le chef du site.
Il y a toujours eu en Gironde un intérêt fort pour le recyclage des matériaux du BTP
Le sujet a également été pris à bras-le-corps par Bordeaux Métropole et sept grands donneurs d’ordre (GPV Rive Droite, La Fabrique de Bordeaux Métropole, Domofrance, Bordeaux Métropole Aménagement, Aquitanis, EPA Bordeaux Euratlantique et InCité). Ils viennent de signer une charte d’engagement en faveur de l’économie circulaire et du réemploi dans l’aménagement et la construction, qui pourrait bientôt associer les professionnels du BTP, tels que Nexstone de Colas.
