« Quoi qu’il arrive, l’IA va apporter une rupture majeure, la majorité des entreprises s’attendent à ce bouleversement », a annoncé de prime abord Marc Prikazsky, en ouverture de l’ETI Impact. Le PDG de Ceva Santé Animale, également président du Club des ETI Nouvelle-Aquitaine, a accueilli l’événement autour de l’intelligence artificielle qui rassemblait 350 personnes à son nouveau siège à Libourne. « Cette année marque un moment crucial, autour de l’intelligence artificielle qui est un enjeu majeur de productivité. Ça peut faire peur, on ne sait pas comment se positionner face à ces grandes ruptures, même si on sait que c’est essentiel », a estimé le chef d’entreprise.
Bonnes pratiques
Remarquant que l’IA va avoir des répercussions sur la finance, le commerce, le modèle économique, le club des ETI a pris le parti de se fédérer pour tester et partager, « On va accélérer le mécanisme de la transformation de l’intelligence artificielle, est intervenu Grégoire Le Taillandier, délégué général de l’association. Une communauté IA est en train de se créer au sein du club pour cet échange de bonnes pratiques par métier. De plus, le club met en place des plans de montée en compétences des équipes à travers l’université des ETI qui fête ses deux ans. »
« L’enjeu en termes de croissance et de productivité est colossal, a continué Marc Prikazsky, on parle de plus de 30 % du PIB. » L’autre défi est le déploiement de l’IA sur la chaîne de production industrielle. « Par leur agilité, les ETI seront beaucoup plus efficaces que les grosses entreprises pour mettre en œuvre des solutions rapides », a estimé le président du club.
« Écœurement »
Si les membres du club des ETI veulent aller de l’avant, il faut reconnaître toutefois une certaine lassitude, voire désillusion. « Nous ressentons un profond écœurement concernant le jeu politique », a déploré le chef d’entreprise, choqué par « l’entrepreneuriat bashing ».
Soulignant l’enjeu clé du pacte Dutreil sur la transmission d’entreprise, Marc Prikazsky, a fait valoir que plus de 60 % des ETI vont être transmises dans les dix années à venir. « Si on ne fait pas en sorte que les salariés, qui constituent le premier actionnaire de l’entreprise, puissent racheter, ce sera un fonds américain qui rachètera tout et qui, quelques années plus tard, délocalisera », a regretté Marc Prikazsky qui s’est aussi élevé contre le « millefeuille administratif et idées reçues concernant les entrepreneurs ».
Financement de la formation
Les intervenants ont constaté un contexte économique difficile : « Depuis la dissolution, on a remarqué au sein du club un frein sur les investissements et les embauches en Nouvelle-Aquitaine. Le phénomène s’est accentué avec la hausse des barrières douanières, d’autant plus que 75 % des entreprises travaillent à l’international et que 55 % exportent vers les États-Unis », a annoncé Grégoire Le Taillandier, qui a précisé que 63 % des investissements étaient freinés.
Dernière problématique pour le club, celle du financement de la formation professionnelle qui représente plus de 50 millions d’euros de prélèvement pour les membres du club. « On a découvert que les entreprises versent pour les formations dites obligatoires, ce qui ne nous revient jamais car il est distribué aux entreprises de moins de 50 salariés, a regretté Marc Prikazsky, et pourtant on a de réels besoins de montée en compétences. Ça va être notre nouveau combat. »
« Une communauté IA est en train de se créer au sein du Club des ETI »
Un événement à impact
L’ETI Impact a rassemblé 350 personnes, le 25 septembre, sur le site de CEVA Santé Animale à Libourne, dont une centaine d’adhérents, des partenaires institutionnels comme la Région et quelques start-ups spécialisées dans l’intelligence artificielle. La loi de finances 2026, le déploiement de l’intelligence artificielle et les besoins de montée en compétences des collaborateurs étaient à l’ordre du jour de ces rencontres. Une table ronde sur l’intelligence artificielle a réuni Gilles Babinet, entrepreneur, auteur et expert digital, et Julien Gobin, philosophe, essayiste, chercheur en éthique de l’IA. La journée s’est poursuivie autour de plusieurs ateliers, avec la réalisation d’une fresque de l’IA, ainsi que des ateliers de réflexion organisés par l’université des ETI.