Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Experts-Comptables : Un président sur le terrain, avec Mikaël Hugonnet

Dans cette période difficile, les experts-comptables tentent d’assurer du mieux qu’ils le peuvent leurs missions aux côtés des entreprises. C’est ce que rappelle Mikaël Hugonnet, président de l’Ordre des Experts-Comptables de Nouvelle-Aquitaine. Face à l’incertitude et la lassitude des dirigeants, cet expert-comptable et commissaire aux comptes exerçant à Parthenay (79) appelle le gouvernement à des mesures structurelles d’accompagnement de l’économie.

Mikaël Hugonnet

Mikaël Hugonnet expert-comptable, commissaire aux comptes et expert judiciaire, exerce à Parthenay dans les Deux-Sèvres, dont il est originaire. Il est à la tête, depuis 20 ans, du cabinet Hugonnet Menard, regroupant 25 collaborateurs. Ancien président de l’Ordre des Experts-Comptables de Poitou- Charentes-Vendée de 2016 à 2020, il a été élu le 23 novembre président de l’Ordre pour la région Nouvelle-Aquitaine © Atelier Gallien

Échos Judiciaires Girondins : Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir représenter votre profession 

Mikaël Hugonnet : « Je pourrais comparer l’investissement institutionnel à celui que l’on peut avoir en politique. Il y a une notion de servir le collectif. Il s’agit d’agir au service de la collectivité, de nos confrères, et par ricochet de nos clients. Quand on valorise notre profession, on contribue aussi à développer le service auprès de nos clients. Et si on élargit, on participe au soutien de l’économie. Car notre profession intervient aussi bien au niveau local, pour faire passer des messages aux élus, qu’au national auprès des ministères. Il y a donc une volonté au sens large de servir le collectif, et le monde de l’entreprise. »

 

EJG : Vous représentez une très grande région, la Nouvelle-Aquitaine, avec 12 départements et 700 experts comptables. Comment vous organisez-vous ?

M. H. : « Nous sommes 36 élus au niveau de l’Ordre, répartis sur les trois sites de Bordeaux, Niort et Limoges. Cela représente 25 salariés, donc une grosse institution avec des compétences en interne, à la différence des petites structures, là on a des salariés et des élus sur des sujets bien spécifiques, ce qui permet de bien répartir les tâches. En ce moment le contexte est particulier, avec le couvre-feu, mais c’est important d’aller à la rencontre des experts-comptables locaux. »

 

EJG : Ça fait partie des défis de votre mandature ?

M. H. : « Ce n’est pas un défi parce qu’on a bien préparé tout ça sur les quatre dernières années, au sein des trois régions, avec Alexandre Salas-Gordo, David Devautour, qui était président de Limoges et nos équipes. On s’entendait très bien. On a mis en place des groupes de travail sur l’organisation future. C’est accepté par tout le monde, ce n’est pas subi, il n’y a pas l’ogre bordelais. »

On travaille vraiment en symbiose entre les élus bordelais, girondins et les autres. C’est une chose dont on est fier. On a appris à se connaître entre élus et avec les salariés. Par contre, il y a une nécessité de continuer à entretenir cette symbiose, et d’être présent sur les territoires. C’est pour ça qu’on a créé dans notre organigramme sur cette mandature un poste de vice-président en charge de la coordination territoriale, ça n’existait pas auparavant. Ça démontre la volonté du bureau d’entretenir et d’enrichir cette coordination territoriale pour faire vivre tout le territoire et que certains ne se sentent pas délaissés. C’est Delphine Sabatey, qui exerce à Pessac, qui occupe cette fonction indispensable. Et on a des vice-présidents délégués en Poitou-Charentes et à Limoges, pour avoir un élu référent sur les anciennes régions, en lien avec le bureau et le territoire. Le symbole, c’est que la vice-présidente est Bordelaise, mais pas le président. C’est aussi un signe d’ouverture. »

Valoriser notre profession, c’est développer nos services auprès de nos clients et participer au soutien de l’économie

Ordre des Experts-Comptables

© D. R.

