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Événémentiel : passer de l’éphémère au durable

CHRONIQUE DE LA COM - Communiquer, rassembler, inspirer… l’événementiel joue un rôle essentiel au sein des entreprises. Mais dans un contexte de dépassement des limites planétaires, où la sobriété s'impose, est-il encore raisonnable d’organiser des événements ? Il est impératif de repenser la manière de faire en plaçant la préservation des ressources et la responsabilité sociétale au cœur de la conception. L’événementiel responsable n’est plus une option, c’est un devoir !

Rémy AYOUB

Rémy AYOUB © Louis Piquemil - Echos Judiciaires Girondins

Avec plus de 380 000 événements organisés chaque année en France pour un total de 52 millions de participants et 65 milliards de chiffres d’affaires, le secteur de l’événementiel a retrouvé des couleurs avec, en point d’orgue, une cérémonie des JO mémorable qui aura mis en lumière l’excellence française dans le domaine. Souvent opposé aux soirées strass et paillettes, l’événementiel responsable souffre d’idées préconçues : c’est « cheap », ça prend plus de temps et ça coûte plus cher.

Pour beaucoup encore, un événement responsable, c’est du mobilier en carton et des salades de quinoa accompagnées de bâtonnets de carottes qui vous laissent sur votre faim. Il y a quelques années ça pouvait être vrai, ce n’est plus le cas. De nombreux acteurs de la filière se sont mobilisés pour offrir de nouvelles solutions de signalétique ou de décor, à la fois esthétiques et prenant en compte la circularité des ressources pour un impact réduit. De leur côté, les traiteurs ont également fait évoluer leurs cartes pour proposer des cocktails et des menus végétariens travaillés, gourmands et rassasiants. Aujourd’hui, un événement responsable peut avoir du style !

Repenser toutes les étapes

Changer ses habitudes peut, en revanche, prendre du temps. Et dans le tourbillon des impératifs du quotidien, ce n’est pas toujours évident. Pourtant, challenger vos prestataires pourra vous apporter créativité et/ou réduire certains coûts superflus. D’un autre côté, les impliquer – tout comme impliquer vos collaborateurs et vos parties prenantes – dans une démarche responsable pourra améliorer votre coopération et votre relation avec eux. Vous serez gagnants !

Enfin, certaines solutions coûtent parfois un peu plus cher. À court terme. Que ce soient vos collaborateurs, vos clients, vos prospects ou vos partenaires, 9 Français sur 10 attendent des entreprises qu’elles contribuent au bien commun et 60 % souhaitent qu’elles s’engagent pour plus de respect de l’environnement (source : L’ADN). En adoptant une politique d’achat responsable, vous répondrez positivement à ces attentes, améliorant ainsi votre image.

Rendre son événement responsable, c’est repenser toutes les étapes de la conception de l’organisation pour adopter des pratiques durables, à la fois respectueuses de l’environnement et des personnes. On parle ainsi « d’éco-socio-conception » d’un événement. S’il existe tout un panel de solutions, elles s’articulent principalement autour de quatre grands objectifs.

 

Réduire l’empreinte carbone

Vous le savez, nous devons tous rapidement et très fortement réduire les émissions de CO2 (passer de 10 tonnes à 2 tonnes par personne à l’horizon 2050). Or, à eux seuls, les déplacements et l’alimentation représentent 80 % du bilan carbone d’un événement !

Sachant cela, le choix du lieu est un poste clé pour réduire l’impact de son événement. Le lieu est-il correctement dimensionné ? Quelle est son empreinte énergétique ? Et surtout, quels sont les moyens d’y accéder ? La question de l’accessibilité est primordiale. Favoriser les trajets en train ou en transports doux, limiter les voyages aériens et encourager le covoiturage seront vos principaux leviers d’action pour réduire drastiquement les émissions de CO2 de votre événement.

L’autre poste clé est la restauration avec deux sujets importants : le régime alimentaire et le gaspillage. Privilégier une alimentation végétarienne, c’est diviser par huit l’empreinte carbone comparée à une alimentation carnée. C’est certainement l’action la plus simple, rapide, sans surcoût et avec un effet immédiat à mettre en œuvre. Veillez également à limiter le gaspillage alimentaire en dimensionnant correctement vos buffets, en donnant les restes à des associations ou en valorisant les biodéchets auprès d’acteurs spécialisés.

