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[ Bordeaux ] La galerie d’art bordelaise KAZoART à l’avant-garde

La galerie d’art en ligne bordelaise KAZoART, pionnière en France, fait le lien depuis ses origines entre art et innovation. Toujours à l’avant-garde, elle est la première à avoir organisé une vente de « NFT », en avril dernier. Sa fondatrice Mathilde Le Roy, qui prépare sa troisième levée de fonds après une année 2020 record qui l’a propulsée au 5e rang mondial de la vente d’art en ligne, nous explique pourquoi ces actifs numériques hébergés dans la blockchain agitent le marché de l’art et au-delà.

mathilde le roy, KAZoART

Mathilde Le Roy © KAZoART

Pionnière française de la vente d’art en ligne depuis 2015, la galerie bordelaise KAZoART a été créée par Mathilde Le Roy avec l’idée de « dépoussiérer le marché de l’art ». Comment ? « En démocratisant l’achat d’art, tout en aidant des artistes de talent à émerger, le tout grâce au digital », explique cette passionnée d’art née à Paris dans une famille de collectionneurs.

Installée à la Coursive, place de la Bourse à Bordeaux, KAZoART fédère aujourd’hui une communauté d’un millier d’artistes sélectionnés avec soin qu’elle accompagne dans leur digitalisation, et propose à son « énorme communauté de plus de 300 000 amateurs d’art » un catalogue de 50 000 œuvres (peintures, dessins, sculptures, photos…), qu’elle achemine une fois vendues de l’atelier de l’artiste jusqu’à chez l’acheteur.

La pandémie a été un puissant accélérateur pour la vente d’art en ligne. Nos ventes ont augmenté de 130%

galerie d’art en ligne bordelaise KAZoART

© Cecile Mirande Broucas – KAZoART

Prélevant une commission sur chaque vente, KAZoART a enregistré une croissance annuelle de 100 % depuis sa création et connaît une nette accélération depuis 2020. « La pandémie a été un puissant accélérateur pour la vente d’art en ligne », dont le marché a été multiplié par deux en 2020 (voir encadré) et dont KAZoART figure au cinquième rang mondial. « Nous avons enregistré une croissance des ventes de 130 % en 2020 », estime même Mathilde Le Roy, qui ambitionne d’atteindre un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros d’ici 2 ans.

CERTIFICAT D’AUTHENTICITÉ INVIOLABLE

« À la croisée de l’art et du digital », comme le résume sa fondatrice, c’est tout naturellement que KAZoART s’est intéressée au phénomène des « NFT », les « non-fungible tokens » (pour « jetons non-fongibles »), des actifs numériques basés sur la technologie ultra-sécurisée de la blockchain, qui s’échangent à prix d’or (voir encadré). La galerie virtuelle accompagnée par Héméra a ainsi organisé, le 15 avril dernier, la première vente de NFT par une galerie d’art en France. Cinq artistes de KAZoART ont créé pour l’occasion des œuvres numériques originales en jpeg, vidéo ou même GIF animés, qui ont ensuite été encryptées en NFT dans la blockchain via la plateforme américaine OpenSea.io avant d’être mises en vente. L’avantage de ce procédé : il rend chaque œuvre unique en la liant de façon indéfectible à son certificat d’authenticité inviolable. La difficulté : il faut travailler en « éther » (une cryptomonnaie assez volatile) via des plateformes spécialisées telles que OpenSea ou Rarible.

En s’intéressant à ce « phénomène assez nouveau, élitiste et très codifié, qui attire plus la communauté des investisseurs-spéculateurs du monde des cryptomonnaies que le monde de l’art », admet Mathilde Le Roy, « nous avons réussi à donner de la visibilité à nos artistes, car tout le monde est très curieux des NFT », analyse la dirigeante, qui n’avait jusqu’ici « jamais vendu d’art numérique, seulement des impressions physiques d’œuvres numériques ». « Mais avec le Covid, s’échanger des objets digitaux est devenu normal ! » sourit-elle.

Il y a tout un système autour du marché des NFT avec des bonnes pratiques transposables au marché de l’art

BONNES PRATIQUES

Si cette expérimentation n’a rapporté que quelques centaines de dollars, elle a néanmoins permis à KAZoART de tirer plusieurs enseignements. « Il y a tout un système autour du marché des NFT qui impose de travailler énormément sa communauté sur les plateformes, sur les réseaux sociaux. De travailler sa stratégie en créant des séries qui se suivent, en faisant du story-telling… Ces bonnes pratiques sont transposables au marché de l’art, il faudrait sans doute que les artistes s’en emparent », analyse Mathilde Le Roy. Surtout, KAZoART réfléchit maintenant « à certifier les œuvres via la blockchain, pour apporter de la confiance à nos acheteurs. C’est un sujet depuis le départ pour nous : comment rassurer les clients sur l ’authenticité, la valeur de l’œuvre, son prix, la possibilité de la revendre… », énumère Mathilde Le Roy. Les NFT proposent par ail- leurs un modèle de rémunération de l’artiste à l’infini : il touchera un pourcentage sur chaque revente de l’œuvre, qui en conservera un historique. « Tout cela pourrait à terme rendre le marché de l’art un peu plus liquide », estime-t-elle.

