Couverture du journal du 20/05/2025 Le nouveau magazine

Préserver le patrimoine agricole, notre responsabilité sociale

TRIBUNE - La colère des agriculteurs qui a secoué l’Hexagone ces dernières semaines a crûment révélé l’urgence de garantir un avenir durable à l’agriculture française. La question de l’aménagement foncier est centrale afin d’accompagner les nombreuses transitions auxquelles le secteur doit faire face.

Vincent MAYMO, professeur des universités, IAE Bordeaux

Vincent MAYMO, professeur des universités, IAE Bordeaux © Louis Piquemil - Echos judiciaires Girondins

Dans sa deuxième note d’ouverture de 2020, François Bayrou, haut-commissaire au Plan positionnait l’agriculture comme la priorité stratégique de la France avec l’agroalimentaire et la santé. Au-delà de son rang de premier pays agricole en Europe, avec ses 16 % de la surface agricole utile européenne, il en va d’une identité agricole décrite au siècle dernier par un Roger Dion ou un Fernand Braudel. François Bayrou y soulignait aussi les tensions pesant sur le secteur agroalimentaire français, situé en troisième position des exportations de biens agricoles de la zone euro derrière les Pays-Bas et l’Allemagne. Une telle priorité lui vaut d’ailleurs un ministère dédié dont l’intitulé a évolué pour intégrer l’enjeu de souveraineté alimentaire, car l’objectif est bien de répondre à ce besoin fondamental.

Rétablir une forme de justice sociale

L’actualité est venue rappeler notre pays à sa responsabilité agricole et alimentaire en questionnant bruyamment les évolutions d’un secteur nourricier et pourtant délaissé. Ce détail n’aura échappé à personne, ce petit pourcentage des Français qui est en charge de nos estomacs est sorti dans la rue, a bloqué des ronds-points et des entrées de ville. Pourrait-on lui reprocher ce zèle vindicatif ? Jusqu’à 82 % des Français soutiennent ce mouvement et reconnaissent l’urgence de la situation quand on sait qu’un suicide d’agriculteur est recensé en France tous les deux jours et que les agriculteurs exploitants gagnent en moyenne moins de 1 000 euros par mois sur leur exploitation tout en travaillant 53 heures par semaine. Encore faut-il avec cela attirer des jeunes sur un métier exigeant à tous points de vue. On se souvient combien la France se nourrit de ses campagnes, combien ces hommes engagés au cœur des territoires en constituent la force vitale.

Dans ces conditions, l’aménagement du territoire et de ses espaces agricoles est, plus que jamais, un levier de rétablissement d’une forme de justice sociale. Il serait ce vecteur de la compétitivité et de transformation du secteur agricole orienté vers la durabilité et la responsabilité. Autour des Safer, les sociétés d’Aménagement foncier et des espaces ruraux, les acteurs du territoire travaillent de concert à cette rénovation des espaces. Qu’il s’agisse d’optimiser l’utilisation des ressources et des compétences, de tenir compte des changements climatiques ou de l’accès à l’eau, de trouver des solutions d’aménagements au service des grandes infrastructures comme de basculer vers une agriculture plus respectueuse de la vie, les défis de l’aménagement sont nombreux.

Le revenu, condition d’attractivité

« Le revenu, c’est la condition d’attractivité du métier », précisait Bruno Le Maire, ministre de l’Économie au salon de l’agriculture de mars 2023. Et pour cause ! La paupérisa…

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