Lors de mon dernier passage au salon Millésime Bio à Montpellier, j’ai senti poindre un net retour en grâce du cépage piquepoul. Longtemps cantonné au rôle de vin de soif, compagnon des moules marinières ou des huîtres servies aux touristes de passage à Sète ou des bords de l’étang de Thau, il ne brillait guère. Mais à l’aune du réchauffement climatique et d’une quête grandissante pour des cépages frais et aromatiques, le piquepoul a une carte à jouer. Une nouvelle dégustation avec Anaïs Ricome m’a convaincu que le domaine de la Croix Gratiot, à la pointe sur ce cépage, méritait amplement un entretien pour en savoir plus sur le potentiel de ce cépage.
Le cépage piquepoul est intimement lié à l’appellation Picpoul de Pinet, seul terroir délimité à l’utiliser exclusivement. C’est là, entre les collines du Languedoc et l’étang de Thau, que s’étendent les vignes du domaine de la Croix Gratiot. Aux commandes : un père et sa fille, Anaïs Ricome, vigneronne intuitive et pleine d’une douce détermination.
Retour en grâce
La Croix Gratiot produit plusieurs cépages, mais le piquepoul blanc reste le cœur battant de l’exploitation, avec 70 % de l’encépagement. Cépage longtemps jugé rustique, il connaît depuis quelques années, comme le muscadet (ils avaient un peu les mêmes fonctions), un spectaculaire retour en grâce. Et Anaïs y est pour beaucoup. Elle en propose trois interprétations, tirées de deux grands terroirs de l’appellation Picpoul de Pinet. Le premier, calcaire, donne des vins droits et salins. Le second, plus argilo-sableux, offre un fruité plus solaire, plus tendre.
C’est justement dans la compréhension fine de ces terroirs qu’Anaïs Ricome a mis son énergie. « Depuis mon arrivée, j’ai cherché à donner au piquepoul u…