© Shutterstock

 

Mieux gérer les ressources

Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. Qu’il s’agisse de publicité sur lieu de vente, de kakémonos, de décors, d’impressions, de badges, d’emballages… un événement peut produire beaucoup de déchets. Mais grâce à la méthode des 5R (renoncer, réduire, réemployer, réutiliser, recycler) vous pourrez questionner l’utilité de certaines actions et donc réduire la proportion de déchets potentiels.

Ne pas proposer de goodies inutiles, limiter les supports imprimés, limiter l’utilisation de produits à usage unique, ne pas indiquer d’année sur ses décors pour pouvoir les réutiliser, penser à l’upcycling, organiser et permettre un tri sélectif durant l’événement, et bien évidemment privilégier des matériaux recyclés et/ou recyclables sont des pistes à explorer.

 

Améliorer l’inclusivité

Quand on parle d’événement responsable, on a trop souvent tendance à résumer cela aux sujets environnementaux, voire seulement au carbone. Mais l’événement responsable se doit d’aller au-delà. Idéalement, il doit également intégrer une dimension sociale en favorisant l’inclusion de tous les publics.

Aujourd’hui, 80 % des handicaps sont invisibles (vue altérée, dyslexie, surdité partielle…). Au-delà des accès PMR, il est important de penser également à la bonne lisibilité ou compréhension des contenus proposés au public, que ce soit via le choix des couleurs / typos (méthode FALC – facile à lire et à comprendre) ou la mise en place de sous-titres lors de conférences.

L’inclusivité se doit d’être aussi sociale, en veillant à proposer des tarifs abordables pour les publics défavorisés, mais aussi à garantir la diversité et la parité dans les participants et/ou intervenants. Cela ne pourra qu’enrichir les échanges et renforcer l’impact global.

Sensibiliser ses parties prenantes

Les événements sont des occasions privilégiées pour sensibiliser et accompagner les publics vers des pratiques plus responsables. Communiquer avant, pendant et après, sur ce qui a été mis en place pour écoconcevoir votre événement et proposer des activités responsables, permet à vos participants de les impliquer dans votre démarche en les invitant à changer certains comportements personnels. C’est une excellente façon d’incarner vos valeurs de manière expérientielle.

Se former et s’informer

Alors comment relever ces défis ? Tout d’abord en se formant et en s’informant. De nombreux guides et dossiers (Ademe, Unimev, Reeve, offices du tourisme, mairies…) sont accessibles gratuitement, avec de nombreux conseils et contacts, pour vous aider à organiser des événements plus responsables.

Un autre excellent moyen est la fresque de l’événementiel. Cet outil d’animation ludo-pédagogique, low tech et frugal permet de sensibiliser aux enjeux sociétaux, environnementaux et climatiques auxquels fait face l’organisation d’un événement.

Mais aussi en rencontrant et échangeant avec les prestataires. Plus que jamais, la filière événementielle est mobilisée sur ces sujets (plusieurs normes et labels ont été mis en place comme l’ISO 20121, le label Reeve du réseau Éco événement ou le Label pour les événements à ambition durable).

Surtout, il est important d’adopter une posture d’humilité et d’apprentissage. Dans une démarche d’éco-socio-conception d’un événement, il faut savoir prioriser et parfois renoncer à certaines actions. Le plus important étant de mettre en place une démarche d’amélioration continue. Personne n’est parfait et surtout pas du premier coup. Testez, comparez, mesurez, évaluez, c’est comme cela que vous progresserez et améliorerez l’impact de vos événements.

Alors, prêts à transformer la façon d’organiser vos événements ?

À propos

L’Apacom, association loi 1901, a pour objectif de promouvoir les métiers de la communication, de favoriser les échanges professionnels et de valoriser le rôle stratégique de la communication auprès des chefs d’entreprise et des décideurs de la région Nouvelle-Aquitaine. Avec plus de 500 membres adhérents qui représentent la grande diversité des métiers de la communication : communicants en entreprises, agences, collectivités, administrations, prestataires, consultants, indépendants, formateurs et enseignants, elle représente l’une des plus importantes associations de communicants de France.

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