« Nul n’ignore la nécessité qui s’impose depuis longtemps de créer des hôpitaux suburbains pour arriver à dégager les hôpitaux des grandes villes ». 125 ans plus tard, ce constat du docteur Delaye, fondateur de l’hôpital suburbain du Bouscat (HSB), reste criant de vérité dans un contexte hétérogène de saturation des hôpitaux de ville teinté de déserts médicaux.
L’établissement de santé privé d’intérêt collectif, situé au nord de la métropole bordelaise, continue de remplir sa mission de fluidification du parcours de soins pour les patients, confortant ainsi sa place d’hôpital de proximité. « En 2025, nous sommes à une croisée des chemins », analyse Raoul de Lassée, président du conseil d’administration de l’HSB.
Le virage de l’ambulatoire
Depuis 2019, l’hôpital connaît une croissance dynamique qui s’explique par « notre spécialisation en hospitalisation à domicile et le développement de nos activités d’hospitalisation de jour », observe Eric Viana, directeur général de l’HSB depuis 2019. En 2024, le chiffre d’affaires (hors hospitalisation à domicile) a progressé de 60 % par rapport à 2019. « Cela a pris un peu de temps mais l’établissement a bien pris le virage de l’ambulatoire », commente-t-il.
L’établissement a bien pris le virage de l’ambulatoire
En 2024, l’activité dite de médecine a généré un chiffre d’affaires de 15,5 millions d’euros ; l’hospitalisation à domicile a contribué, elle, à hauteur de 14,5 M€. Un chiffre d’affaires global en forte progression par rapport à l’année 2023 (32 M€). « L’année précédente, nous enregistrions une légère perte, c’était la première fois depuis 15 ans », tempère le directeur (lire encadré).
Le défi de l’hospitalisation à domicile
Le cap est maintenu grâce à une stratégie bien huilée. L’HSB continue de développer son activité d’hospitalisation à domicile pour laquelle elle a reçu une autorisation au début des années 2000. « Au début, nous prenions en charge deux patients par jour. Aujourd’hui, nous soignons quotidiennement à domicile 160 patients », explique Eric Viana. Son rayon d’action part du centre de Bordeaux jusqu’à Lacanau et la pointe du Verdon, un territoire représentant environ 400 000 habitants.
Sur Bordeaux Métropole, l’agence régionale de santé a délivré une cinquième autorisation pour l’hospitalisation à domicile « à un consortium d’opérateurs lucratifs privés », souligne le directeur d’établissement ne cachant pas « une pointe d’appréhension liée à une concurrence accrue sur le territoire mais nous ne devrions pas adresser le même profil de patients ».
Avec 283 salariés, dont 90 infirmières et 28 médecins, l’établissement a renforcé ses équipes ces dernières années pour répondre à la montée en puissance à la fois de l’hospitalisation à domicile et de l’hospitalisation de jour. « Nous avons investi dans la formation pour adapter les compétences de nos équipes aux nouvelles pratiques de soins », poursuit Eric Viana.
Modernisation des infrastructures
« On grossit en compétences, en technicité, en humains, l’espace de travail doit être adapté pour répondre à ces nouvelles exigences, réagit Raoul de Lassée. Nous sommes à la veille d’importants investissements ». En effet, une enveloppe de 15 millions d’euros sera dédiée au redimensionnement des locaux de l’hôpital et à la modernisation des infrastructures, sur 5 à 10 ans. « Un cabinet intervient pour faire un audit de nos besoins par spécialité », commente le président du conseil d’administration. « Nous structurons notre projet médical et notre projet immobilier de façon à définir clairement nos orientations stratégiques », renchérit Eric Viana. Parmi les priorités : des chambres individuelles, des espaces dédiés aux soins de jour, une extension de la pharmacie à usage interne et du parking.
Nous sommes à la veille d’importants investissements
Parmi les prochains développements, après le scanner mis en service en 2024 (représentant 1 M€ d’investissement), un projet d’IRM est également à l’étude, avec une enveloppe estimée à deux millions d’euros. Un angiomammographe, financé en partie par un don de 44 000 euros de l’association Ruban Rose, doit être opérationnel d’ici à la fin 2025.
Des projets structurants pour l’établissement qui entend conserver son indépendance et rester fidèle à son modèle associatif. Une spécificité qui, dans un contexte de concurrence accrue avec les acteurs privés, pourrait bien devenir une arme précieuse pour l’HSB.
Jusqu’en 1973, l’hôpital suburbain du Bouscat était dédié aux enfants. © D.R.
Un modèle associatif
L’hôpital suburbain du Bouscat est géré par une association reconnue d’utilité publique depuis le 11 avril 1923. Son conseil d’administration est composé de vingt et un membres bénévoles. Le financement de l’établissement est assuré par l’assurance maladie, les complémentaires santé et les donateurs. Les résultats excédentaires sont intégralement réinvestis au sein de l’établissement. « Cette année, le taux de marge s’établit à 8 %. C’est ce que nous devons atteindre afin de dégager les excédents nécessaires pour autofinancer un maximum d’investissements », détaille Eric Viana. Contribuant au service public hospitalier, l’HSB s’engage à fournir un égal accès à des soins de qualité pour tous, à ne pas pratiquer de dépassement d’honoraires et à la continuité du service.