EJG : Quels sont les grands axes de votre mandature ?

M. H. : « Le premier c’est le service aux confrères, assurer un service de qualité, pour tout ce qui est formation. Nous avons un organisme qui est propre à notre profession, qui propose des formations sur les nouvelles technologies, le management, les ressources humaines, le digital, il y a vraiment une volonté d’être toujours à la pointe.

On un sujet clé qui va nous occuper dans les années qui viennent, c’est la facture électronique. C’est une obligation à partir de 2023 pour certaines entreprises, et 2025 pour toutes. Logiquement, à partir de cette date, toute entreprise, y compris l’artisan qui est tout seul, devra faire une facturation électronique. Derrière l’image, il y a les coordonnées, de l’émetteur, du client et toutes les données telles que les prix totaux hors taxes, la TVA, les coordonnées bancaires des uns et des autres. C’est ce fichier qu’aujourd’hui, dans les cabinets, on saisit encore manuellement. Demain, on traitera ces fichiers-là. Il y a la possibilité que le client paie en lien direct car toutes les données sont incorporées dans un fichier informatique. Et nous, notre job, c’est de pouvoir traiter de telles données, et de sortir des analyses précises, pointues. C’est un axe fort au niveau national de la profession, la data, de pouvoir extraire de nos outils comptables des analyses diversifiées, beaucoup plus pertinentes et plus rapides. Des contraintes naissent toujours des opportunités, on l’a vu avec le confinement, l’utilisation de signature électronique a été multipliée par 10. Pour l’accompagnement des chefs d’entreprise, la dématérialisation est vraiment un plus. On a basculé collectivement dans une autre dimension. Le 3e axe, c’est de continuer à accroître notre notoriété, notre présence, et la reconnaissance de notre écosystème économique. C’est de continuer d’être présents auprès des chefs d’entreprises et des institutionnels. Il y a une petite particularité sur la région Nouvelle-Aquitaine, c’est l’institut Sofos, créé l’an dernier. C’est un « Think tank » qui a pour mission de participer au débat d’idées pour la compétitivité de l’économie. Il y a une volonté de développer une communication vers les parlementaires et les élus. Au-delà des actes de la mandature, il y a maintenant les axes prioritaires pour l’année, comme le plan de relance économique. Ça nous permet de porter des propositions. C’est la seule région qui a son « think tank », son organe de réflexion. »

 

EJG : Comment se porte la profession ?

M. H : « La profession se porte bien, on ne manque pas de travail. D’ailleurs, on fait partie des métiers en tension. Le développement de nos missions et de notre champ d’intervention fait qu’on cherche de nouvelles compétences. Mais c’est compliqué car tous les jours, on absorbe le moral des clients qui ne vont pas trop bien. Mais notre rôle est de garder la tête froide par rapport à tout ça. Tous ces problèmes, il faut les absorber, les traiter, les évacuer. Ça, c’est notre job. On les traite de manière technique, et humaine quand même. Le moral n’est pas impacté mais on est comme tout le monde. L’incertitude est la même. Qu’est ce qui se passe demain ? Confinement pas confinement ? Qu’est ce qui se passe dans un mois ? Qu’est ce qui se passe dans 3 – 6 mois ? Je n’en sais rien. Donc, il y a un fort sentiment d’inquiétude comme tout le monde. Mais il n’y a pas de catastrophisme. »

Nous avons bien préparé la fusion des 3 régions. C’est bien accepté, pas subi. Il n’y a pas l’ogre bordelais

Ordre des Experts-Comptables

© Shutterstock

 

EJG : Comment avez-vous traversé la crise ? Vous avez dû faire preuve d’adaptation face à une situation totalement inattendue…

