Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

La vie en rosé

Avec l'été, les rayons du soleil, les barbecues, l'envie nous gagne d'un bon « p'tit coup de rosé », fruité, facile et rafraîchissant. Derrière cette expression, l'idée que le rosé ne serait pas un vin sérieux ! D'ailleurs les linéaires de supermarché proposent des rosés-pamplemousse ou certains bars « branchés » des rosés-piscine. Bref, le vin rosé ne mériterait pas notre attention. J'ai le souvenir d'une discussion avec Geneviève Gualtieri du domaine du Pas du Cerf en Provence. Elle me racontait qu'il y a encore 20 ans, son père se battait auprès des acheteurs et importateurs, pour imposer au moins une caisse de rosé sur une palette. Peu de monde s'intéressait au vin rosé à l'époque. Le rosé, c'était bon pour les deux mois d'été, et puis fin de saison.

Aujourd’hui, la Provence produit 86 % de vins rosés ! Elle exporte autant qu’elle peut, sans réussir à répondre à la demande mondiale. La Provence change de couleur. La Loire a augmenté sa production de 97 % en 10 ans. Aux portes de Toulouse, l’appellation Fronton opère une augmentation considérable de sa production de vins rosés (la négrette, cépage local se prêtant bien à cette couleur). Ce n’est toujours pas suffisant ! Pour assouvir l’avidité des Français pour le rosé, la France est obligée d’importer des rosés italiens et espagnols (surtout des entrées de gamme). 

L’an passé en France, 30 % des vins achetés ont été des vins rosés ! Et plus seulement l’été ! Qu’arrive-t-il aux Français ? Eux, considérés comme les experts du vin se seraient-ils convertis à ce vin « qui n’en serait pas un » ? Considéré longtemps comme un effet de mode, il a fallu se rendre à l’évidence. Le rosé s’est imposé partout, les Américains notamment en raffolent, et plus seulement à petits prix.  L’histoire de Sacha Lichine (ex-propriétaire du Château Prieuré-Lichine, cru classé de Margaux) en son Château d’Esclans est symbolique. Parti de 140 000 bouteilles en 2006, il produit aujourd’hui plus de 2,5 millions de bouteilles. Mieux encore ! Il élabore la cuvée Garrus, un rosé haut-de-gamme, 100 euros la bouteille, en rupture de stock chaque année. Un coup de génie ! 

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