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[ La relève ] Léna de Morgoli, My Veasytor : « Ne pas avoir peur de l’échec »

BORDEAUX · Léna de Morgoli a créé My Veasytor pendant son cursus universitaire. Il s’agit de la première plateforme de délégation de visites d’appartements dédiée aux étudiants. La start-up vient de décrocher la Bourse French Tech Tremplin.

Léna de Morgoli, visites appartements, My Veasytor

Léna de Morgoli, co-fondatrice de My Veasytor © MA Husson

Echos Judiciaires Girondins : Quelle innovation propose votre start-up ?

Léna de Morgoli : My Veasytor est une plateforme qui permet aux étudiants en recherche de logement de déléguer les visites d’appartement à un autre étudiant qui se trouve sur place. C’est difficile de déménager quand on est étudiant, ils ne sont pas accompagnés par les agences immobilières ou leurs écoles. On a voulu leur proposer une solution qui leur permette d’éviter les allers-retours. Il suffit de prendre rendez-vous via une agence immobilière. Ensuite l’étudiant ajoute les informations concernant la visite sur notre application puis il choisit parmi les « visitors » qui lui sont proposés, sur la base de leur biographie. Moins d’une heure après la visite, il reçoit un compte rendu avec des photos et vidéos de l’appartement, de l’immeuble et du quartier. L’étudiant qui réalise la visite est payé 12,50 euros, sachant que celle-ci dure environ 30 minutes. Pour le client, le tarif est fixe avec des packs d’une, trois ou cinq visites. Le premier prix est de 29 euros. La PDG de Nexity nous a proposé un partenariat test l’année dernière.

 

EJG : Racontez-nous votre histoire entrepreneuriale ?

Léna de Morgoli : Je me suis rapidement rendu compte que c’était la communication qui m’intéressait, c’est mon côté touche-à-tout. Je suis arrivée à Bordeaux pour mes études en communication marketing international à l’EFAP, où j’ai rencontré mes amies et associées Priscillia de Nazelle et Raphaëlle Bardaud-Caussade. Tout a commencé par un projet pour notre dernière année de master. On a décidé que je porterais le projet parce qu’elles souhaitaient se consacrer à d’autres études. On a rejoint un incubateur bordelais qui a pris 10 % des parts de l’entreprise. On a également lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank. C’était surtout de la « love monnaie » qui venait de nos proches, nos collègues ou nos réseaux. On a récolté 9 000 euros en un mois et nous avons pu commencer le financement de l’application. J’ai fait tous les parcours utilisateur et puis des partenariats avec des écoles de designs pour les visuels. L’entreprise bordelaise Smarting Blog s’est chargée du développement. L’application a vu le jour en juin 2022. En parallèle, je nous ai fait connaître des écoles, des publics cibles, notamment grâce aux réseaux sociaux et à la presse. Parmi nos partenaires, nous avons par exemple les écoles de commerce Kedge ou Neoma.

Léna de Morgoli, visites appartements, My Veasytor

© Shutterstock

 

EJG : À quelle étape de votre développement en êtes-vous ?

Léna de Morgoli : L’entreprise est maintenant incubée chez les Premières, à Darwin. Cet été, My Veasytor a explosé sur les réseaux sociaux, on est passé au journal de 20 h.

Beaucoup d’opportunités en ont découlé et un peu dans tous les sens… Aujourd’hui, l’enjeu est de ne pas s’éparpiller. C’est le moment de dire au revoir aux bribes de mon projet étudiant pour devenir une entreprise solide. Je veux confirmer notre service sur une cible et un territoire pour ensuite pouvoir le dupliquer. Mes associées ne sont plus opérationnelles et j’ai besoin d’une équipe qui m’accompagne. Cela passe par la recherche d’associés et de salariés. Je recherche aussi des financements, il faut au moins 200 000 euros pour continuer le développement. On arrive à générer du chiffre d’affaires et on a réussi à être rentable durant les mois de l’été. Mais je ne me rémunère pas encore. Aujourd’hui, on est presque à 10 500 utilisateurs, alors qu’on en comptait 2 500 avant cet été. Je viens de décrocher la Bourse French Tech Tremplin « Incubation », en partenariat avec l’État et Bpifrance. Je suis très reconnaissante d’avoir été sélectionnée, c’est un vrai tremplin pour continuer mon chemin.

 

EJG : Comment envisagez-vous les trois prochaines années pour votre start-up et vous ?

Léna de Morgoli : Je vois My Veasytor sur plusieurs cibles en France. On sait tous qu’il n’y a pas que les étudiants qui changent de ville ou qui ont besoin de revenus complémentaires. J’aimerais ouvrir tout doucement l’application pour les familles, salariés et même les personnes âgées. Il faudrait aussi qu’on soit implanté dans au moins trois à cinq pays étrangers. Pas mal de pays me contactent déjà, que ce soit des pays francophones ou dans le cadre du programme Erasmus. J’espère aussi être entourée d’une super équipe et dans des bureaux. Sans oublier la satisfaction de savoir qu’on a aidé des milliers de personnes avec l’application. ■

 

VOTRE PLUS GRAND OBSTACLE VS VOTRE PLUS GRANDE RÉUSSITE

Léna de Morgoli : J’ai rencontré pas mal d’obstacles, mais celui qui me vient en tête, c’est lorsque j’ai réalisé l’application toute seule. Cela a été très long et c’est devenu une prise de tête. Je me suis sentie perdue. Une de mes plus grandes fiertés, c’est mon état d’esprit général. J’ai tendance à ne pas écouter mes peurs et à foncer, ce qui m’a permis de décrocher de belles opportunités. Le fait de ne pas avoir peur de l’échec m’a ouvert des portes. Par exemple, le jour où j’ai démarché Mayotte, j’étais en réalité serveuse. Je travaillais pour un événement où le président des experts-comptables de Mayotte, Djoumoi Ramia, était présent. Je me suis dit « c’est maintenant ou jamais » et je suis allée pitcher avec mon plateau et ma tenue de serveuse. Il a tout de suite saisi la problématique, et nous avons signé un partenariat.