M. H : « Toute la profession, et là je salue l’ensemble des salariés des cabinets d’expert-comptables, se sont montrés totalement dévoués à leurs clients. Ils se sont retrouvés en première ligne au niveau économique. Ils ont été hyper réactifs, hyper pros, pour répondre aux clients, les rassurer. Les demandes d’activité partielle ont été multipliées par 100, l’administration n’était pas prête, et ce n’est pas une critique. Et parfois, il a fallu attendre plusieurs jours, trois semaines, un mois pour avoir un retour sur les demandes d’indemnisation. Il a fallu énormément rassurer, faire le lien, tout ça en télétravail. Notre profession a fait preuve d’une belle stabilité. Ça a été psychologiquement très dur, avant l’été tout le monde était épuisé. Cette 2e vague on la vit mieux, il y a plus l’effet de surprise, d’inconnu. On s’est retrouvé à nouveau dans une situation très désagréable, très inquiétante, mais déjà vécue. Là, je dirais qu’on arrive fin janvier, on est comme tout le monde, il y a une forme de lassitude de subir ces contraintes sanitaires, professionnelles, les visio, le télétravail. On arrive à accompagner nos clients de la meilleure façon qui soit. »

Nous sommes la seule région à proposer, avec l’institut Sofos, un think tank dédié à la compétitivité de notre économie

EJG : Quel regard portez-vous sur les mesures économiques mises en place par le gouvernement ?

M. H. : « C’est un soutien artificiel, mais qui était nécessaire. Globalement, sur le panel des mesures qu’on a pu avoir : les reports ou exonérations de charges sociales et fiscales, le fonds de solidarité, l’activité partielle, les PGE, les mesures prises par les régions, les collectivités locales, je pense que l’État, la nation ont collectivement été au niveau et apporté la bonne réponse. Ce qui est compliqué c’est que les textes changent quasiment tous les jours. Ça veut dire aussi que l’administration enrichit le texte en fonction des remontées du terrain. Malgré toutes ces contraintes et ces difficultés, je salue les mesures. Le panel a répondu à l’urgence et la soudaineté de la situation et aux besoins des entreprises. La meilleure preuve est qu’il n’y a jamais eu si peu de procédures collectives. Les mesures semblent avoir permis de soutenir la trésorerie des entreprises. Mais en même temps, on repousse. Mais qu’est-ce qu’on pouvait faire d’autre ? Ce sont des réponses conjoncturelles et non structurelles. Ça fonctionne bien. Mais là, on subit depuis neuf mois et l’on peut voir chez certains une forme de lassitude. Comme les entreprises étaient un peu en tension, chez certains, au-delà de l’aspect économique, il y a aussi le moral, l’humain, ça commence à peser lourd. Il va y avoir forcément des dépôts de bilans. Le sujet qui nous interpelle aujourd’hui, c’est le remboursement du PGE. Pour notre profession, c’est le point d’alerte, ainsi que les remboursements des reports d’échéances. Ce que l’on appelle le mur de la dette. Si on nous demande de rembourser trop rapidement, les entreprises ne pourront pas faire face. Notre position au niveau de la profession c’est demander des délais, plutôt très longs. Il faudra des mesures d’accompagnement sur du moyen ou long terme, autrement, ça ne passera pas. »

 

EJG : Quels sont les temps forts de l’année 2021 ?

M. H : « Le moment fort de l’année c’est évidemment le congrès des experts-comptables prévu à Bordeaux du 6 au 8 octobre. C’est toujours un moment très fort puisque toute la profession, au niveau national, se retrouve pendant trois jours sur un site. Ça représente 7 à 8 000 personnes. Mardi 26 janvier, nous avons eu la présentation de la loi de finances pour toute la profession. On a organisé un plateau télé à l’Ordre, avec un webinaire, des ateliers, c’est important parce que c’est très technique. C’est ce qui nous permet d’apporter aussi les meilleurs conseils à nos clients. Le 2e temps fort, le 18 juin, on doit faire notre assemblée générale régionale, la première pour la Nouvelle-Aquitaine, à Saint-Émilion. Fin août, du 26 au 28, il y aura le challenge voile des experts-comptables à La Rochelle pour sa 30e édition. C’est plutôt convivial et ça réunit 500 personnes, d’autant plus qu’on organise en même temps les universités d’été.

