Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Fibois Nouvelle-Aquitaine – La filière bois se renforce

Sylvain Crapez vient d’être nommé délégué général de l’association interprofessionnelle forêt-bois-papier, Fibois Nouvelle-Aquitaine. Il liste les défis qui attendent la forêt néo-aquitaine et ses acteurs, et notamment son adaptation au changement climatique, après les terribles incendies de l’année passée.

Fibois Nouvelle-Aquitaine, Sylvain CRAPEZ, bois

Sylvain CRAPEZ, délégué général de Fibois Nouvelle-Aquitaine © Gilles Arroyo

Échos Judiciaires Girondins :Vous venez d’être nommé délégué général de Fibois Nouvelle-Aquitaine. Quel est le rôle de cette association ?

Sylvain Crapez : « Fibois est l’association interprofessionnelle forêt-bois-papier, comme il en existe dans chaque région. Nous œuvrons à la promotion du bois dans la région, en étant à la fois une instance de réunion des acteurs et des partenaires de la forêt et du bois. Et en valorisant et faisant connaître la filière, ses acteurs, ses produits et ses enjeux. Il y a une véritable dimension collective : nous devons créer les conditions pour que les adhérents se réunissent, se rencontrent, nous voulons avoir un effet club d’entreprises. Nous avons également un rôle de défense des intérêts, mais aussi de reconnaissance de la filière, par la promotion de ses réussites. Nous avons par exemple créé le Prix régional construction bois (PRCB)… Pour résumer, nous avons vocation à incarner et porter la voix de la filière bois dans toutes ses dimensions. L’activité de nos adhérents allant de la graine (celui qui plante ses arbres) aux sylviculteurs, jusqu’au architectes et aux promoteurs, qui construisent ou insèrent du bois dans les constructions, il y a tout un spectre, c’est pourquoi notre approche est horizontale. »

 

EJG : Quel est le plan de développement de la filière ?

S.C. : « À la fois filière économique et écologique, créatrice d’emplois et protectrice de la biodiversité, la filière bois est aussi une filière d’avenir pour le pays et pour la Nouvelle-Aquitaine. Mais elle a encore des perspectives de développement très importantes, auxquelles le réseau veut répondre avec diverses propositions. Nous voulons d’abord développer par- tout les usages du bois. Nos animateurs de réseau travaillent notamment sur l’amont de la filière, en lien avec les sylviculteurs. Notre équipe compte aussi des profils de prescripteurs bois, qui conseillent les entreprises de construction bois, les architectes, pour les aiguiller sur le type de bois à utiliser et dans quelles circonstances. L’autre axe de travail concerne le développement des compétences, pour proposer plus d’emplois, attirer des talents, développer la formation et l’accompagnement. Nous devons aussi réfléchir à comment rappro- cher les citoyens du bois, de la forêt et de ses multiples fonctions. Tout ce travail de pédagogie et de discussion doit notamment être mené avec l’Éducation nationale. La question de l’innovation est également très importante, que ce soit dans l’énergie, la transformation, ou la réutilisation du bois, mais aussi sur les liens avec tous les biosourcés : filière chanvre, filière paille, etc. Nous voulons créer les bonnes alliances pour développer les habitations passives de demain. Dans la même veine, nous devons réfléchir à comment adapter la forêt au changement climatique, et notamment aux événements climatiques qui se multiplient : tempêtes, grêle, sécheresse et par extension les incendies. »

 Il faudra replanter des essences plus adaptées à l’évolution des températures et du climat

EJG : Justement, quelles sont les pistes pour adapter la forêt au changement climatique et éviter les incendies qu’on a connus l’an passé en Gironde ?

S. C. : « Tout d’abord, nous devons être en capacité d’avoir une veille et une cartographie des forêts, pour observer leur évolution à court et long termes. Il faudra aussi replanter des essences plus adaptées à l’évolution des températures et du climat. La réflexion sur le renouvellement forestier est essentielle. Le rétablissement de l’équilibre sylvo-cynégétique, entre la faune, la flore et le gibier, parfois trop, parfois pas assez présent par rap- port à la régénération des forêts est également à travailler. Évidemment, ce sont nos adhérents qui feront tout cela, mais nous devons les accompagner, les conseiller, les aider à trouver les bonnes ressources, les bons moyens. Il nous faut des plans de gestion de la forêt plus simples et compatibles avec ces défis : les problématiques réglementaires peuvent parfois être des freins… Ce sont surtout les syndicats de sylviculteurs qui travaillent sur cette question de la protection des forêts face aux incendies, aux risques et à la prévention. Nous nous coordonnons avec eux, avec les entrepreneurs des travaux forestiers (ETF), avec le Centre régional de la propriété forestière de Nouvelle-Aquitaine (CRPF) ou encore l’Office national des forêts (ONF), pour avoir un rôle de diffusion de l’information professionnelle, qui se doit d’être le plus en amont possible. »

Nous voulons d’abord développer partout les usages du bois

NOUVELLE-AQUITAINE, TERRE DE BOIS

« Avec sa forêt aussi grande que l’Autriche, la filière bois Nouvelle-Aquitaine génère un chiffre d’affaires 8 fois moins important », constate Sylvain Crapez. Pourtant, la forêt néo-aquitaine ne manque pas d’atouts. Et tout d’abord, sa diversité : « nous avons deux très beaux massifs, avec les feuillus du Limousin, et le pin Douglas et le pin maritime dans les Landes, mais aussi le bois des Pyrénées… Nous possédons également une diversité du tissu industriel, avec à la fois le secteur primaire, les sylviculteurs, les scieries, qui sont souvent de belles entreprises familiales. Il y a de très belles entreprises dans le secteur industriel, la Nouvelle-Aquitaine étant leader sur le contre-plaqué, par exemple. Mais aussi des architectes, des promoteurs, des bureaux d’études… Tout ce potentiel nous tend les bras », s’enthousiasme le nouveau délégué général de Fibois NA. Qui le reconnaît : « cette complexité engendre de vrais besoins de valorisation et d’organisation ».

LA FILIÈRE BOIS NOUVELLE-AQUITAINE EN CHIFFRES

Adhérents Fibois : 400

Bois récolté : plus de 10 millions de mètres cubes Entreprises du bois : 28 000

Salariés du bois : 59 000

CA total de la filière : 9,7 milliards d’euros

Établissements de formation sur le bois : 77

Secteurs d’activité : 7 (récolte, scieries, emballage /merranderie/tonnellerie, papier/panneaux, ameublement/agencement, construction bois, commerce et négoce)