Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Tribunal judiciaire  » la double crise « 

Dans un contexte d’activité très ralentie par la grève des avocats puis par le confinement, le Tribunal Judiciaire de Bordeaux (ex-TGI) fait face à une situation inédite. Son président Philippe Delarbre fait le point.

Echos Judiciaires Girondins : Dans quelle situation se trouve le tribunal ?

Philippe Delarbre : « Nous avons fait face à la grève des avocats du 6 janvier au 17 mars, date à laquelle elle a été suspendue. Nous vivons maintenant un tout autre type d’arrêt. Nous avions élaboré un plan de continuité d’activité, en tant que service public, qu’on a pu mettre en place il y a 3 semaines. C’est une demande de la Garde des Sceaux concernant les contentieux essentiels. L’activité au pénal comme au civil est maintenue. Nous continuons toutes les activités civiles d’urgence : référés, requêtes, toutes situations d’urgence demandant expertise, les évacuations…. Mais pour les autres types de procès, on renvoie sans date. Comme les avocats ne sont pas là, et qu’on ne sait pas combien de temps ça va durer, on ne peut pas faire de renvois contradictoires.
L’activité est au ralenti, on a peu de dossiers en référés, mais on peut tout de même saisir le président du tribunal sur requête. Concernant l’activité pénale et tout ce qui relève de la détention et de l’ordre public, le procureur est là. On nous présente les cas d’urgence. On évite le plus possible les incarcérations. Les situations graves et urgentes sont présentées au Parquet. Le plan sanitaire d’urgence qui vient d’être adopté va nous permettre de reporter tous les délais, ça va assouplir les choses. »

EJG : Comment avez-vous vécu la grève des avocats ?

Ph. D. : « Cela fait 35 ans que je suis magistrat, j’ai connu de nombreuses juridictions et je dois dire qu’à Bordeaux, les relations avec le Barreau sont très bonnes. Pour les caractériser je dirais courtoisie et loyauté. Nous sommes sur une base saine. On est globalement dans une relation de très bonne qualité. Lorsque la grève a commencé, les magistrats ont été et sont demeurés bienveillants. Ils ont souhaité éviter toute sorte de difficultés, tout s’est très bien passé dans 95 % des situations, et ils ont acté les demandes de renvoi. Mai…