Là, on aborde des thématiques pas spécialement techniques, on est sur des formations qui peuvent être le développement personnel, des thématiques philosophiques, des sciences humaines. Voilà les 4 temps forts qui rythment notre année. »

LE NOUVEAU BUREAU

NICOLAS DIOT, Vice-Président du pôle services aux confrères
CHRISTOPHE LAFOND, Vice-Président du pôle réglementaire
DELPHINE SABATEY, Vice-Présidente du pôle coordination territoriale
OLIVIER THIEBAUT, Vice-Président du pôle communication
MAGALI CHIFFRE, Vice-Présidente déléguée, pour la représentation territoriale de Limoges
VANESSA LEFEVRE, Vice-Présidente déléguée, pour la représentation territoriale de Niort
MYRIAM JARNIGON, Trésorière

 

CHIFFRES NOUVELLE-AQUITAINE

Plus de 1 700 experts-comptables400 experts-comptables stagiaires et près de 12 000 salariés au sein de ses cabinets.

36 ÉLUS

Les dernières élections professionnelles de l’Ordre des Experts-Comptables de novembre dernier ont marqué la mise en œuvre de la réforme territoriale. Les anciens Conseils de l’Ordre des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes sont dissous au profit d’un nouveau conseil regroupant les 12 départements de la région administrative Nouvelle-Aquitaine (Charente, Charente-Maritime, Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Dordogne, Gironde, Haute-Vienne, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Vienne). La première session s’est tenue le 8 décembre. À cette occasion, les 36 nouveaux élus ont pris officiellement leurs fonctions :

BÉNÉDICTE APPARAILLY, exerçant à Niort (79)
MYLÈNE BACCHI, exerçant à Bergerac (24)
GUILLAUME BERTRAND, exerçant à Bordeaux (33)
BENOÎT BOBIS, exerçant à Périgueux (24)
PHILIPPE BORDERE, exerçant à Limoges (87)
MÉLINA BOUYE, exerçant à Fumel (47)
DIDIER BOYE, exerçant à Chauray (79)
MATTHIEU CABRAL, exerçant à Guéret (23)
SANDRINE CALANDRE, exerçant à Angoulême (16)
MAGALI CHIFFRE, exerçant à Le-Palais-sur-Vienne (87)
PASCAL COMBEAU, exerçant à Bayonne (64)
GILLES DAURIAC, exerçant à Artigues-près-Bordeaux (33)
AURÉLIEN DESROCHES, exerçant à La Rochelle (17)
NICOLAS DIOT, exerçant à Saint-André-de Cubzac (33)
CÉLINE DUMALET, exerçant à Mérignac (33)
THOMAS FONDEVILA, exerçant à Bordeaux (33)
LOUIS-ARNAUD FOUGERE, exerçant à La Rochelle (17)
MATHIEU GALIBERT, exerçant à Dax (40)
MIKAËL HUGONNET, exerçant à Parthenay (79)
MYRIAM JARNIGON, exerçant à Mérignac (33)
NICOLAS JARRY, exerçant à Saint-Benoît (86)
ANGÉLIQUE JOGUET, exerçant à Périgny (17)
CHRISTOPHE LAFOND, exerçant à Bergerac (24)
MAGALIE LAVOUTE, exerçant à Guéret (23)
VANESSA LEFEVRE, exerçant à Poitiers (86)
DELPHINE MAZAT, exerçant à Cenon (33)
LAURENCE MAZURIE, exerçant à Seilhac (19)
EMILIE METGE, exerçant à Agen (47)
FRANÇOIS POLYCARPE, exerçant à Villeneuve-sur-Lot (47)
ARNAUD PRINCE, exerçant à Morlaas (64)
DELPHINE SABATEY, exerçant à Pessac (33)
PHILIPPE SERRE, exerçant à Marcheprime (33)
OLIVIER THIEBAUT, exerçant à Artigues-près-Bordeaux (33)
MONIQUE TREMOULET, exerçant à Cenon (33)
AXELLE TROCHU, exerçant à Gujan-Mestras (33)
CÉLINE WANGERMEZ, exerçant à Mérignac (33)

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