Échos Judiciaires Girondins : À la fois première femme directrice, et de surcroît non magistrate, est-ce que votre nomination à l’ENM en 2020 a été une surprise ? Avez-vous hésité à accepter ce poste stratégique ?
Nathalie Roret : « Étonnée ? Oui et non. Disons que ça a été une décision inattendue, que je n’avais pas sollicitée. Mais je n’ai pas été surprise car je savais que c’était un désir pour les magistrats de développer le savoir être ensemble et j’avais déjà beaucoup travaillé là-dessus. J’ai tout de suite adhéré, même si j’ai dû réfléchir avant d’accepter car c’est véritablement une mission. Incontestablement, on a travaillé à l’amélioration des relations interprofessionnelles. »
EJG : Vous déclariez à votre arrivée vouloir améliorer les relations entre les professions d’avocat, de magistrat et aussi de greffier, atteignez-vous votre objectif ?
N.R. : « On y a travaillé et réfléchi. Au-delà des symboles, nommer un profil comme le mien à la tête de l’ENM, et en miroir, un magistrat, Gilles Accomando, à la tête de l’école de la formation du barreau, qui est l’école qui forme le plus d’avocats par an. On travaille beaucoup ensemble. On arrive maintenant à des projets de loi d’orientation ou organique, et également à des décrets, dans l’idée d’améliorer le relationnel au sein de la communauté judiciaire. »

Le bâtiment de l’ENM, dans le centre-ville de Bordeaux ©artiste associe photographes Bordeaux
EJG : Quels ont été vos premiers chantiers et défis ?
N.R. : « La première chose que j’ai faite a été de me questionner : qu’est-ce que je peux apporter à cette école ? J’ai imaginé que la meilleure méthode était de passer par une réflexion collective. On a donc proposé un questionnaire à l’ensemble de la communauté ENM, et même au-delà à des partenaires de justice et des magistrats en juridiction. Comment doit se projeter le juge dans le futur proche ? Comment voyez-vous les nécessités d’adaptation et d’évolution de la formation ? Il fallait que j’arrive à garder tout ce que cette école a d’excellent puisqu’elle est hautement appréciée, et même enviée par l’avocature. Mais elle doit aussi répondre à des critiques plus larges qui ne sont pas propres à la seule formation des magistrats : trop fermée et refermée sur elle-même. Il fallait améliorer cette image. Ce questionnement large, qui nous a occupé toute l’année 2021, a abouti à des recommandations. Nous avons travaillé utilement car ces réflexions se sont retrouvées dans celles des États généraux de la Justice et maintenant dans les évolutions textuelles et dans les projets de loi qui vont être soumis au Parlement. »
Nous avons proposé de professionnaliser l’enseignement à l’ENM, tout en conservant le critère de la formation par les pairs
EJG : Quels sont vos principales propositions ?
N.R. : « Principalement professionnaliser l’enseignement à l’ENM, tout en conservant le critè…