Philippe Rondot, président et Francis Stéphan, directeur général de Domofrance (groupe Action Logement), ont présenté le bilan annuel de l’activité du bailleur social, en présence de Mathias Saura, président du Médef Gironde. Les professionnels ont fait le constat d’un contexte de crise qui risque de s’étendre encore.
« Nous sommes dans un contexte de crise qui dure depuis plus de cinq ans, a analysé Philippe Rondot. Le modèle du logement social en France reposait sur sa capacité à générer des fonds propres pour satisfaire son offre de logement, ce sera terminé dans trois ou quatre ans car les revenus de la gestion locative ne permettent plus de satisfaire notre niveau de production. » Alors que le taux de rotation est le plus bas depuis 30 ans, « la fracture sociale passera par l’incapacité de loger les gens les plus modestes », a estimé le président.
Parmi les facteurs de crise, la RLS (réduction du loyer de solidarité) a un impact direct de 15 millions d’euros sur Domofrance, « c’est-à-dire que ça supprime la capacité de créer 500 logements par an ». « Nous n’avons plus de visibilité », a regretté le président de Domofrance qui a prévenu que, dans le contexte actuel, le bailleur social devra suspendre des programmes, y compris déjà définis avec les collectivités.
1,7 milliard d’investissement
Malgré ce contexte de crise, Domofrance affiche toujours des résultats positifs et arrive à maintenir son niveau d’autofinancement. Plus de 1,7 milliard sont investis sur le territoire néo-aquitain pour les trois années à venir. « Le rapprochement entre Clairsienne et Domofrance a été une des réponses à la crise », s’est félicité Philippe Rondot. La fusion a permis en effet au bailleur social d’asseoir son ancrage régional et sa capacité de production pour mieux couvrir la région. 8 000 logements vont être livrés sur les trois années à venir (2025-2027) et 1,7 milliard va être investi dans le même temps.
1 500 logements pour les jeunes
Dans un contexte pourtant chahuté, le bailleur social a pris un certain nombre d’engagements, comme celui de favoriser l’emploi en logeant les salariés à proximité de leur entreprise : « La plupart des entreprises girondines rencontrent des difficultés pour recruter des salariés à proximité. Le taux de rotation est problématique pour tout le monde », est intervenu Mathias Saura. Domofrance s’engage également à doubler le nombre de logements à destination des étudiants et jeunes actifs. Ce parc compte actuellement 3 000 logements et le bailleur prévoit de livrer 1 500 logements supplémentaires dans les trois ans.
La crise du logement impactant beaucoup les sujets les plus fragiles, Domofrance a, dans le cadre de son projet stratégique « Vivant », pour objectif de se doter d’un parc de 5 000 logements adaptés pour les seniors et personnes en situation de handicap et d’expérimenter des solutions pour le logement des saisonniers. Enfin, Domofrance a pour objectif de faciliter l’accession à la propriété et a ainsi vendu 472 logements en accession sociale à la propriété.
Pause normative
Enfin, Domofrance s’est engagé sur la décarbonation du parc à travers sa production et la réhabilitation des logements et à travers le choix des ressources. « Nous sommes très engagés RSE, et le seul bailleur labellisé B Corp », s’est félicité Francis Stéphan.
Dans ce contexte, les professionnels ont appelé de leurs vœux des mesures : « Ce que demande le secteur HLM, a martelé Francis Stéphan, c’est la suppression de la RLS, que l’État honore ses engagements en finançant l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) et une pause normative pour intervenir et monter des opérations plus rapidement. »
Domofrance en chiffres
7 départements (Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Lot-et-Garonne, Dordogne, Charente et Charente-Maritime) et 16 agences
59 011 logements
44 832 logements en Gironde avec 4 directions territoriales
1,7 milliard d’euros investis sur 3 ans
8 000 logements livrés sur 3 ans