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À la veille de la plus forte croissance depuis 50 ans

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, de passage en Dordogne le 25 février dernier, a fait quelques déclarations sur la crise actuelle.

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A l’amphithéâtre du Pôle interconsulaire de Dordogne, François Villeroy de Galhau a commenté la réponse économique de l’État à la crise, mesures d’urgence et plan de relance. L’économie résiste mieux qu’on pouvait le craindre. Au plan national, la perte d’activité s’élève à 5 % et le couvre-feu actuel n’a pas fait redescendre ce niveau. La photographie macro-économique fait apparaître une chute d’activité de 36 % fin mars 2020, « du jamais vu », puis une remontée très rapide, la France ayant eu le plus fort rebond de toute l’Europe. « Notre enquête mensuelle a permis de savoir rapidement que la chute du second confinement était cinq fois moins importante que lors du premier : beaucoup d’entreprises ont appris à travailler et à se protéger en même temps. Nous avons vécu une crise des services, surtout ceux à la personne, alors que la crise touche d’habitude l’industrie à travers l’exportation, comme en 2009. Si la Dordogne est durement touchée sur ce plan, ces secteurs ne représentent pas l’essentiel de l’économie française. » Décembre a été le meilleur mois de toute l’histoire du commerce en France. Les prévisions, selon le déploiement vaccinal, misent sur un retour progressif à une situation pré-covid mi-2022. Si l’an passé a marqué « la pire récession depuis 1945, soit – 8,3 %, la prévision est à + 5 % en 2021, c’est-à-dire la plus forte croissance depuis le premier choc pétrolier, en 1973, ceci avec beaucoup de variables sectorielles.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et le député de Dordogne Philippe Chassaing

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et le député de Dordogne Philippe Chassaing © Suzanne Boireau-Tartarat

« IL FALLAIT UN AMORTISSEUR PUBLIC »

La philosophie du plan de relance participe du rebond prévu pour cet après, avec une reconstruction qui ne se fera pas à l’identique. « Les entreprises doivent saisir les opportunités de transformation sur le numérique, l’investissement vert et la bataille des compétences. » François Villeroy de Galhau a terminé avec un mot sur la dette publique : « Il fallait un amortisseur public et il n’est pas fréquent qu’un gouverneur de la Banque de France légitime une dette probablement de 120 % d’ici 2022. L’annulation n’est pas une solution. C’est tout d’abord incompatible avec l’euro, et même si c’était possible cela n’apporterait rien aux Français : cette dette est détenue par la Banque de France, si ces 600 milliards sont effacés cela va représenter une perte équivalente pour la même Banque de France, qui appartient à tous… » Alors, quelle solution ? Il faudra compter de nouveau avec le temps long en économie « et sortir de cette immédiateté constante », avec le retour de la croissance et une meilleure maîtrise des coûts publics. « Nous avons un modèle social comparable à nos voisins, mais il nous coûte 10 points de PIB de plus… »