Imaginer participer à une course sans se préparer, c’est ambitieux. Peut-être possible si nos capacités physiques nous le permettent. Mais courir un marathon sur des « capacités physiques » reste très ambitieux. C’est la même chose pour une prise de parole. Sans préparation, le risque de passer un mauvais moment est assuré.
La préparation d’une prise de parole, devant une assemblée, des clients, un auditoire acquis ou à convaincre, est essentielle. C’est un travail à faire idéalement plusieurs semaines en amont, d’abord à écrire, retravailler, puis à lire à haute voix. Car oui, un texte lu avec des « en effet, effectivement… » et autres mots de la langue française agréables à l’écrit, manquent de naturel à l’oral. En lisant à haute voix ses propos, on se rend compte de la fluidité de notre discours. Et en le lisant à quelqu’un d’autre, c’est encore mieux !
La première impression
Sur le fond, un discours doit être accessible à toutes et à tous. Utiliser des abréviations, un jargon d’entreprise ou des phrases trop longues dont on ne voit pas le bout, c’est s’assurer de perdre le public. Il faut aller droit au but pour avoir de l’impact. Structurer son discours pour gagner en clarté. Il est même possible – voire recommandé – de répéter des tournures de phrase. Voire de « boucler la boucle » : commencer et terminer sa prise de parole par la même phrase. Le public écoutera la deuxième fois avec une connaissance du sujet normalement bien différente.
D’ailleurs, on n’a pas deux fois la possibilité de faire une première bonne impression. Une prise de parole commence avant même d’ouvrir la bouche : la posture, le regard, l’expression du visage. Tous ces éléments participent à la réussite d’une prise de parole. Il est important de bien commencer par l’énergie qu’on renvoie, ainsi que de bien terminer. Quel est le dernier message à faire passer ? Les inviter à vous contacter, les questionner, les surprendre : terminer son intervention en beauté pour laisser une trace.
Une prise de parole commence avant même d’ouvrir la bouche
Raconter une histoire
Trop souvent, les discours sont sans vie. C’est une suite de mots téléphonés, qui pourrait être dupliquée ailleurs.
En racontant une histoire, la sienne, celle d’un client, d’un collaborateur ou autre, le discours prend vie. Des détails sont à apporter, une ambiance à recréer, une imagination à faire travailler : raconter une histoire c’est embarquer son public à ses côtés. On y met plus d’émotion (plus facile à retenir), souvent de rythme, ça peut faire sourire, rire, pleurer : l’histoire à raconter fait la différence car elle est contée par une personne, avec son regard et ses ressentis.
C’est aussi une excellente bouée de sauvetage. Qui ne craint pas le blanc ? « La tuile, j’ai oublié ce que je voulais dire ! », tétanisé, on s’arrête, on bafouille, l’attention du public est perdue et on souhaite s’évaporer. Le fait d’avoir une histoire à raconter, évidemment en lien avec le sujet, peut aider à retrouver le fil. « Je vais vous raconter ce qui m’est arrivé, ça va illustrer mon propos de la meilleure des manières », et vous déroulez l’histoire.
Une partition de musique
Une fois le fonds validé, propre, organisé, place à la forme. Car un discours très bien écrit, s’il est dit sur un ton monotone, aura un impact nul.
La monotonie endort. Que ce soit une tonalité identique tout du long, une énergie très basse voire une énergie très haute. Une personne qui parle pendant 5 minutes vite et fort a moins d’impact qu’une personne calme, posée, et qui s’assure de la bonne compréhension de ce qu’elle dit.
Nos cordes vocales sont un instrument de musique, elles sont donc à entretenir (pour des discours longs il est conseillé de se chauffer la voix avant) et à utiliser pour tendre vers une certaine mélodie. Une musique monotone ne donne pas envie d’être écoutée. Une musique avec une répétition en boucle lasse. Une musique à la tonalité très aiguë ou très grave sera difficile à écouter sur un temps long. Alors qu’une musique qui varie son rythme, surprend, emporte : celle-ci donne envie d’être écoutée. C’est un rythme à créer dès l’écriture, par des mots plus impactant que d’autres, par un texte aéré. C’est parfois une phrase ou un mot qui sera répété à plusieurs reprises dans le discours, tel le refrain d’une chanson que l’on retient plus facilement. Pour emporter son public et attirer son attention, la musicalité dans la voix aura de l’impact.
Le silence, meilleur ami d’une prise de parole
Contradictoire ? Non. Le silence est un excellent allié. Il permet de rythmer son discours. Comme sur une partition de musique : le silence peut être calé avant un moment important (je prépare l’audience à quelque chose d’important) ou après (je laisse digérer l’information que je viens de leur transmettre).
Il fait souvent peur, ce silence. Peur de perdre le fil, le lien, l’attention du public, et pourtant ! Alors on le remplit de « euh », « du coup », « donc »… Cela demande beaucoup d’attention pour accueillir ces silences et éviter de remplir avec des mots sans intérêt ces temps de pause. C’est souvent dans ces silences qu’il se passe le plus de choses. On arrive à capter les personnes qui nous écoutent.
Respire !
Pour revenir sur la course, la respiration est l’une des pierres angulaires de la réussite. Sans une respiration appropriée, on s’essouffle et perd en endurance.
Sans une respiration appropriée, on s’essouffle et perd en endurance.
Une respiration ventrale et maîtrisée (il existe des exercices de respiration pour mieux respirer par le ventre et éviter l’apnée puis le mal de crâne) facilite sa prise de parole. C’est de nouveau lié au rythme. Prendre le temps de faire son discours, sans trop courir (oui…), c’est assurer sa prise de parole. Quand on prend régulièrement la parole, il est intéressant de se pencher sur cette respiration de manière régulière notamment avec la cohérence cardiaque. Celle-ci nous invite à nous connecter au corps, à accepter les pauses, et gagner en endurance.
Le plaisir avant tout
Le discours est écrit, les répétitions sont faites, les bases sont solides : la prise de parole devient alors une partie de plaisir !
Oui, à force d’en faire, on gagne en confiance. Comme en course : la première est difficile, mais à force d’entraînements et d’ajustements, l’effort semble plus facile.
C’est aussi ça la clé d’un moment impactant : les personnes voient une oratrice ou un orateur prendre du plaisir. Personne ne veut voir quelqu’un sur scène échouer, la bienveillance règne dans ces moments-là puisqu’on préfère être assis dans le public que sur la scène !
Au fil du temps et des discours, l’exercice devient plus facile, les exemples différents et l’orateur ou l’oratrice qui est en nous prend toute la place qui est la sienne : sur scène.
Quelques conseils supplémentaires : connaître son audience, connaître le lieu, prévoir de l’eau, éviter le pupitre qui crée une barrière, éviter les slides trop chargés (le public lit avant d’écouter donc l’attention baisse), regarder son audience dans les yeux, se former à la prise de parole.
À propos
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