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[ La relève ] Laure Babin, Zèta : « 40 000 paires de baskets vendues »

Bordeaux - Laure Babin est la créatrice de la marque de baskets véganes et recyclées Zèta. La marque, qui a atteint le million d’euros de chiffre d'affaires pour l’année 2023, vise désormais le marché de l’Amérique du Nord.

Zèta, Laure Babin, baskets véganes

Laure Babin © Zeta

Echos Judiciaires Girondins : Comment est née Zèta ?

Laure Babin : Zèta est une marque de baskets véganes, écoresponsables et recyclées. Il y a quatre ans, je suis partie du constat que, malgré le développement de produits écoresponsables, personne ne faisait du 100 % recyclé. La basket, c’est un produit très polluant. L’idée était de déconstruire tout le processus actuel, et de fabriquer du circuit court, en Europe, de manière intelligente et à partir de déchets déjà à disposition. La première collection, c’est la basket à partir du raisin. Le cuir est fabriqué en Italie, par une entreprise qui récupère le marc de raisin dans la région de Milan. En février 2022, il y a eu la collaboration avec Nespresso. Il s’agissait d’une collection de 3 000 paires, vendues sur notre site internet uniquement, fabriquées à partir de marc de café. Depuis le mois de juin, nous proposons une gamme enfant.

 

EJG : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans la création de votre entreprise ?

L. B. : J’ai commencé avec un BTS en commerce, puis j’ai débarqué pour ma licence à Bordeaux, avant de faire mon Master à l’IAE. En dernière année, je savais que je ne voulais pas être salariée dans une entreprise, j’avais envie d’autre chose. Dès la rentrée, mon objectif était de lancer mon entreprise à l’obtention de mon diplôme. J’ai intégré l’incubateur de mon école et pendant un an, j’ai travaillé sur ce projet en parallèle de mes études. J’ai même fait mon stage de fin d’études dans ma propre entreprise. La première étape, c’était de définir un concept qui soit différenciant et de construire le business plan. En parallèle, j’ai réalisé les premiers dessins, l’identité graphique, sourcé les matériaux. Je me suis rendue compte qu’une usine de fabrication en France aurait un coût trop élevé, je suis donc partie au Portugal. Au bout de huit mois, on a mis au point le premier prototype. En septembre 2020, on a lancé la campagne de crowdfunding sur Ulule. On a réussi à vendre 2 700 paires de chaussures. Cela nous a permis de financer trois années d’exploitation, nous n’avons pas d’actionnaires. On s’est financé grâce à nos fonds propres jusqu’à aujourd’hui, on vient de faire un emprunt bancaire pour financer les travaux de notre boutique. On a été incubés à la Cité Numérique de Bègles durant notre première année, puis j’ai vu qu’on était prêt à voler de nos propres ailes. Désormais, nous avons une soixantaine de revendeurs en France, Espagne, Pays-Bas, Autriche ou encore Allemagne.

Zèta, Laure Babin, baskets véganes

© Zeta

EJG : À quelle étape de votre entrepreneuriat êtes-vous ?

L. B. : On a ouvert notre boutique le 7 septembre dernier, le jour de nos trois ans. Ce n’était pas vraiment prévu à ce stade, mais l’occasion s’est présentée. On est désormais neuf dans l’équipe, et on a atteint les 40 000 paires de baskets vendues. Pour 2023, notre chiffre d’affaires est d’un million d’euros. En cumulé, on est à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis le lancement. On a encore plein d’axes de développement. Il y a un projet de basket à planter biodégradable. Lorsque le client l’aura assez porté, il pourra la planter et elle se décomposera. Il y aura des petites graines dans les semelles qui permettront de donner des fleurs ou plantes. C’est un gros projet à horizon 2025. On a également l’ambition de toucher le marché de l’Amérique du Nord. Je reviens justement du Canada, où j’ai trouvé un entrepôt. Cela va nous permettre d’expédier les chaussures par voilier, de les stocker puis de les distribuer aux États-Unis et au Canada. Aujourd’hui, nos ventes sont réalisées à 80 % sur internet et 20 % en BtoB, l’objectif est de conserver cette part-là. Je suis en contact avec Simons, qui est une grosse chaîne de boutiques au Canada, pour nous faire connaître. Je souhaite justement recruter quelqu’un pour gérer toutes les opérations sur l’Amérique du Nord dès septembre 2024. On développe aussi des chaussettes, casquettes, et accessoires recyclés qui verront le jour au début de l’année prochaine.

 

EJG : Comment envisagez-vous les trois prochaines années ?

L. B. : En étant un peu utopiste, j’adorerais qu’on ait deux vraies boutiques à Bordeaux et Paris. Je voudrais que l’équipe s’étoffe et pourquoi pas avoir réussi à grignoter quelques parts de marché à Adidas et Nike. L’objectif, c’es surtout de pouvoir s’implanter sur d’autres marchés, et que l’Amérique du Nord soit bien ouverte. On réfléchit aussi à faire d’autres produits en collaboration avec Nespresso comme des porte-cartes ou portefeuilles.

VOTRE PLUS GRAND OBSTACLE VS VOTRE PLUS GRANDE RÉUSSITE ?

L. B. : En obstacle, je dirais d’abord l’âge. C’est vrai qu’au début ça a été assez compliqué d’être prise au sérieux. Je me suis fait refuser par une banque. Lorsque je me suis rendu au Portugal pour la première fois, j’avais 23 ans. Lorsque je visitais les usines, on doutait souvent de mon sérieux. Ma plus grosse réussite, c’est mon équipe. Je trouve incroyable de pouvoir dire que j’ai créé de l’emploi. Je suis partie de rien, sans ressource, ni bagage, ou encore de réseaux. Aujourd’hui, nous nous sommes bien étoffés.

FICHE D’IDENTITÉ

Nom de la fondatrice : Laure Babin
Âge : 26 ans
Nom de l’entreprise : Zèta
Date de création de l’entreprise : Septembre 2020
Objectif : Des baskets véganes, écoresponsables et recyclées