galerie d’art en ligne bordelaise KAZoART

© KAZoART

3E LEVÉE DE FONDS POUR KAZoART

Forte de cette expérience et renforcée par la crise, KAZoART est bien décidée à poursuivre ses innovations et son développement. « Nous avons été énormément contactés par des galeries d’art qui souhaitaient développer l’expérience en ligne et vendre à travers nous », confie Mathilde Le Roy, qui teste actuellement des partenariats ponctuels, notamment avec une galerie niçoise spécialisée dans le street art. « À terme, nous envisageons de mettre en place un modèle de market place pour les galeries physiques. » Ce qui permettrait à KAZoART d’attirer des artistes plus renommés, « qui préfèrent avoir une relation intuitu personae avec un galeriste », note la dirigeante. Mais c’est surtout vers l’international que lorgne la galerie virtuelle déjà traduite en anglais. « La France ne représente que 6 % du marché de l’art mondial contre 35 % à 40 % pour les États-Unis par exemple. Et l’international représente pour le moment 25 % de notre chiffre d’affaires », rappelle Mathilde Le Roy, dont l’objectif est de faire grimper cette part à 50 %.

Certifier les œuvres via la blockchain pourrait apporter de la confiance à nos acheteurs et rendre le marché de l’art plus liquide

« C’est pourquoi nous sommes en train de recruter et de préparer une nouvelle levée de fonds », annonce-t-elle, la troisième depuis 2015 pour KAZoART, qui s’est offert pour l’occasion les services d’un cabinet spécialisé. Avec pour objectif de finaliser ce nouveau tour de table d’ici la fin de l’année.

 

UNE CHASSE AUX NFT DANS BORDEAUX

La jeune start-up bordelaise Stendhal, accompagnée par Unitec, a lancé le 7 mai dernier un événement unique, visant à « soutenir l’art » tout en proposant « des solutions innovantes au monde culturel » à travers une chasse au trésor d’art urbain dans la ville, « Bordeaux decrypt the street ». Les participants devront retrouver les 12 œuvres originales réalisées spécialement pour l’occasion et disséminées dans la capitale girondine, chacune comportant un mot caché et tous formant le mot de passe final donnant accès au Grand Prix de l’événement : des NFT inspirés de ces œuvres.

L’occasion pour Stendhal de populariser le monde des « crypto-actifs » et de promouvoir son application « Wallkanda », qui donne des informations sur les œuvres de street art grâce à une simple photo tout en permettant de soutenir les artistes.

LES RECORDS DES NFT

Si la vente orchestrée par KAZoART le 15 avril dernier, la première vente de NFT organisée par une galerie d’art en France, n’a rapporté aux artistes que quelques centaines de dollars, la folie des NFT s’est bel et bien emparée du monde de l’art depuis la vente record enregistrée par la maison d’enchères Christies en mars dernier.

L’œuvre Everydays : the First 5 000 Days de l’artiste Beeple a ainsi été adjugée plus de 69 millions de dollars. « Un record pour une vente d’art comme peuvent atteindre des Picasso », commente songeuse Mathilde Le Roy, PDG de KAZoART. Sotheby’s a suivi et organisé en avril dernier une vente de NFT, avec à la clé près de 17 millions de dollars d’œuvres numériques écoulées, dont un pixel adjugé 1,36 million ! Les transactions autour des NFT, qui peuvent être associés à tout objet numérique (œuvres d’art, mais aussi morceaux de musique, jeux vidéo, tweets…), auraient pesé deux milliards de dollars au premier trimestre 2020 selon le site spécialisé NonFungible.com.

 

KAZOART EN CHIFFRES

Création en 2015 à Paris, Installation en 2016 à Bordeaux

Artistes : 1 000, Œuvres : 50 000

Communauté : 300 000 amateurs d’art

Panier moyen : 1 000 euros

Effectifs : 15 personnes (recrutements en cours)

Croissance : 130 % en 2020 (100 % chaque année depuis 2015)

Objectif CA 2023 : 30 millions d’euros

Part des ventes à l’international : 25 % en 2021

Rang mondial : 5e galerie de vente d’art en ligne

 

LE MARCHÉ DE L’ART EN LIGNE DOPÉ PAR LA CRISE SANITAIRE

  • Les ventes d’art en ligne mondiales ont représenté 12,4 milliards de dollars en 2020 (contre 6 milliards en 2019)
  • Elles ont été multipliées par 2 (malgré une contraction du marché global de l’art en 2020)
  • Les ventes en ligne ont représenté 25 % des ventes d’art globales en 2020 (contre 9 % en 2019)

Source : Étude The Art Market 2021, an Art Basel & UBS Report

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